« Il était une âme qui crie et une force qui arrache la vie aux mains de la mort ». Dans une prise de parole d’une quinzaine de minutes, Emmanuel Macron a rendu hommage ce mercredi 14 février à Robert Badinter. Depuis la place Vendôme, le chef de l’Etat a évoqué la carrière fleuve de cet avocat, disparu le 9 février à 95 ans, devenu garde des Sceaux en 1981, et resté dans les mémoires pour son combat contre la peine de mort, en France et dans le monde.
Emmanuel Macron a ainsi évoqué le célèbre discours prononcé à la tribune de l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981, « plaidoirie inoubliable contre une peine capitale, qui par ces mots est pulvérisée, à son tour exécutée ». « Une majorité vota pour la loi entière, une majorité de la gauche, rejointe par quelques députés de l’opposition conduits par Jacques Chirac. » Le président de la République a également cité quelques-unes des autres grandes réformes judiciaires lancées par Robert Badinter : la dépénalisation de l’homosexualité, l’indemnisation des victimes de la route ou encore la suppression des juridictions d’exception. « Il fallait encore rendre la justice plus humaine et l’humanité plus juste. »
« Je fais le serment d’être fidèle à votre enseignement et à votre engagement »
« Il fut pendant cinq ans le ministre le plus attaqué de France, cible d’une haine dont l’écho résonne encore dans cette place Vendôme », a voulu rappeler Emmanuel Macron. Une référence, notamment, aux manifestations conduites dans les années 1980 par l’extrême droite sous les fenêtres du ministre, alors taxé de laxisme.
Devant la famille de Robert Badinter et l’épouse de ce dernier, le président de la République a évoqué le couple qu’il a formé avec l’essayiste Élisabeth Badinter. « Couple dans le siècle uni par l’universel, complicité dans les épreuves et les procès, les bonheurs et les livres, presque six décennies d’une vie mêlés avec leurs trois enfants. »
Le nom de Robert Badinter « devra s’inscrire » au Panthéon, « aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France », a estimé le chef de l’Etat.
« Robert Badinter, la République faite homme, la vie contre la mort », a encore résumé Emmanuel Macron, saluant « une vie vouée à défendre la dignité de chacun et l’unité de la République ». « Vous nous quittez au moment ou vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent s’avancer à nouveau », a déploré le chef de l’Etat « Je fais le serment d’être fidèle à votre enseignement et à votre engagement. Vous pourrez écouter nos voix couvrir celle des négationnistes et des antisémites. »