Un besoin de « visibilité et d’anticipation ». C’est avec ses mots que la présidente de la commission de la culture, de la communication et de l’éducation, Catherine Morin-Desailly, a ouvert l’audition face au ministre de la culture, Franck Riester. Inquiète par le calendrier de déconfinement encore « trop flou » de l’activité culturelle, la chambre-haute a demandé des précisions au ministre. En effet, lors de sa dernière allocution, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il n’y aurait pas « de rassemblement public avant la mi-juillet. » Depuis, les festivals se déprogramment en cascade : le festival de théâtre d’Avignon, les Vieilles Charrues dans le Finistère, ou encore le festival d’art lyrique à Aix-en-Provence.
Interrogé mercredi 16 avril sur France Inter sur l’avenir de manifestations plus tardives, le ministre a assuré que « des petits festivals » pourraient se tenir à partir du 11 mai, date à laquelle doit démarrer la sortie du confinement. Les sénateurs étaient nombreux à vouloir connaître les modalités de cette annonce. La sénatrice de Paris, Catherine Dumas, a sommé le ministre d’obtenir des réponses précises en déclarant que « l’incertitude est le pire des dangers » pour le secteur.
De son côté, Franck Riester a affirmé ne pas « avoir de réponse nationale unique » mais croit à une politique au « cas par cas » : « évidemment il n’est pas imaginable de penser 3000 personnes dans une fosse, mais si c’est un festival de 50 personnes, où les spectateurs sont dotés de masques, se tiennent à distance d’un mètre et que chacun est responsable, alors on pourra tenir ce festival », en précisant que « les décisions seront réévaluées au fur et à mesure du déconfinement ». Une stratégie que le gouvernement appliquera également aux musées, « comme pour les festivals il faut qu’on travaille collectivement sur la spécificité des musées, de leurs capacités de faire travailler leurs équipes et d’accueillir le public ». Dans le viseur du ministre, « la sécurité sanitaire » devra être maintenue.
Cellule d’urgence pour le patrimoine
Le sénateur Alain Schmitz a quant à lui interrogé le ministre sur l’avenir du patrimoine français. Un an et un jour après l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, l’élu évoque « le souvenir de la sidération » et s’inquiète de la reprise des travaux. En effet, le chantier est en sommeil depuis le 16 mars. Emmanuel Macron s’était engagé à reconstruire la cathédrale en 5 ans. Un objectif qu’il a réaffirmé mercredi 16 avril. Franck Riester s’est dit « attentif à ce que le chantier reprenne dans un délai le plus court possible », « si c’est avant le 11 mai, c’est mieux ». Une reprise qu’il espère rapide, sans pour autant compromettre la sécurité des travailleurs.
Plus largement, le ministre de la culture a assuré être attentif au reste du patrimoine français « c’est une activité importante dans les territoires, pour le monde du tourisme, nous devons nous mobiliser ». Il a par exemple annoncé la création d’une cellule « patrimoine » afin de collecter toutes les informations nécessaires « des musées, ou des propriétaires de domaines ». Le but ? Faire remonter les questions de chaque cas particulier et trouver des solutions pour les acteurs du patrimoine.
Eviter « un trou dans la raquette »
Un certain nombre de précisions économiques ont été abordées. Il a d’abord rappelé que le fonds de solidarité créé par l’Etat pour prévenir la cession d’activité des petites entreprises, des micro-entrepreneurs et des professions libérales était passé de « 1 à 7 milliards d’euros ». La présidente de la commission a salué l’effort du gouvernement d’étendre les mesures du chômage partiel aux acteurs de la culture, comme les intermittents, mais elle s’est inquiétée de la possibilité de cumuler cette aide avec le fonds de solidarité. Sur ce point, Franck Riester a été très précis : « les associations pourront bénéficier du chômage partiel même si elles bénéficient de subventions publiques ».
Sur la situation des intermittents du spectacle, le ministre pense à « bâtir un fond de solidarité spécifique, pour qu’il n’y est pas de trou dans la raquette ». Il a précisé qu’« en plus des dispositifs classiques nous mettrons en place des dispositifs pour que les conséquences soient le moins préjudiciable possible. » Concernant le spectacle vivant, hors musique, le ministre a annoncé qu’un plan était finalisé : « l’Etat dotera les théâtres privés non subventionnés d’au moins 5 millions d’euros ». Enfin, il a salué les collectivités qui participent à l’effort financier pour soutenir les acteurs de la culture.
Mais le ministre a tenu à rappeler que la culture « n’est pas seulement une économie, c’est le moyen pour chacun et chacune de pouvoir mieux vivre, de pouvoir nous rassembler. Il faut donner du sens à ce que sera demain, la relance de notre pays ».