RN, Renaissance, Horizons, LR, PS, LFI, EELV… Tous les partis se préparent à une nouvelle dissolution
A partir de juillet, Emmanuel Macron aura de nouveau le pouvoir de dissoudre. Face à l’instabilité politique, et pour ne pas encore être « pris de court », les partis politiques se préparent à l’hypothèse de nouvelles législatives anticipées. Certains ont déjà commencé le travail d’investiture, comme le RN ou les LR. Tous assurent qu’ils seront « prêts », si Emmanuel Macron appuie sur le bouton.
« Tout le monde se prépare. Il y en a qui le disent, d’autres qui ne le disent pas. Mais tout le monde se prépare plus ou moins fortement. Tout le monde se prépare à tout, on voit bien que c’est un bordel sans non, et ce sera le cas jusqu’en 2027 ». Les mots de ce responsable d’une formation représentée au Parlement résument à peu près la situation : tous les partis se préparent, avec plus ou moins de zèle, à une éventuelle nouvelle dissolution.
Le 9 juin 2024, au soir de son échec aux européennes, Emmanuel Macron annonce à la surprise générale la dissolution de l’Assemblée nationale. On connaît la suite : une assemblée balkanisée, un RN au plus haut, une majorité très relative, une instabilité généralisée et une censure adoptée contre Michel Barnier, avant l’arrivée du gouvernement Bayrou.
Si l’hypothèse semble incertaine, il ne faut pas exclure que le chef de l’Etat dissolve à nouveau l’Assemblée. Mais pour pouvoir dissoudre à nouveau, il faut attendre un an, selon l’article 12 de la Constitution. Emmanuel Macron pourrait donc à nouveau dissoudre à partir du 8 juillet 2025, si on prend en compte la date du second tour des dernières législatives comme point de départ, ou du 10 juin, si on prend la date du décret de dissolution. Un débat existe entre constitutionnalistes (lire notre article sur le sujet). Une fois la dissolution prononcée, les législatives ont lieu entre 20 et 40 jours après. On pourrait imaginer un scrutin fin juillet, ou plus réaliste, à la rentrée de septembre, même si l’arrivée du budget à l’automne ne rend pas non plus le moment idéal.
Au RN, « on passe trois jours par semaine à faire des investitures, on s’y prépare très activement »
Si personne ne sait si une nouvelle dissolution sera prononcée, les partis s’y préparent, au cas où. A commencer par le Rassemblement national, qui y aurait tout intérêt a priori. Lors de ses vœux à la presse, fin janvier, son président, Jordan Bardella, a même dit souhaiter une nouvelle dissolution. « Il me paraît inévitable de convoquer des législatives quand elles seront constitutionnellement possibles », a affirmé le responsable du parti d’extrême droite. « Nous nous préparons depuis l’été dernier à de potentielles législatives anticipées a minima », explique le président du RN. Concrètement, « la commission nationale d’investiture se réunit chaque semaine, chaque jour, ces derniers jours. Nous pré-investissons des candidats aux législatives, mais aussi aux municipales », précise Jordan Bardella.
Pour éviter les brebis galeuses, c’est-à-dire des candidats qui ont tenu des propos racistes ou xénophobes dans le passé, le parti s’active. « On passe trois jours par semaine à faire des investitures. On s’y prépare très activement. On voit des dizaines de candidats », confiait alors un haut cadre du RN, « on regarde tous les réseaux sociaux. On fait tout pour que le filet ne laisse rien passer et n’avoir que les bons poissons ».
« Il faut avoir le calme des vieilles troupes », tempère Franck Riester, mais à Renaissance, « on sera prêt, s’il le faut »
Au sein du socle commun, on se prépare aussi, avec plus ou moins d’intensité. « Nous, on est surtout sur les municipales. Après, on suit gentiment la question d’éventuelles législatives. Ce n’est pas ce qui nous occupe le plus aujourd’hui mais on y travaille », affirme à publicsenat.fr Franck Riester, secrétaire général délégué aux élections de Renaissance et président de la commission nationale d’investiture (CNI) du parti présidentiel. « Il faut avoir le calme des vieilles troupes, par rapport à tout ce qu’il se passe », lance le député de Seine-et-Marne.
