C'est parti pour un long marathon à l'issue incertaine: la bataille des retraites a démarré lundi à l'Assemblée dans une atmosphère déjà...
Retraites: une longue bataille lancée à l’Assemblée dans une ambiance déjà chahutée
C'est parti pour un long marathon à l'issue incertaine: la bataille des retraites a démarré lundi à l'Assemblée dans une atmosphère déjà...
Par Charlotte HILL
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C'est parti pour un long marathon à l'issue incertaine: la bataille des retraites a démarré lundi à l'Assemblée dans une atmosphère déjà électrique, le gouvernement vantant une "ambition immense" face à une opposition qui entend torpiller une réforme jugée "injuste" avec une nuée d'amendements.
Le tout nouveau ministre de la Santé Olivier Véran a défendu un projet annoncé "de longue date" qui "a la légitimité d'un programme présidentiel", à l'ouverture des débats sur cette réforme hautement sensible, voulue par Emmanuel Macron et qui vise à créer un "système universel" de retraite par points.
Jusqu'ici rapporteur du volet organique de la réforme, le "marcheur" vient de succéder à Agnès Buzyn qui a pris le relais, dans la course LREM à la mairie de Paris, de Benjamin Griveaux emporté vendredi par une affaire de vidéos à caractère sexuel.
Son discours, précédant celui du secrétaire d'Etat Laurent Pietraszewski, a vite été interrompu par des cris de l'opposition. "S'il vous plaît, ne commencez pas, vous aurez des heures, des jours et des nuits pour vous ébrouer dans la démocratie", a lancé Richard Ferrand (LREM) depuis le perchoir.
Après des semaines de contestation de la réforme dans la rue, l'appel à une "journée morte" dans les transports était peu suivi lundi. Plusieurs centaines de personnes ont aussi pris part à une manifestation "symbolique" en direction de l'Assemblée, en attendant une nouvelle journée interprofessionnelle jeudi.
Les opposants n'ont pas dit leur dernier mot, alors que 41.000 amendements ont été déposés. L'examen inachevé la semaine passée en commission pour cause d'avalanche d'amendements des députés LFI, un fait inédit après 75 heures de dialogue de sourds, n'était qu'un préambule.
Pour l'heure, quinze jours de débats sont prévus, soit 84 heures. Face à un calendrier jugé "intenable", Richard Ferrand a proposé juste avant le début des débats un "temps programmé" de 100 heures de débat sur trois semaines. Il s'est vu opposer une fin de non-recevoir des députés LFI et PCF.
Face à l'obstruction de la gauche de la gauche, avec ses amendements, les responsables de la majorité martèlent qu'un recours au 49-3 - l'arme de la Constitution qui permet l'adoption sans vote - "n'est pas l'objectif", mais des "marcheurs" ne l'excluent pas si le débat est "clairement impossible".
Les principaux points de la réforme des retraites selon le projet de loi dont les députés entament l'examen
AFP
"Totalement impensable", a cependant prévenu LR. Ce serait même "du délire" pour le numéro un de la CFDT Laurent Berger.
Le gouvernement table toujours sur une adoption en première lecture avant les municipales dans un mois et espère un feu vert définitif "d'ici l'été" sur les deux textes (ordinaire et organique).
- "Lutte implacable" -
Droite comme gauche dénoncent un "mépris" du Parlement et un projet "nébuleux" et "à trous", avec notamment la trentaine d'ordonnances programmées.
Les trois groupes de gauche - PS, PCF et LFI - qui dénoncent un "amateurisme coupable" du gouvernement, tablent en plus des amendements (près de 37.000 à eux trois) sur une motion référendaire lundi, puis une motion de censure à une date qui reste à déterminer, des étapes qui vont ralentir les débats.
L'Assemblée nationale commence l'examen de la réforme des retraites le 17 février 2020
AFP/Archives
Le patron des insoumis Jean-Luc Mélenchon a promis lundi "une très grande bataille parlementaire". "La lutte sera dure, implacable, de longue durée" a-t-il insisté, dénonçant "pagaille, confusion et viol des droits des gens" par le gouvernement.
Les députés communistes, qui jugent la réforme "bien pire" que ce qui avait été annoncé, ne seront pas en reste, comme le PS, persuadé qu'un "certain nombre de concitoyens vont se faire avoir".
Quant à LR, qui entend incarner "une troisième voie", le groupe fustige comme la gauche "l'impréparation" du gouvernement et estime que pour le financement, "on marche sur la tête".
Le vote de la réforme est programmé avant les conclusions de la conférence de financement, qui démarre ses travaux mardi et est censée trouver d'ici avril des mesures permettant d'atteindre l'équilibre en 2027.
Côté majorité, on affiche la volonté de faire aboutir cette réforme "de progrès social", "contre vents d'obstruction et marées d'amendements".
Si le groupe soutient globalement la réforme, des interrogations ont émergé sur son impact budgétaire, et certains à l'aile gauche comptent faire entendre leur voix sur des sujets comme la pénibilité. Un "marcheur" prédit "un exercice de discipline collective forte".
C’était au tour du Rassemblement national cet après-midi d’être entendu par Sébastien Lecornu. A la fin du mois de juillet, Marine Le Pen avait tenu à rappeler les grandes lignes budgétaires du parti, dans une lettre adressée au Premier ministre sortant, François Bayrou.
Reçus ce mardi par le Premier ministre Sébastien Lecornu, les dirigeants du Rassemblement national (RN) ont insisté sur la nécessité d’une « rupture » claire avec la politique menée par Emmanuel Macron depuis 2017.
Un sondage Ifop, commandé par le PS, montre que la taxe Zucman sur les ultrariches est soutenue jusque dans les rangs des sympathisants LR, à 89 %, et Renaissance, à 92 %. Une victoire idéologique pour la gauche, plus habituée aux défaites ces dernières années ? « Ce sondage montre que les efforts doivent être mieux répartis », selon Frédéric Dabi de l’Ifop, et reflète surtout « un malaise dans le pays ».
Dans l’expectative en attendant la fin des consultations de Sébastien Lecornu, Les Républicains voudraient prolonger leur bail au gouvernement et ont posé leurs conditions. Des conditions pour la plupart antinomiques avec celles des socialistes actuellement au centre de l’attention du Premier ministre. De quoi apporter de l’eau au moulin de Laurent Wauquiez qui entend toujours être l’incarnation de la « rupture » avec le pouvoir macroniste.