Les échos de la réunion tenue par Emmanuel Macron avec les parlementaires de la majorité ce mardi soir ont rappelé à certains celle tenue dans les jardins de l’Amérique latine en pleine affaire Benalla. « Il y a un côté bravache chez Emmanuel Macron, il y avait un côté ‘qu’ils viennent me chercher’ », estime par exemple Boris Vallaud.
« C’est un Président forcené, en tête à tête avec lui-même »
Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale fustige l’attitude du Président de la République depuis qu’il a lancé cette réforme des retraites : « Il n’est prêt à aucun compromis, il est dans une forme d’obstination qui me paraît déraisonnable. C’est un Président forcené, en tête à tête avec lui-même. On a ce sentiment de plus en plus net qu’il y a dans ce mouvement social des causes plus profondes, avec un sentiment d’injustice, une aspiration à un nouvel ordre social. »
Par conséquent, si Boris Vallaud affirme qu’Élisabeth Borne est « largement disqualifiée », il estime qu’un remaniement ne suffirait pas à faire désescalader la situation : « La seule manière d’apaiser, c’est de retirer cette réforme. Il n’y a pas d’ordre sans justice et cette réforme est injuste. Il n’en finit pas d’annoncer une nouvelle méthode. » À ce titre, l’attitude d’Emmanuel Macron « inquiète » le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale : « Je ne sais plus quoi attendre du Président de la République, je suis peiné, inquiet et consterné par cette obstination déraisonnable. »
« La démocratie ne meurt pas de mouvement, elle meurt d’immobilité »
D’après lui, Emmanuel Macron a « abîmé un certain nombre d’institutions » par ses choix. « Il est allé tellement loin que je ne sais pas comment il peut raccommoder. Il le faut, mais il faut des actes forts et espérer l’essoufflement ce n’est pas un acte fort, c’est se moquer de ceux qui ont fait grève. » Le président du groupe PS confie que la majorité présidentielle est fragilisée à l’Assemblée : « Il y a des parlementaires qui ne vous le diront pas, mais dans les couloirs ils en parlent assez ouvertement. Je crois qu’il y a une rupture, à bien des égards. »
L’exécutif va-t-il donc durablement devoir contourner le Parlement à cause de l’utilisation du 49-3 ? Le projet de loi sur l’immigration a par exemple déjà été abandonné. « Quand j’entends qu’on procéderait plus par voie réglementaire que par voie législative, il faut arrêter de creuser la tombe d’une démocratie qui ne demande qu’une chose, vivre. La démocratie ne meurt pas de mouvement, elle meurt d’immobilité. » Finalement, Boris Vallaud « ne sait plus quoi attendre du Président de la République », mais une chose est sûre pour lui : « Qui a la lance à incendie entre les mains ? C’est le Président de la République. »