Comme les autres formations, le parti présidé par Gabriel Attal ne partirait pas de zéro, en cas de dissolution. « On a déjà des candidats qui se sont présentés dans à peu près toutes les circonscriptions, lors du précédent scrutin. C’est récent. On a déjà identifié pas mal de candidats récemment », souligne l’ancien ministre, qui parle d’un « travail classique de préparation ». Il résume :
On se prépare, sans empressement, mais avec méthode, avec la possibilité d’identifier dans chaque circonscription de potentiels candidats.
Franck Riester, secrétaire général délégué aux élections de Renaissance et président de la commission nationale d’investiture.
Franck Riester rappelle qu’« hors le RN, c’est nous qui avons investi le plus de monde en 2024. On a déjà un potentiel important de candidats ». Renaissance peut ainsi s’appuyer sur « tout un vivier de candidats ». Autrement dit, « on sera prêt, s’il le faut. De toute façon, ce ne sera pas avant septembre, a priori, si ça arrive », pense Franck Riester.
« Au sein de Horizons, on a réactivé tous nos candidats. Et on en cherche d’autres »
Chez les alliés d’Horizons, même optique. « On parle déjà de dissolution », mais « personne ne sait si Emmanuel Macron va dissoudre. Mais s’il y a une situation de blocage, on se prépare », confie une responsable du parti d’Edouard Philippe, où on entend ne pas être pris au dépourvu. « Au sein de Horizons, on a réactivé tous nos candidats. Et on en cherche d’autres », prévient cette cadre du parti de l’ancien premier ministre, tout en sachant que des discussions devraient avoir lieu, ensuite, entre alliés du bloc central. Un député du parti se place ainsi dans l’optique d’une élection qui approche. « Je fais campagne. On est en campagne permanente. On sait qu’on est en CDD d’un an », lance ce parlementaire Horizons.
Comme le RN, la vice-présidente de Horizons, Christelle Morançais, appelle même à de nouvelles élections législatives pour sortir du blocage. « Une nouvelle dissolution est souhaitable. Dans les semaines à venir, je considère que le Président aurait intérêt à nous annoncer un retour aux urnes l’été prochain », affirme au Figaro la présidente de la région Pays de la Loire. « Il faut dès à présent bâtir cette proposition avec les forces qui participent à l’actuel gouvernement », avance Christelle Morançais.
« Si jamais il y a une dissolution, toutes nos investitures seront prêtes et seront officialisées immédiatement », annonce le sénateur LR Roger Karoutchi
Chez les LR, qui ont rejoint les partis de l’ex-majorité présidentielle pour former le socle commun, même topo : on « se prépare », confirme le sénateur LR Roger Karoutchi, vice-président de la CNI des LR, et pas qu’un peu. « A bah oui, on n’est pas fous. On a été surpris par la dissolution du mois de juin 2024. En conséquence, à la fois la sélection des candidats, que les investitures, n’ont pas été les plus efficaces possibles. On n’avait absolument pas prévu de commission d’investiture dans cette période. Il a fallu en une semaine pratiquement trouver des candidats. Résultat des courses, on n’a pas respecté la parité. On a eu parfois des candidats proposés trop vite, qui ne sont pas allés au bout. On n’a pas pu vérifier les dépôts en préfecture de certains, qui ne se sont pas mis sous étiquette LR », raconte Roger Karoutchi, qui a « quelques souvenirs d’investitures faites par téléphone, dans des conditions complètement aberrantes. Et on avait un autre petit problème : du fait de la défection d’Eric Ciotti, on n’avait plus accès à nos locaux, ce qui n’est pas des plus simples… » Bref, comme le dit Roger Karoutchi :
Après la dissolution, les investitures avaient été faites à l’arrache.
Roger Karoutchi, sénateur et vice-président de la CNI des LR.
« Avec Michèle Tabarot (présidente de la CNI, ndlr), on s’est dit une fois, pas deux », continue l’ancien ministre. Les LR ont donc cette fois pris les devants. « Nous avons pris une décision avec Michèle Tabarot : qu’il y ait dissolution ou pas, on se prépare. A partir de la semaine prochaine, nous allons commencer une phase en visioconférence, qui portera à la fois sur les municipales de mars 2026 et sur les législatives. L’objectif, c’est de se dire qu’on fait cette première phase, de mars à mi-mai. Puis il y aura les investitures officielles en CNI, entre mai et fin juin », explique Roger Karoutchi. Les LR s’attellent pour l’heure « en priorité aux municipales », « mais si jamais il y a une dissolution, toutes nos investitures seront prêtes fin juin et seront officialisées immédiatement ». Les LR veulent être prêts à dégainer. Au pire, le parti aura pris un peu d’avance sur les législatives de 2027.
