Des mots d’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et la Santé, dont dépend la réforme des retraites, le député Laurent Pietraszewski sera le « digne héritier » de Jean-Paul Delevoye. Il succède au haut-commissaire, emporté par dix jours de révélations et de scandales sur ses fonctions et rémunérations annexes à son poste ministériel. Le député La République en marche du Nord, ancien responsable des ressources humaines du groupe Auchan, est devenu ce mercredi le nouveau monsieur retraites du gouvernement.
Au lendemain d’une nouvelle mobilisation nationale encore très suivie, le haut-commissaire démissionnaire Jean-Paul Delevoye estime qu’il « n’y aura pas de rupture » dans la gestion de la réforme. Laurent Pietraszewski « maîtrise le dossier ». Ce macroniste de la première heure était depuis plus d’un an l’un des 38 ambassadeurs déployés sur le terrain pour expliquer le projet du gouvernement et être à l’écoute des citoyens. Il était même le coordinateur de cette équipe de parlementaires.
Après « 200 réunions » sur le terrain, grâce à sa connaissance des enjeux, comme des aspects techniques, Jean-Paul Delevoye estime que sa succession est assurée. D’autant que le député connaît, selon lui, la « réaction des citoyens sur le terrain ». L’ancien haut-commissaire a salué ces anciennes rencontres qui ont jalonné la préparation de la réforme – essentielles pour « stabiliser une République qui vit des spasmes émotionnels – mais aussi le rôle des partenaires sociaux, dont il a salué « la clarté » des positions ».
« L’idée d’une continuité »
À l’heure où la contestation contre le projet du gouvernement reste vive dans l’opinion, Jean-Paul Delevoye a plus que jamais insisté sur le besoin d’avoir des corps intermédiaires et un dialogue social approfondi. « On ne pourra accompagner les changements compliqués auquel nous allons tous les uns et les autres être confrontés qu’avec la participation des citoyens, la participation des partenaires sociaux. Car sans régulation politique et régulation sociale, c’est à ce moment-là la rue qui s’exprime et c’est quelque chose d’extrêmement préoccupant et qui peut mettre en fragilité la totalité de notre démocratie. »
Laurent Pietraszewski, propulsé secrétaire d’État, et non haut-commissaire, a mesuré sa « grande responsabilité » de succéder à Jean-Paul Delevoye, pour préparer le futur système universel de retraites, « pièce essentielle du projet de protection sociale du XXIe siècle ». Le nouveau membre du gouvernement entrera rapidement dans le vif du sujet. Conseil des ministres en fin de matinée. Et surtout, une série de consultations avec l’ensemble des responsables syndicaux et patronaux, jusqu’à jeudi. « Derrière une passation, il y a l’idée d’une continuité. Elle est indispensable pour continuer le dialogue social, auquel je crois, auquel je suis profondément attaché. »
« Éviter un schéma mortifère » à Noël
Les prochaines heures seront cruciales, pour tenter de nouer un compromis avec des syndicats échaudés par la présentation du projet, CFDT en tête. Laurent Pietraszewski leur a assuré de son « entière disponibilité », et précisé qu’il fera preuve d’ « empathie » et de « détermination » dans son action.
À une semaine des fêtes, Jean-Paul Delevoye a également fait un vœu. « J’espère que vous allez trouver pour nos concitoyens une trêve de Noël qui peut éviter un schéma mortifère ».