Retraites: quelle réforme ? pourquoi ? pour qui ? pour quand ?
Après deux ans de concertation, la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron est plus que jamais contestée sur ses fondements et des...

Retraites: quelle réforme ? pourquoi ? pour qui ? pour quand ?

Après deux ans de concertation, la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron est plus que jamais contestée sur ses fondements et des...
Public Sénat

Par Aurélie CARABIN, Gabriel BOUROVITCH

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Après deux ans de concertation, la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron est plus que jamais contestée sur ses fondements et des points cruciaux restent à trancher.

Universel et à points, c'est quoi ?

Le gouvernement promet un système "plus juste" et "plus lisible", où "un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous", afin de répondre au manque de confiance des jeunes générations et de s'adapter aux évolutions de la société.

Les 42 régimes de retraites, où les pensions sont calculées en fonction du nombre de trimestres cotisés, doivent ainsi être remplacés par un "système universel" où chacun accumulera des points tout au long de sa carrière et pour chaque jour travaillé.

Les régimes de retraite en France
Les régimes de retraite en France
AFP

Finie, donc, la règle des 25 meilleures années pour les salariés du privé et des 6 derniers mois pour les fonctionnaires et les régimes spéciaux. Selon l'exécutif, la prise en compte de l'ensemble de la carrière doit favoriser les carrières courtes, heurtées et peu ascendantes.

Un argument réfuté par les opposants au projet tels que FO et la CGT, qui estiment que les pensions seront mathématiquement moins élevées avec l'intégration dans le calcul des moins bonnes années, et craignent que la valeur du point, qui détermine le niveau des pensions, serve de variable d'ajustement budgétaire.

Du côté des professions libérales qui gèrent aujourd'hui elles-même leurs caisses de retraites, on redoute plutôt une hausse brutale des cotisations et la "spoliation" de leurs réserves financières.

"Travailler plus longtemps" ou pas ?

Retraites : âge de départ et espérance de vie
Retraites : âge de départ et espérance de vie
AFP

Le Premier ministre Edouard Philippe l'a redit mercredi, les Français devront "progressivement travailler plus longtemps" pour "remettre le système actuel à l'équilibre" avant l'entrée en vigueur du nouveau régime en 2025.

L'âge légal de départ restera fixé à 62 ans, mais deux options sont sur la table : allonger la durée de cotisation ou créer une nouvelle borne d'âge pour une retraite à taux plein, avec par exemple une décote avant 64 ans.

Mais tous les syndicats sont opposés à un allongement de la durée de travail, y compris la CFDT, seul soutien de poids à un régime universel par points, d'autant plus que la durée de cotisation pour une pension à taux plein doit déjà passer de 41,5 ans aujourd'hui à 43 ans en 2035.

Si une telle "mesure paramétrique" était décidée, la centrale "appellera les salariés à se mobiliser", a prévenu son numéro un Laurent Berger.

Génération 1959, 1963 ou plus tard ?

L'exécutif vise une entrée en vigueur de sa réforme en 2025. La génération née en 1963 aurait alors 62 ans et serait la première concernée.

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez à Matignon le 26 novembre 2019
Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez à Matignon le 26 novembre 2019
AFP/Archives

Mais pour redresser les comptes, leurs aînés pourraient être mis à contribution, dès la génération 1959, qui aura 62 ans en 2021.

Dans le même temps, le gouvernement est prêt à décaler la mise en œuvre du futur "système universel" à "des personnes un peu plus éloignées de la retraite que ce qui était envisagé jusqu'ici", a dit Edouard Philippe mercredi.

Sans pour autant envisager la "clause du grand-père" qui consisterait à n'appliquer la réforme qu'aux futurs entrants sur le marché du travail. "Entre deux extrêmes, on doit pouvoir trouver le bon curseur", a-t-il insisté.

"Plus juste", "plus équitable", vraiment ?

Emmanuel Macron lors d'un débat sur les retraites à Rodez le 3 octobre 2019
Emmanuel Macron lors d'un débat sur les retraites à Rodez le 3 octobre 2019
POOL/AFP

Le gouvernement met en avant de nouveaux droits comme une pension minimum de 1.000 euros pour une carrière complète, particulièrement favorable aux agriculteurs.

Il promet aussi d'étendre aux fonctionnaires les critères de pénibilité du privé permettant de partir à 60 ans mais envisage de supprimer les départs anticipés à 57 ans dans les hôpitaux.

Les interruptions de carrières (maladie, maternité, invalidité, chômage) resteraient prises en compte, mais pas les périodes de chômage non indemnisées.

Pour les veuves, les règles de la réversion seraient harmonisées: 70% du total des retraites perçues par le couple seraient garantis mais seulement à partir de 62 ans contre 55 ans aujourd'hui dans certains régimes.

Côté droit familiaux, un bonus de 5% pour chaque enfant serait accordé par défaut à la mère. Mais pas sûr que cela soit plus avantageux que la règle actuelle combinant trimestres gratuits pour toutes les mères et majoration de 10% pour les familles nombreuses.

En pleine polémique sur ce sujet, M. Philippe a reconnu "l'importance (...) de définir de manière juste et pérenne les droits familiaux".

Dans la même thématique

BRUNO RETAILLEAU LE HAVRE
10min

Politique

Retailleau, Philippe, Attal : en 2027, y aura-t-il « que des cadavres à la fin » ?

Entre Bruno Retailleau, nouvel homme fort de la droite, Edouard Philippe, déjà candidat pour 2027, Gabriel Attal, qui rêve de l’être, Gérald Darmanin et les autres, la division menace le socle commun pour la présidentielle. La machine à perdre est-elle en marche ? A moins que certains rapprochements s’opèrent, à l’approche du scrutin…

Le

Taxi Blockades in Marseille
6min

Politique

Colère des taxis : la réforme du transport sanitaire, une piste d’économies inflammable

Vent debout contre le projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie, les représentants des chauffeurs de taxi sont attendus, samedi, au ministère des Transports pour une réunion avec François Bayrou. Mais l’exécutif a d’ores et déjà indiqué qu’il ne fera pas « machine arrière », soutenant son objectif de baisse des dépenses présenté lors de l’examen budget de la Sécurité sociale. Au Sénat, les élus mettent en balance les impératifs de santé et d'économie.

Le

SIPA_01213808_000003
3min

Politique

Transport sanitaire : pourquoi les taxis se mobilisent ?

Après quatre jours de mobilisations massives pour protester contre un projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie sur les transports de malades, les chauffeurs de taxi ont obtenu une réunion samedi au ministère des Transports en présence de François Bayrou. Explications.

Le