Si le gouvernement Bayrou tombe, « le Président peut dire qu’il n’a pas d’autre solution que de redonner la parole au peuple »
Le parti de droite vise cette fois « la parité ». Le sénateur précise au passage que le congrès, qui va départager Bruno Retailleau de Laurent Wauquiez le 17 mai, n’impacte pas le travail de la CNI. Roger Karoutchi résume : « On se prépare pour les législatives et on choisit nos candidats d’ici l’été ».
Reste à voir ce que fera le chef de l’Etat. Pour Roger Karoutchi, tout dépend du gouvernement Bayrou. S’il tient, pas de raison de dissoudre. Mais « on sent qu’à gauche et au RN, ils ont envie de rejouer la motion de censure et de faire tomber le gouvernement », pense le sénateur des Hauts-de-Seine. Ne voyant ni de solution à gauche, ni avec le RN, les deux étant « trop minoritaires », « et dans le bloc central, on aura tout essayé. A ce moment-là, le Président peut dire qu’il n’a pas d’autre solution que de dissoudre et de redonner la parole au peuple ». Roger Karoutchi conclut : « C’est le Président qui a l’arme entre les mains, mais s’il y a dissolution, il faut qu’on soit prêt ».
Au PS, « on fait en sorte d’être en capacité de gérer une hypothétique dissolution »
Et à gauche ? Du côté du Parti socialiste, « il n’y a pas de préparation en tant que tel, car on vient d’ouvrir la phase du congrès et de désignation pour les municipales. Donc on a de quoi s’occuper », explique Jonathan Kienzlen, secrétaire national du PS, en charge des statuts, avant d’ajouter aussitôt : « Mais évidemment, il y a un regard qui se fait, en cas de dissolution à la rentrée. Evidemment, si c’était le cas, on serait prêts ».
S’« il n’y a pas de groupe de travail particulier », précise le responsable socialiste, « en temps masqué, on prépare les législatives, sans les préparer », dit Jonathan Kienzlen. « En tout cas, on fait en sorte d’être en capacité de gérer une hypothétique dissolution. Mais le parti ne le souhaite pas. Car ce n’est pas la peine d’ajouter du bordel au bordel », lance celui qui est aussi premier secrétaire du PS du Val-de-Marne. Un autre responsable du PS, qui suit de très près les élections, est cependant un peu plus affirmatif : « Nous travaillons sur le sujet ».
Rappelant que « la dernière fois, sur 577 circonscriptions, on avait près de 500 candidats », Jonathan Kienzlen n’est « pas inquiet sur le fait qu’on trouvera les candidats s’il y a besoin. Et après, il y a la réflexion avec les autres partis de gauche », rappelle le secrétaire national, qui ajoute :
Quand on réussit à faire le NFP en trois jours, on peut être prêts pour une élection qui ne sera pas annoncée de la veille pour le lendemain.
Jonathan Kienzlen, secrétaire national du PS.
Si les socialistes n’en sont pas à pré-investir des candidats, ils ne s’empêchent pas « de regarder les résultats électoraux, de voir où on est bien placé », et « évidemment, on regardera les sortants, les circonscriptions où on a fait de bons scores, là où on pourrait faire mieux, là où les socialistes sont les mieux placés pour être les meilleurs à gauche, pour gagner, ainsi que la question de l’union de la gauche, sous quelle forme, etc. », énumère le socialiste. Mais pour l’heure, « c’est dans la stratosphère », lance le secrétaire national du PS. Autrement dit, le sujet n’est pas encore en haut de la pile.
Et alors que la rupture semble consommée avec La France Insoumise, quid du Nouveau Front populaire ? « LFI décide de partir tout seul à la présidentielle, dont acte. Ça aura forcément des impacts », soutient Jonathan Kienzlen. Mais il « rappelle que le but premier du NFP, c’était de lutter contre le RN. Ça a marché ». Il renvoie « au débat qui aura lieu à l’intérieur du parti », mais « ce n’est pas pour ou contre LFI », assure le secrétaire national.
