« Il y a deux leçons à tirer de la crise déclenchée par les retraites : dans notre pays la majorité relative signifie pas de majorité du tout. Deuxièmement, sans LR rien ne peut se faire, ce qui donne une responsabilité bien particulière à ma famille politique. » Ce mercredi 12 avril, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Brice Hortefeux a fait montre d’une certaine jubilation devant une situation politique qui replace son parti, malgré les revers électoraux successifs, au centre du jeu.
L’idée d’un élargissement de la majorité présidentielle à droite refait surface, alors que la crise politique déclenchée par la réforme des retraites reste sans issue. L’hypothèse d’une nomination de Gérard Larcher, le président du Sénat, à Matignon, circule dans les rangs des Républicains, ce qui acterait le rapprochement de LR et du camp présidentiel. Dans les colonnes du Monde, l’intéressé a fait savoir qu’il était seulement candidat à sa réélection comme sénateur des Yvelines, pour autant, une tribune publiée lundi par Le Figaro et signée par plusieurs responsables LR, dont Philippe Juvin, appelle à la nomination d’un premier ministre LR.
« Les ralliements ont souvent un côté assez misérable »
« Je pense qu’Emmanuel Macron a loupé le coche », commente Brice Hortefeux, qui peine à croire à l’hypothèse d’une alliance. « La balle était dans les mains d’Emmanuel Macron, il fallait qu’en 2022 il ait la lucidité de constater qu’il avait besoin de partenaires, ce n’est pas du tout ce qu’il a fait », constate l’eurodéputé. « Il avait deux opportunités : au lendemain de son élection, tendre la main avec des engagements de fond, ou alors au lendemain des législatives. Il n’a saisi aucune de ces deux possibilités ».
Reste le débauchage au cas par cas, une pratique qui a plutôt réussi au chef de l’Etat depuis 2017, le gouvernement comptant de nombreux ministres de premier plan issus des rangs de la droite, tels que Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou encore Christophe Béchu. « L’expérience montre que les ralliements ont souvent un côté assez misérable », nuance notre invité. « Ce n’est pas vraiment le meilleur côté de la politique ».
« La suite du quinquennat est préoccupante. La situation est inédite. Nous sommes en début de quinquennat, et cela donne l’image d’un mandat finissant déjà », relève l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy. « Le danger qui est devant nous est celui d’un immobilisme par crainte. »
Le silence de Laurent Wauquiez
Interrogé sur l’avenir de sa famille politique, l’eurodéputé appelle au rassemblement après les divisions générées, notamment du côté des députés LR, par la réforme des retraites. « L’union n’est pas la garantie du succès, mais elle en est l’une des conditions. J’appelle à l’unité politique de ma famille », lance Brice Hortefeux. « Nous avons besoin d’additionner les talents. »
L’eurodéputé continue de soutenir Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes comme candidat putatif à la prochaine présidentielle. « Il a la compétence, l’expérience et l’autorité pour prétendre aux plus hautes fonctions. Pour moi, il est le candidat naturel, et je suis convaincu que le moment venu on se rassemblera autour de lui », estime Brice Hortefeux. L’ancien patron des LR a pourtant été vivement critiqué pour sa discrétion sur la réforme des retraites. « Il a un calendrier », défend Brice Hortefeux. « Je vous dis que son silence d’aujourd’hui prépare sa parole de demain. »