Retraites : quand les manifestations s’invitent dans les débats au Sénat

Retraites : quand les manifestations s’invitent dans les débats au Sénat

En insistant sur « ces dizaines de millions de Français qui font tourner notre pays comme tous les autres jours, malgré les grèves », le ministre des Comptes publics a suscité l’ire des sénateurs de gauche. « Vous reprenez le discours de la droite réactionnaire », dénonce le socialiste David Assouline.
François Vignal

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On y arrive. Les sénateurs ont repris l’examen de la réforme des retraites ce mardi après-midi avec l’article 6, juste avant le désormais célèbre article 7 qui reporte l’âge de départ à 64 ans. Alors que des centaines de milliers de Français battent le pavé dans la rue, les manifestations contre le projet de réforme du gouvernement se sont invitées dans les débats, au Sénat.

« Ces dizaines de millions de Français qui parfois sont opposés à la réforme mais qui n’ont d’autres choix que d’aller travailler »

C’est le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, qui a commencé par viser les propos du secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, qui s’est dit ce week-end prêt à « mettre à genoux l’économie française ». « Quand on appelle à mettre l’économie française à genou, on appelle à mettre des entreprises, des travailleurs à genoux », s’est indigné le ministre.

S’il a souligné que « les manifestations sont légitimes », reconnaissant « un nombre important de Français qui manifestent contre cette réforme », Gabriel Attal a « fait référence à ces dizaines de millions de Français qui, ce matin, se sont levés encore plus tôt que d’habitude pour aller travailler, à ces centaines de milliers d’artisans, de commerçants, qui se sont levés pour faire tourner leur entreprise dans un contexte difficile, à ces dizaines de millions de Français qui parfois sont opposés à la réforme mais qui n’ont d’autres choix que d’aller travailler », ou les « agents publics, des soignants, des enseignants, policiers, douaniers », bref, « ces dizaines de millions de Français qui font tourner notre pays comme tous les autres jours, malgré les grèves, malgré les manifestations, malgré les blocages ».

Marie-Pierre de la Gontrie (PS) ironise sur « l’envolée lyrique » du ministre, « se croyant à un meeting de sa formation »

Des propos qui ont suscité l’ire de la gauche. La socialiste Marie-Pierre de la Gontrie a ironisé sur « l’envolée lyrique » du ministre, « se croyant à un meeting de sa formation ». La sénatrice de Paris y a vu « une attaque en règle contre le droit de manifester ». Rappelant « au ministre, qu’il y a beaucoup de gens qui se lèvent tôt tous les jours, qui ont décidé de faire grève, qui perdent une partie de leur salaire, alors qu’il est peu élevé ». Et de conclure :

C’est indigne. Je suis extrêmement en colère d’entendre un membre du gouvernement exprimer un tel mépris.

Les sénateurs de gauche ont alors rappelé chacun, lors de leur prise de parole, le nombre de manifestants dans leur département. « Plus de 75.000 à Nantes », souligne la sénatrice PS Michelle Meunier, « 12.000 à Beauvais, deux fois plus que lors de la manifestation précédente », selon sa collègue Laurence Rossignol. Le sénateur EELV Thomas Dossus « salue les 50.000 manifestants à Lyon ». « A Grenoble, c’est un peu plus de 50.000. Je crois même qu’on est en train de battre Lyon », sourit son président de groupe, l’écologiste Guillaume Gontard.

« Vous avez un problème démocratique. Vous êtes minoritaire » lance le communiste Fabien Gay

« Vous devez avoir un fantasme de faire une grande manifestation macroniste sur les Champs-Elysées, comme la grande manifestation gaulliste en 1968. Je crains que vous n’y arriviez pas », a lancé Laurence Rossignol à l’adresse du ministre.

Le socialiste David Assouline a pris le micro pour dénoncer « ce vieux discours réactionnaire d’opposer ceux qui ne manifestent pas (à ceux qui manifestent). Vous êtes hors sol là-dessus. Vous reprenez le discours de la droite réactionnaire mais vous êtes à côté de ce que pensent les citoyens ». Le communiste Fabien Gay est venu apporter une dernière charge : « Vous avez maintenant un rapport de force avec la rue et la majorité du peuple français qui a défilé par millions dans toutes les rues et les villages de France. Vous avez un problème démocratique. Vous êtes minoritaire ». Un tour de chauffe avant d’entrer dans le dur de l’article 7.

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