Retraites : S’opposer à la PPL LIOT serait « un artifice antidémocratique » considère André Chassaigne 

André Chassaigne, président des députés communistes, a vivement critiqué le discours de la majorité présidentielle, selon lequel la proposition de loi d'abrogation de la réforme des retraites serait irrecevable.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La tension ne retombe pas à l’Assemblée nationale, à l’approche du 8 juin, date de l’espace réservé au groupe LIOT (Liberté Indépendants Outre mer et Territoires). Le petit groupe, à l’origine de la motion de censure transpartisane, voit la légitimité de sa proposition de loi d’abrogation du report de l’âge légal à 64 ans contestée par les groupes de la majorité présidentielle. Renaissance et ses alliés considèrent que le texte n’est pas recevable financièrement, au regard de son coût pour les finances publiques, estimé à une quinzaine de milliards d’euros. « C’est un artifice que la majorité essaye de mettre dans les têtes […] C’est un artifice antidémocratique de s’y opposer », s’est emporté ce soir le député André Chassaigne. Il était l’invité d’Audition Publique, l’émission politique hebdomadaire des chaînes parlementaires, en partenariat avec Le Figaro Live.

Le député communiste, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) a rappelé que le texte était gagé : il compense les dépenses par un relèvement des taxes sur le tabac. « La recevabilité a été actée par le Bureau [de l’Assemblée nationale] de fait », a-t-il ajouté. Sans compter les précédents. Le parlementaire en a donné pour exemples les deux lois, dont il est à l’origine, qui ont revalorisé les retraites agricoles, sous la précédente législature. Ces deux propositions, sur lesquelles s’est dessiné un consensus politique, coûtaient respectivement 1,2 milliard d’euros et 500 millions d’euros, selon le député du Puy-de-Dôme.

Dans un autre exemple, concernant cette fois la majorité présidentielle, André Chassaigne a cité le cas de la proposition de loi « pour bâtir la société du bien vieillir ». Déposée par Aurore Bergé (présidente du groupe Renaissance) et Laurent Marcangeli (président du groupe Horizons), elle a été débattue en avril. « Il n’y a pas eu de problème », a bien insisté le député.

Pour ce parlementaire en fonction depuis 2002, il existe donc « une forme de droit coutumier » à laisser les initiatives parlementaires s’exprimer dans ces créneaux de l’agenda réservés aux groupes. L’élu communiste redoute néanmoins une obstruction de la part des groupes favorables à Emmanuel Macron. « Ils montrent qu’ils sont capables de tout. Quand il s’agit d’écrabouiller l’opposition et le pouvoir législatif, eh bien ils sortent toutes les armes qu’ils peuvent trouver. »

La querelle autour de la recevabilité illustrerait l’embarras de ces groupes sur un texte qui pourrait potentiellement être adopté. Le chef des députés communistes en est convaincu. « Le gouvernement a cette obsession que cette proposition de loi ne soit pas votée, car ça alimenterait le mouvement social […] Je pense que le texte peut être voté, ne serait-ce que par décision d’abstention collective, par exemple des Républicains », a motivé le député Chassaigne. Si l’Assemblée nationale adoptait ce texte le 8 juin, ce serait une « dimension symbolique », selon lui. « Ensuite, ça mettrait le Sénat face à ses responsabilités. »

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Retraites : S’opposer à la PPL LIOT serait « un artifice antidémocratique » considère André Chassaigne 
5min

Politique

Sarkozy à la Santé : la visite de Darmanin « peut être interprétée comme une forme de pression » sur les magistrats, note François Molins

Un collectif d’avocats a déposé plainte contre Gérald Darmanin pour son soutien apporté à Nicolas Sarkozy incarcéré pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Interrogé sur ce point l’ancien procureur général près la Cour de cassation, François Molins considère, lui aussi, que le déplacement du garde des Sceaux à la prison de la Santé pour y rencontrer l’ancien chef d’Etat « peut être interprété comme une forme de pression » sur les magistrats.

Le

Retraites : S’opposer à la PPL LIOT serait « un artifice antidémocratique » considère André Chassaigne 
3min

Politique

« Edouard Philippe est à la loyauté ce que Richter est au séisme, une référence », ironise Eric Dupond-Moretti

Après quatre années installé place Vendôme – un record sous la Présidence d’Emmanuel Macron – l’ancien avocat pénaliste revient dans un livre « Juré craché ! » (ed. Michel Lafon) sur son expérience politique aux côtés du Président de la République. Invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il dévoile des facettes méconnues de son histoire et règle ses comptes avec Gabriel Attal et Edouard Philippe, qu’il accuse de déloyauté.

Le

La sélection de la rédaction

Retraites : S’opposer à la PPL LIOT serait « un artifice antidémocratique » considère André Chassaigne 
5min

Politique

Retraites : en cas de vote de la loi LIOT, Éric Coquerel ne « voit pas comment la réforme pourrait s’appliquer »

Invité de notre matinale, Éric Coquerel est revenu sur les discussions autour de la recevabilité financière de la proposition de loi du groupe centriste LIOT abrogeant la réforme des retraites. Le Président de la commission des Finances enjoint l’exécutif à « vérifier » s’il est majoritaire sur la question à l’Assemblée ou pas, et estime qu’en cas de vote du texte, la réforme ne pourrait pas s’appliquer « normalement. »

Le