Richard Ferrand : l’affaire qui «tombe mal»
Alors que le garde des Sceaux, François Bayrou commence les consultations dans le cadre du projet de loi sur la moralisation de la vie politique, le Canard Enchaîné révèle une affaire familiale et immobilière potentiellement embarrassante pour le ministre Richard Ferrand. Les réactions politiques

Richard Ferrand : l’affaire qui «tombe mal»

Alors que le garde des Sceaux, François Bayrou commence les consultations dans le cadre du projet de loi sur la moralisation de la vie politique, le Canard Enchaîné révèle une affaire familiale et immobilière potentiellement embarrassante pour le ministre Richard Ferrand. Les réactions politiques
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« Un cadeau de bienvenue » sous « forme de dénonciation calomnieuse » : c’est en ces termes que le ministre Richard Ferrand a accueilli l’article du Canard Enchaîné, ce matin, depuis son ministère. L’affaire remonte à 2011 à l’époque où Richard Ferrand est directeur des Mutuelles de Bretagne. La mutuelle cherche à louer des locaux commerciaux pour ouvrir un centre de soins, et choisi, parmi trois propositions, celle d’une société immobilière appartenant à la compagne de Richard Ferrand, Sandrine Doucen.

L'hebdomadaire ajoute que Sandrine Doucen a alors monté très rapidement une SCI (Société civile immobilière) et que la promesse de location lui a permis d'obtenir un prêt bancaire équivalent à la totalité du prix des locaux « et la totalité des frais dit de notaire soit un peu plus de 402 000 euros, remboursables en quinze ans ». Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184.000 euros, toujours selon le Canard Enchaîné, la valeur des parts de la SCI « a été multipliée par 3.000 » six ans plus tard.

« Ceci était connu de tous et par conséquent c'est parce que c'était le mieux placé et le moins cher que cela a été choisi »

Pour sa défense, le ministre de la Cohésion et des Territoires argue que « Les Mutuelles de Bretagne cherchaient un local adapté à leurs besoins au meilleur prix ». « Les administratrices et les administrateurs du Conseil d'administration, dont je ne suis pas, ont retenu la meilleure offre, pour les conditions de travail des salariés, pour la proximité avec les transports, qui était celle d'un local détenu par ma compagne », a-t-il détaillé, concluant: « Ceci était connu de tous et par conséquent c'est parce que c'était le mieux placé et le moins cher que cela a été choisi ».

Richard Ferrand assure que son fils a effectué « un vrai travail d’assistant parlementaire classique »

Le Canard enchaîné dévoile aussi qu’en 2014, Richard Ferrand, alors député PS, a employé son fils en tant qu’assistant parlementaire durant plusieurs mois pour un montant brut de 8704 euros. « Au total, 4 mois, payés au SMIC et quand on ajoute les charges, cela donne la somme qui est indiquée, voilà la réalité » a répondu Richard Ferrand qui assure que son fils a effectué « un vrai travail d’assistant parlementaire classique ».

Richard Ferrand assure que son fils a effectué: un vrai travail d’assistant parlementaire classique »
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Invités des matinales, plusieurs cadres de La République en marche, ont pris la défense de Richard Ferrand. Sur franceinfo, Benjamin Griveaux, le porte-parole de LREM a rappelé le cadre privé de cette opération. « Il n'y a pas d'argent public qui est en jeu (…) Je comprends que dans la période que nous venons de vivre, où les affaires ont été multipliées, ça provoque un trouble », mais « les faits étaient connus, c'est public » a-t-il ajouté.

« Je pense que la moindre des choses, s’il en tire les conséquences, c’est de poser sa démission »

« Ça tombe mal parce que ça crée la suspicion (...) je ne veux pas être langue de bois sur le sujet », a réagi, pour sa part, Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement sur Europe 1, et met, en outre, en avant « la probité exceptionnelle » de Richard Ferrand. Le sénateur de la Côte-d’Or, François Patriat a estimé sur Public Sénat et Sud Radio que « C’est à Richard Ferrand d’apporter les réponses et il est en capacité de le faire. »

Chez les adversaires politiques d’Emmanuel Macron et de Richard Ferrand, évidement, le ton est empreint de moins de mansuétude. A commencer par Marine Le Pen, la présidente du front national a carrément demandé la démission de Richard Ferrand du gouvernement. « Quand on veut que la première loi soit une loi de moralisation… Dans moralisation, il y a morale (…)  Je pense que la moindre des choses, s’il en tire les conséquences, c’est de poser sa démission ». Sur le fond, l'eurodéputée ajoute qu'il s'agit « d'un enrichissement personnel parfaitement immoral. Est-ce que c'est illégal ou non? La question n'est pas vraiment là en politique ».

Cambadélis demande solennellement  au Premier ministre et au Garde des Sceaux de s'exprimer

Sur Radio Classique, Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du parti socialiste «  demande solennellement au Premier ministre (Édouard Philippe) et surtout le Garde des Sceaux (François Bayrou) » de s'exprimer. Et d’ajouter ce tacle au gouvernement lorsqu’est abordé le projet de loi sur la moralisation de la vie publique. « Encore que, il faudrait qu’elle soit appliquée à M. Ferrand ».

Sur Twitter, le député LR, Éric Ciotti ironise sur une future enquête préliminaire du parquet financier.

 

Dans un communiqué publié mercredi, les Jeunes socialistes « demandent solennellement au Président de la République et au Premier ministre de relever Richard Ferrand de ses fonctions suite aux révélations du Canard enchaîné ».

Christophe Castaner: ""Il ne saurait être question" de la démission de Richard Ferrand
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A l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a indiqué que « la probité de Richard Ferrand [n'était] en rien remise en cause » et qu’ il ne saurait être question de sa démission ».

Mercredi après-midi, Richard ferrand, a une nouvelle fois, réagi et a reconnu à propos de l'emploi de son fils:  « Si c'était à refaire, je ne le referais pas ».

Interrogé par Challenges, Eric Alt vice-président de l’association anti-corruption, Anticor, estime que « la démission de Richard Ferrand est nécessaire afin de ne pas affaiblir cette ambition de moralisation de la vie politique »

 

Richard Ferrand : "si c'était à refaire, je ne reprendrais pas mon fils"
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