Une censure qui mènerait selon lui « au chaos ». Le maire (Horizons) de Nice, Christian Estrosi, a réagi ce mercredi dans la matinale de Public Sénat aux déclarations de Marine Le Pen un peu plus tôt dans la matinée. Sur RTL, la présidente des députés RN à l’Assemblée nationale a réitéré sa menace de censurer le gouvernement « si le pouvoir d’achat des Français est amputé » par le budget. « C’est une ligne rouge, a-t-elle assuré. Et si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure. » Celle-ci pourrait alors intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, après la potentielle adoption du projet de loi de finances via l’article 49-3, comme l’exécutif l’envisage. « Ce serait criminel de faire tomber le gouvernement de Michel Barnier avant que le budget ne soit voté », s’est insurgé Christian Estrosi face à cette possibilité.
« Ce serait avoir un comportement de fossoyeur »
Pour être valable, cette éventuelle censure devrait être votée avec les voix des députés du Nouveau Front populaire. « Nous passerions d’une crise politique à une crise économique et sociale, qui aurait pour conséquence » d’aller « vers la banqueroute », prévient Christian Estrosi. Le numéro 2 du parti d’Édouard Philippe craint, dans ce scénario, « qu’il y ait même des entreprises ou des collectivités qui ne puissent plus, demain, payer leurs salariés ou leurs fonctionnaires ». Marine Le Pen mettra-t-elle véritablement sa menace à exécution ? « Si elle veut prendre ce risque politique, qu’elle l’assume, pose le maire de Nice. Mais en tout cas, ce serait avoir un comportement de fossoyeur. »
D’après l’édile, l’ex-candidate à l’élection présidentielle, actuellement jugée au tribunal correctionnel de Paris dans le cadre des assistants parlementaires du FN, a « ses sujets à régler et veut détourner l’attention sur toutes les menaces qu’elle peut faire peser sur le gouvernement. » Christian Estrosi estime qu’une censure ne serait pas bien accueillie par les électeurs. « Les Français ont peut-être voulu sanctionner une action politique lors des législatives », mais « je sens qu’ils sont aujourd’hui conscients de cette instabilité qui menace les grands équilibres sociaux de notre pays tout entier. »
Comme les autres chefs des différents groupes parlementaires à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen sera reçue à Matignon lundi par le Premier ministre pour évoquer le débat sur le budget. Mardi, en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, Emmanuel Macron a pour sa part dit « souhaiter de la stabilité » dans les semaines à venir. « C’est normal qu’il y ait des débats parlementaires, a lancé le président de la République. Je crois que le gouvernement, avec méthode, va continuer avec les forces du socle commun qui constituent aujourd’hui cette majorité relative et avec les oppositions d’avancer. »