Retraites : « Plus le blocage sera fort les premiers jours, plus le gouvernement n’aura d’autre choix que de reculer », martèle Manuel Bompard
Invité de notre matinale, Manuel Bompard est revenu sur la mobilisation du 7 mars prochain. Le coordinateur de la France Insoumise veut croire qu’un mouvement social qui « frappe fort » d’entrée de jeu pourra faire tomber la réforme des retraites. En faisant « la sourde oreille », Emmanuel Macron n’aurait pas laissé le choix aux organisations syndicales.

Retraites : « Plus le blocage sera fort les premiers jours, plus le gouvernement n’aura d’autre choix que de reculer », martèle Manuel Bompard

Invité de notre matinale, Manuel Bompard est revenu sur la mobilisation du 7 mars prochain. Le coordinateur de la France Insoumise veut croire qu’un mouvement social qui « frappe fort » d’entrée de jeu pourra faire tomber la réforme des retraites. En faisant « la sourde oreille », Emmanuel Macron n’aurait pas laissé le choix aux organisations syndicales.
Louis Mollier-Sabet

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Alors que l’échéance de la mobilisation du 7 mars se profile, Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, soutient la volonté des organisations syndicales de « mettre le pays à l’arrêt » dans deux semaines, selon l’expression de l’intersyndicale. « Il y a eu dans ce pays depuis plusieurs semaines des manifestations historiques. Cela faisait 30 ans qu’on n’avait pas vu ça. Vous avez un gouvernement qui fait la sourde oreille. À partir de ce moment-là vous ne pouvez pas reprocher aux organisations syndicales de dire que, si on ne les écoute pas quand ils manifestent, y compris le samedi, sans rentrer dans des grèves reconductibles, ils vont passer à la vitesse supérieure. »

« Il faut y aller un bon coup pour qu’Emmanuel Macron comprenne qu’il est dans un bras de fer qu’il va perdre »

Pour le député LFI, la balle est dans le camp du gouvernement. Manuel Bompard ne croit en effet pas que les Français se désolidariseront du mouvement social si celui-ci en vient à « bloquer le pays » : « J’observe que quand on interroge les Français là-dessus, 60 % pensent que si c’est la seule solution, ils en sont d’accord. Je souhaite que, s’il y a blocage, cela dure le moins longtemps possible, mais la réponse ne m’appartient pas, elle appartiendra au gouvernement. »

À cet égard, le député des Bouches-du-Rhône estime que la mobilisation devra frapper fort d’entrée pour l’emporter : « Plus le blocage sera fort les premiers jours, plus le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de reculer. Il faut y aller un bon coup pour qu’Emmanuel Macron comprenne qu’il est dans un bras de fer qu’il va perdre. »

« Ce n’est pas parce qu’il y a une majorité à l’Assemblée ou au Sénat qu’un projet de loi est légitime »

Alors que le Président s’est appuyé sur le « bon sens » des Français, depuis Rungis ce mardi, pour accepter qu’il faut « travailler plus longtemps », Manuel Bompard en appelle « à son bon sens à lui » : « Le bon sens des Français est assez clair, vous avez 93 % des actifs qui sont opposés à cette réforme, vous avez autour de 70-80 % des Français opposés à cette réforme, le bon sens, c’est d’écouter. Quand on est tout seul, qu’on a quasiment tous les gens qui travaillent contre soi, l’ensemble des organisations syndicales contre soi, il faut écouter. Il vaut mieux reculer et ne pas mettre le pays en difficulté. Pour l’instant Emmanuel Macron n’est pas raisonnable. Bloquer le pays, c’est la seule solution. »

C’est aussi, pour le député LFI, l’occasion d’interroger la démocratie représentative : « Sur la question des retraites, les rapports de force dans nos institutions ne correspondent pas aux rapports de force qui existent dans la société. Il y a donc un conflit entre deux légitimités. La démocratie sociale ça existe, le droit de manifester et de grève aussi et ce n’est pas parce qu’il y a une majorité à l’Assemblée ou au Sénat, qu’un projet de loi est légitime, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. » Manuel Bompard précise que cela n’implique pas une remise en cause du principe de la démocratie représentative : « Ça a toujours existé, la légitimité de la rue par rapport à la légitimité de l’institution ce n’est pas nouveau. Dire ça, ce n’est pas mettre un terme à la démocratie représentative, c’est dire que la démocratie, il faut aussi l’adapter avec soin. »

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