5528931846_a3a85e0307_b

Robert Badinter raconte le vote du Sénat pour l’abolition de la peine de mort

Notre série de l’été « Histoire de sénateurs » revient sur les sénateurs qui ont marqué l’Histoire de la Ve République. Robert Badinter, le ministre qui a aboli la peine de mort en 1981, a aussi été sénateur. Il a toujours souligné le rôle de la Haute assemblée dans cette abolition.
Mathilde Nutarelli

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

C’est une figure emblématique du combat abolitionniste. Robert Badinter, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, a porté la loi instaurant la fin de la peine de mort en France au début des années 1980. Le discours qu’il a prononcé devant l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981 est entré dans l’Histoire. Cet illustre avocat a présidé le Conseil constitutionnel mais il a aussi siégé au Sénat, sur les bancs du Palais du Luxembourg. Robert Badinter a en effet été sénateur des Hauts-de-Seine pendant 16 ans, de 1995 à 2011.

Robert Badinter l’abolitionniste

Connu pour ses talents oratoires, il a marqué les esprits avec son allocution du 30 septembre 2011, lors du trentième anniversaire du vote de l’abolition de la peine de mort par le Sénat. Dans un discours vibrant, il raconte l’histoire de ce vote historique et reçoit l’ovation des sénateurs. C’était son dernier discours au Sénat car il ne s’est pas représenté.Robert Badinter y insiste sur le rôle du Sénat dans l’abolition de la peine de mort. « La vérité, c’est que c’est le Sénat, en votant le texte déjà adopté par l’Assemblée nationale, qui a aboli ce jour-là la peine de mort en France », se souvient-il. À la fin de son intervention, il cite même le nom d’anciens collègues, fervents soutiens de l’abolition : le communiste Charles Lederman, le socialiste Michel Dreyfus-Schmidt, le chrétien-démocrate Marcel Rudolf et le gaulliste Maurice Schumann.

Le Sénat indécis avant de voter l’abolition de la peine de mort

Robert Badinter raconte le vote au Sénat de l'abolition de la peine de mort
00:47
Des soutiens précieux car, comme il le rappelle, « avant l’ouverture des débats au Sénat, je mesurais la difficulté de la tâche ». L’opinion publique était peu favorable à l’abolition et le Sénat, surtout ses composantes centristes et de droite, ne semblait pas acquise à la cause. En commission, les sénateurs avaient été invités à voter « selon leur conscience ».C’est pourquoi Robert Badinter a adopté un ton modéré, insistant sur le retard de la France, par rapport aux autres pays européens, sur la question de la peine de mort. Sa stratégie s’est avérée payante, puisque le 30 septembre 1981 en milieu de journée, le texte est adopté au Sénat « dans les mêmes termes que ceux de l’Assemblée nationale ». La peine de mort était abolie en France. Le combat de la vie de Robert Badinter a pris un tournant ce jour-là, et cet admirateur de Condorcet s’en rappelle en citant Victor Hugo, qui a siégé lui aussi au Sénat : « Heureux celui dont on pourra dire en s’en allant : il emporta avec lui la peine de mort ».Ainsi, le Parlement s’est rangé du côté du progrès social en se prononçant pour l’abolition de la peine de mort en septembre 1981. Robert Badinter dit même : « Le Sénat, ce jour-là, a assumé la fonction qui, à mon sens, doit être celle de tout Parlement dans une démocratie : être le phare qui éclaire les voies de l’avenir, et non le miroir qui reflète les passions de l’opinion publique. »

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Robert Badinter raconte le vote du Sénat pour l’abolition de la peine de mort
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le