Retraites: réunion à Matignon vendredi, la CFDT veut un retrait de l’âge pivot d’ici là
Au 34e jour du conflit sur les retraites, Édouard Philippe a proposé mardi de réunir les partenaires sociaux vendredi à Matignon pour discuter d...
Par Elisabeth ROLLAND, David ARRODE, avec les bureaux régionaux de l'AFP
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Au 34e jour du conflit sur les retraites, Édouard Philippe a proposé mardi de réunir les partenaires sociaux vendredi à Matignon pour discuter d'une conférence de financement, un pas en direction de la CFDT, qui réclame que d'ici là soit retirée du projet la question de l'âge pivot.
L'idée d'une conférence de financement, proposée par le numéro un de la CFDT Laurent Berger dimanche, "est bonne mais nous devons nous mettre d'accord sur le mandat de cette conférence (...), sur le délai qui lui sera accordé pour aboutir ou dégager des solutions consensuelles", a déclaré le Premier ministre, qui a invité les partenaires sociaux vendredi à Matignon.
Il venait de présider mardi une réunion avec syndicats et patronat au ministère du Travail, rue de Grenelle, dans la salle même où se sont tenues les négociations dites des "Accords de Grenelle" fin mai 1968.
Tout en saluant "une volonté d'ouverture", Laurent Berger, rejoint sur ce point par le secrétaire général de l'Unsa Laurent Escure, a affirmé à la sortie de la réunion que le préalable restait le retrait de l'instauration d'un âge pivot, en dessous duquel on ne pourra pas partir avec une retraite à taux plein.
Vendredi, "dans l'état de tension dans lequel est notre pays, ce serait de bon ton d'avoir une annonce que l'âge pivot est retiré du projet de loi actuel, sinon la CFDT ne s'inscrira pas durablement dans cette discussion", a déclaré Laurent Berger. Le gouvernement "a trois jours" pour apporter "une réponse définitive" sur ce retrait, a insisté M. Escure.
La CFDT sera "mobilisée" en régions samedi, date de manifestations choisie par l'intersyndicale qui demande le retrait pur et simple du projet (CGT, FO, FSU, Solidaires, CFE-CGC et organisations de jeunesse). Elle ne participera pas en revanche à la journée de mobilisation interprofessionnelle de jeudi.
Mardi matin, Édouard Philippe s'était redit sur RTL "ferme sur l'objectif: nous allons faire un système universel" de retraite par points, "et donc nous allons supprimer les régimes spéciaux". De même, "l'équilibre du système doit être garanti", "mais je suis ouvert sur la façon dont on peut y arriver", a-t-il enchaîné.
- Trafic encore perturbé mercredi -
Laurent Berger arrive au ministère du Travail pour les consultations le 7 janvier 2020 à Paris
AFP
Le gouvernement n'entend pas décaler son projet de loi, qui comprend bien l'âge pivot dans la version actuellement examinée par le Conseil d'État: il sera présenté en Conseil des ministres le 24 janvier et examiné par l'Assemblée à partir du 17 février. Ce calendrier devrait permettre une adoption en première lecture début mars, avant un passage au Sénat.
Sur les questions de la pénibilité et de l'emploi des seniors, objet de premières discussions mardi, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a promis "des grandes pistes" d'ici quinze jours. Les syndicats de fonctionnaires FO et Solidaires boycotteront mercredi une réunion gouvernementale sur le sujet.
Côté patronal, le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a réclamé un chiffrage de la réforme "dans les jours qui viennent". Il a rappelé que la solution passait "de toute façon par une mesure d'âge", qui "soit contenue dans le projet de loi".
Retraites : taux de grévistes à la SNCF
AFP
Sans surprise, les syndicats les plus hostiles à la réforme ont continué de réclamer son retrait pur et simple.
"Les grèves ne sont pas près de s'arrêter", a lancé Catherine Perret, dirigeante de la CGT, qui décidera cet après-midi de sa participation à la réunion de vendredi.
"Il n'y a rien de neuf", a réagi François Hommeril (CFE-CGC), réclamant une étude d'impact du projet.
Le chef de file des députés LR Damien Abad a fustigé un "renoncement" sur l'équilibre financier de la réforme.
"Il n'y a aucune divergence idéologique" au sein du groupe majoritaire LREM, a assuré son président Gilles Le Gendre, tout en jugeant "pas idéales" les récentes tribunes d'une vingtaine d'élus de son aile gauche plaidant pour que la réforme ne soit pas budgétaire.
Alors que cette grève reconductible est la plus longue depuis la création de la SNCF en 1938, le trafic des trains sera toujours perturbé mercredi, avec 75% des TGV, 50% des Transilien et six TER sur dix.
Le trafic des métros parisiens sera toujours "très perturbé" mais aucune ligne de métro ne sera totalement fermée, selon la direction de la RATP.
Réunion entre plusieurs membres du gouvernement et les partenaires sociaux le 7 janvier 2020 au ministère du Travail
POOL/AFP
Des grévistes de la SNCF et de la RATP ont manifesté mardi à la mi-journée au siège parisien du gestionnaire d'actifs BlackRock, qui cristallise les critiques des opposants à la retraite par capitalisation. De 1.000 (préfecture) à 2.000 (syndicats) personnes ont défilé mardi à Montpellier.
Avant les journées d'action de jeudi et samedi, la mobilisation se poursuit dans d'autres secteurs que les transports.
Les expéditions de carburant étaient perturbées mardi dans la totalité des raffineries françaises, selon la CGT, qui avait appelé au blocage, mais l'approvisionnement des stations-service reste quasi-normal, a insisté le gouvernement.
Le vote de la motion de censure n’a pas seulement fait tomber le gouvernement Barnier. Il empêche l’adoption de nombreux dispositifs, notamment toutes les mesures d’aides. Les agriculteurs et la Nouvelle Calédonie en font les frais, comme l’indexation de l’impôt sur le revenu. Il faudra attendre un nouveau budget, en début d’année, pour y remédier.
Dans le contexte du procès des assistants parlementaires du FN, Jordan Bardella se voit refuser la reconduction de François Paradol, son directeur de cabinet, comme assistant parlementaire local. « Le Parlement européen est devenu plus regardant sur les activités du RN », indique Olivier Costa, spécialiste de l’Union européenne.
Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.