Retraites : si la réforme passe via le budget de la Sécu, « ce n’est pas un passage en force, c’est un débat au Parlement », selon Olivier Véran

Retraites : si la réforme passe via le budget de la Sécu, « ce n’est pas un passage en force, c’est un débat au Parlement », selon Olivier Véran

« La question des retraites est mis à part du Conseil national de la refondation », affirme Olivier Véran, qui ajoute que « le CNR n’est pas l’alpha et oméga de toute la politique menée dans notre Nation ». Il souligne « que les réformes prioritaires et urgentes » passent « hors du cadre du CNR ». Emmanuel Macron avait pourtant promis de « de lancer une concertation de manière apaisée » sur les retraites.
François Vignal

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Malgré un lancement en demi-teinte, du fait du refus des oppositions d’y participer, le Conseil national de la refondation (CNR) continue son bout de chemin. La première ministre Elisabeth Borne a rassemblé l’ensemble du gouvernement ce jeudi matin pour faire le point. Voulu par Emmanuel Macron, ce CNR vise à « construire ensemble dans l’action, au plus près des territoires, pour changer concrètement la vie des Français », a rappelé à la sortie le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, également ministre délégué chargé du Renouveau démocratique.

Suite à la réunion d’ouverture la semaine dernière, deux thèmes, « issus d’intervention » des participants, s’ajoutent au plein-emploi, à l’école et la santé. Il s’agit du « logement et de la jeunesse ». Comme on le sait, des CNR locaux vont bientôt prendre le relais des débats lancés à Marcoussis. Ces « CNR territoriaux commenceront dès le mois d’octobre », précise le ministre. Les Français auront alors leur mot à dire et pourront proposer « des idées » sur l’école ou la santé.

Grand écart

A minima, l’ambition du CNR sera de « partager des diagnostics sur la situation du pays », rappelle le porte-parole, comme sur « la transition démographique, au moment où la population vieillit ». Donc le CNR va logiquement aborder le sujet des retraites, pour lequel une discussion dépassionnée serait utile ? Et bien non. « La question des retraites est mise à part du CNR », affirme Olivier Véran. « Le CNR n’est pas l’alpha et oméga de toute la politique menée dans notre Nation. Le président a été élu sur un programme clair, à l’occasion de la présidentielle et des législatives. Et il a toujours été question que les réformes prioritaires et urgentes pour le pays puissent évoluer, avancer, hors du cadre du CNR », soutient le porte-parole.

On voit ici le gouvernement se retrouver à faire le grand écart. Il défend la concertation, la recherche du compromis et justifie la création d’une nouvelle instance pour donner un cadre à ce dialogue. Mais un sujet aussi épineux que les retraites est bien trop important pour faire l’objet d’une discussion au sein du CNR… On voudrait décrédibiliser le CNR et donner raison à l’opposition qui y voit « un machin supplémentaire », on ne s’y prendrait pas autrement.

« Aucune décision n’est prise à l’heure où je vous parle »

Mais promis, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé de remettre le couvert sur la réforme des retraites, qu’il entend voir mise en œuvre dès l’été 2023, il n’y aura pas de volonté d’avancer coûte que coûte. L’éventualité d’une mesure d’âge prise dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), cet automne, mettrait pourtant le feu aux poudres chez les syndicats.

« Il n’y a pas de passage en force et aucune décision n’est prise à l’heure où je vous parle. Et s’il y avait un projet de réforme des retraites qui était présenté, soit dans un texte ad hoc, ou dans le cadre d’un projet de budget de la Sécurité sociale, ce qui a déjà été le cas dans l’histoire récente, ça ne s’appelle pas un passage en force, ça s’appelle un débat au Parlement. Et ça s’appelle une concertation avec les représentants du patronat, des syndicats et les Français », soutient Olivier Véran. L’opposition, qui reproche à l’exécutif de vouloir contourner le Parlement avec le CNR, ne pourrait qu’applaudir cette priorité donnée au débat parlementaire. Reste que le débat en question serait de fait limité, si le gouvernement retenait l’option d’un amendement ou d’un article noyé parmi des dizaines d’autres au sein du PLFSS.

La réforme des retraites « se discute avec les partenaires sociaux, avec les partenaires politiques » disait Emmanuel Macron dans l’entre-deux tours.

Les retraites sorties du CNR, il y en a un qui ne semble pas apprécier. C’est François Bayrou, secrétaire général du Conseil national de la refondation. Il « s’est farouchement opposé », selon la newsletter Politico, à l’option amendement à la sauvette.

Ce choix serait par ailleurs en contradiction avec l’engagement d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Il avait promis « de lancer une concertation de manière apaisée » sur les retraites. « Ça se discute, avec les partenaires sociaux, avec les partenaires politiques. Moi, je ne veux pas diviser le pays », avait-il encore assuré durant l’entre-deux tours. S’ils sont mis devant le fait accompli, les syndicats, dont les élections sont prévues le 8 décembre dans la fonction publique, devraient donner du fil à retordre à Emmanuel Macron. L’avenir dira s’il devra à nouveau… battre en retraite.

Dans la même thématique

Illustration facade et entree d une Mairie.
11min

Politique

Polémique sur une nouvelle « contribution » locale : « Ça confirme que c’était une connerie de supprimer la taxe d’habitation »

En avançant l’idée d’une « contribution modeste » pour recréer le lien entre communes et citoyens, le ministre François Rebsamen a relancé ce débat sensible de la fiscalité locale. Au Sénat, tous les sénateurs dénoncent la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron. A la place, le sénateur Bernard Delcros, président de la délégation aux collectivités, soutient l’idée d’une « contribution » qui serait « différentiée, en fonction des revenus des habitants », via « une remise à plat » des impôts locaux.

Le

SIPA_01199651_000018
6min

Politique

Hanouna candidat à la présidentielle ? « Il est autant un homme politique, qu’un homme de divertissement »

Selon Valeurs Actuelles, l’animateur star, Cyril Hanouna songe à se présenter à la prochaine élection présidentielle. La réalité peut-elle dépasser la fiction ? Interview du communicant, Philippe Moreau-Chevrolet co-auteur de la bande dessinée « Le Président » (ed Les Arènes 2020) dans laquelle il avait imaginé la candidature de Cyril Hanouna à la Présidentielle de 2022.

Le