En reprenant une réforme historiquement portée par la droite, Emmanuel Macron a-t-il offert une victoire sur un plateau à LR ? « Je ne sais pas si c’est une victoire pour nous, mais c’est une victoire pour les retraites et le système par répartition. Ce qui est fait est en effet ce que la droite réclame depuis plusieurs années, on avait commencé à le faire en 2010. Cette réforme est indispensable, nous la votons au Sénat depuis plusieurs années sur les grands principes. Nous sommes plutôt satisfaits de voir que le gouvernement s’est enfin rangé et on arrive à une réforme des retraites », répond Sophie Primas, présidente LR de la commission des Affaires économiques du Sénat.
« On pourrait arriver à 64 ans un peu plus tard »
Toutefois, la sénatrice des Yvelines estime qu’il reste « des avancées sociales à obtenir » et que cela pourrait bien – au vu de l’obstruction parlementaire qui s’annonce à l’Assemblée – se faire dans le débat au Sénat, qui sera mené par René-Paul Savary, rapporteur LR du projet de loi rectificative de financement de la Sécurité sociale. « Il y a un début d’accord sur la revalorisation des petites retraites : nous souhaitons que cette disposition ne s’applique non pas aux nouveaux retraités qui vont arriver, mais à l’ensemble des retraités concernés. Cela sera dans les lignes rouge de la droite », affirme-t-elle.
De même sur le rythme de la réforme, Sophie Primas voit dans un « adoucissement de la pente » de la réforme, un argument pour calmer l’ire des syndicats : « Aller plus doucement dans la pente des trois mois supplémentaires par année, cela fait partie des éléments de nature à apporter des améliorations sociales dans le dialogue avec les syndicats. On pourrait arriver à 64 ans un peu plus tard. La discussion au Sénat peut nous permettre d’arriver à trouver une solution. »
« Ça ne serait pas responsable vu la situation sensible au niveau économique »
Si la présidente de la commission des Affaires économiques met l’accent sur « les avancées sociales » que pourrait apporter la discussion du texte au Sénat, c’est parce que « la crainte que nous partageons tous, c’est le blocage de la rue » : « On sort de trois années horribles, avec la crise sanitaire, la crise sociale, l’anxiété due à la situation internationale. Nous redoutons un blocage du pays, ça ne serait pas responsable. Notre pays est dans une situation sensible au niveau économique. J’ai presque de la peine de voir Laurent Berger dans une posture dure alors que nous sommes d’habitude dans un dialogue avec lui. »