Chez Les Ecologistes, on pense déjà au « mandataire financier » et aux « affiches, professions de foi et bulletins »
Chez Les Ecologistes (ex-EELV), on est quasi dans les starting-blocks. Echaudé par « l’expérience de juin dernier, où la dissolution a pris tout le monde de court », se souvient Olivier Bertrand, délégué aux élections des Ecologistes, le parti « se prépare ». « Dans l’instabilité politique actuelle, on ne peut jamais anticiper à long terme les prochaines échéances. Il faut faire comme si nous devions être totalement prêts au mois de juillet », avance celui qui est aussi adjoint au maire de Grenoble, Eric Piolle.
Le parti écologiste a en réalité beaucoup avancé dans sa préparation. « Ça se traduit sur des aspects très concrets : comment on prépare des candidats dans les circonscriptions, comment on met en œuvre tout ce qui est nécessaire pour une campagne, mandataire financier, les documents légaux pour les affiches, professions de foi et bulletins, et un point nouveau pour nous, qui est de sécuriser les campagnes de nos candidats, car on sait que ça peut être tendu dans certaines circonscriptions où l’extrême droite fait des scores très élevés », explique Olivier Bertrand.
Les écolos sont aussi lancés dans leur procédure d’élection interne, ce qui ne facilite pas les choses. « Il y a un congrès, donc on ne peut pas tout faire en même temps », reconnaît Olivier Bertrand. Mais si le parti « n’a pas encore fait de pré-investiture, ce sera une réalité pour le mois de juillet ».
LFI désignera en mars ses « chefs de file en situation d’être candidat », explique Paul Vannier
A gauche aussi, les candidatures seront rebattues en cas d’accord électoral. « NFP ou pas, la logique est d’être prêt en tant que parti. Et bien sûr, à partir de nos investitures, il s’agit de pouvoir discuter dans le cadre du NFP, ou n’importe quel autre cadre », précise le Monsieur élections des Ecologistes. Malgré les tensions avec LFI, « il y a toujours des discussions avec tout le monde, on maintient le contact », assure Olivier Bertrand, « notre ligne, c’est de maintenir cette union de toutes les forces ».
Concrètement, chez les Verts, « on discute avec le PS », « au PCF, ils sont dans la même logique, ils veulent avoir un accord et veulent élargir leur groupe ». Et LFI ? Jean-Luc Mélenchon souhaitant une présidentielle anticipée, LFI se prépare de fait aux législatives qui pourraient suivre. « Nous réunissons des assemblées de circonscription en mars pour désigner des chefs de file en situation d’être candidat pour faire face l’hypothèse » d’une dissolution, confirme le député LFI Paul Vannier, responsable des élections à La France Insoumise. Et l’objectif est d’avoir des chefs de file, prêts à y aller, « dans toutes les circonscriptions ».
Tous les ponts ne sont pas coupés à gauche cependant. « Nous, on discute avec LFI. On a eu une discussion sur les législatives, les municipales, et plus globalement. Je tiens compte de ce qu’ont dit publiquement Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard. Ils annoncent pouvoir y aller seul. Mais ils sont comme nous, ils ont envie de continuer à discuter », avance Olivier Bertrand. Il reste encore quelques mois pour se parler, avant qu’Emmanuel Macron puisse, de nouveau, appuyer sur le bouton de la dissolution.
En avançant l’idée d’une « contribution modeste » pour recréer le lien entre communes et citoyens, le ministre François Rebsamen a relancé ce débat sensible de la fiscalité locale. Au Sénat, tous les sénateurs dénoncent la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron. A la place, le sénateur Bernard Delcros, président de la délégation aux collectivités, soutient l’idée d’une « contribution » qui serait « différentiée, en fonction des revenus des habitants », via « une remise à plat » des impôts locaux.
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La sénatrice socialiste, Corinne Narassiguin présentait, ce mardi, sa proposition de loi visant à encadrer et réduire le nombre de contrôles d’identité. L’objectif est de mettre fin aux contrôles « au faciès ». Un premier pas, selon elle, pour retrouver des rapports apaisés entre la police et la population dans certains quartiers.
Défenseur de ce mode de scrutin de longue date, le premier ministre consulte mercredi le RN, favorable aussi à la proportionnelle. Manière d’envoyer un gage au parti qui le menace encore d’une censure. La gauche est pour, mais ses alliés LR sont clairement opposés. A moins que le retour du cumul des mandats entre aussi dans les discussions.