C’est une lecture du projet de réforme des retraites qui risque de faire sursauter certains partenaires sociaux. « L’instauration de ce régime universel de retraite constituera un progrès qui ira vers plus de justice sociale. (…) Cette réforme des retraites est l’une des réformes qui sera porteuse du plus de progrès social au cours de ce quinquennat » a déclaré ce mercredi le secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Santé Adrien Taquet, lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat.
Au lendemain d’une journée marquée par d’importantes mobilisations à l’appel de l’ensemble des syndicats pour protester contre le projet de retraite universelle à points du gouvernement, le secrétaire d’Etat était interpellé par la sénatrice communiste Laurence Cohen. « Vous continuez à défendre l’indéfendable en disant que tout le monde sera gagnant avec votre système. Dans tous les pays qui ont adopté un régime à points, l’ensemble du monde du travail a dû travailler plus longtemps pour gagner moins », a lancé la sénatrice, réclamant le retrait du projet.
Les négociations entre Matignon et les partenaires sociaux ont repris ce mercredi. L’Elysée a fait savoir dans la matinée qu’Emmanuel Macron était disposé à « l’améliorer », notamment sur la question de l’âge pivot pour l’instant fixé à 64 ans. Une concession qui pourrait être de nature à rallier les syndicats réformistes, au premier rang desquels la CFDT. Mais pas question pour le gouvernement de reculer sur l’esprit de la réforme.
"Disparition des régimes spéciaux"
Concernant les régimes spéciaux, très mobilisés depuis le début de la grève, Adrien Taquet s’est ainsi de nouveau voulu ferme devant le Sénat : « Nous avons engagé réforme du système de retraite pour le rendre universel et cela implique, sans dresser aucun Français contre aucun Français, effectivement, la disparition des régimes spéciaux ». Le secrétaire d’Etat a également insisté sur dispositions du projet que le gouvernement présente comme des avancées sociales, telles que la majoration des pensions de toutes les femmes dès le 1er enfant, ou encore le minimum contributif de 1000 euros pour toutes les personnes ayant cotisé une carrière complète au Smic.
Plusieurs associations, notamment féministes, contestent toutefois ces points, comme l’a rappelé Laurence Cohen. « La nomination du nouveau Monsieur retraite qui a à son actif le licenciement d’une caissière d’Auchan pour quelques centimes d’euros est loin d’apaiser l’inquiétude et la colère dans le pays », a également lancé la sénatrice, en référence à la nomination, en remplacement de Jean-Paul Delevoye, de Laurent Pietraszewski, déjà rattrapé par une affaire remontant à l’époque où il était responsable des ressources humaines dans le magasin Auchan de Béthune (Pas-de-Calais). « Vos arguments comptables sont nuls et non avenus », a-t-elle ajouté, invitant le gouvernement à taxer les revenus du capital ou encore à « arrêter les exonérations de cotisations patronales » pour financer le système de retraite.