Robert Bourgi, homme de l’ombre françafricaine, de nouveau en pleine lumière
Son "maître" Jacques Foccart, père de la Françafrique, lui conseillait de "rester à l'ombre pour ne pas attraper de coup de...

Robert Bourgi, homme de l’ombre françafricaine, de nouveau en pleine lumière

Son "maître" Jacques Foccart, père de la Françafrique, lui conseillait de "rester à l'ombre pour ne pas attraper de coup de...
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Son "maître" Jacques Foccart, père de la Françafrique, lui conseillait de "rester à l'ombre pour ne pas attraper de coup de soleil", mais l'avocat Robert Bourgi se retrouve de nouveau en pleine lumière pour ses "cadeaux" à François Fillon, des costumes sur mesure.

"Un simple cadeau amical", d'un montant total de 13.000 euros, offert sans "conflit d'intérêt ni trafic d’influence", a assuré à l'AFP Me Bourgi à propos des costumes, commandés au tailleur de luxe Arnys et offerts au candidat de la droite, empêtré dans les affaires depuis un mois et demi. Selon Le Parisien samedi, il aurait également fait en 2013 ou 2014 un don - légal - de 7.500 euros au micro-parti de M. Fillon.

Qu'est-ce qui a poussé cet homme de 71 ans aux cheveux poivre et sel, né au Sénégal dans une famille de commerçants libanais, familier de nombreux chefs d'Etat africains, à rompre une nouvelle fois avec la discrétion consubstantielle à ses activités de conseiller et d'intermédiaire?

Celui qui avait mis en 2011 la chiraquie dans l'embarras en racontant avoir rapporté à Jacques Chirac et Dominique de Villepin des valises de billets en provenance de pays africains est devenu ces dernières années un "ami" de M. Fillon.

Il y a quelques années, il était plutôt proche de Nicolas Sarkozy qui le présentait comme un des "grands serviteurs" de la France et un "grand connaisseur de l'âme africaine", en lui remettant, le 27 septembre 2007, les insignes de la Légion d'honneur.

Mais les conseillers élyséens, selon des documents diplomatiques diffusés via Wikileaks fin 2010, voyaient en fait en lui "un mercenaire uniquement préoccupé par son bien-être".

- "Le gangster" -

"Le premier objectif de Bourgi est de faire sa propre promotion en vue de son enrichissement personnel et il ne représente pas le gouvernement français", aurait confié un de ces conseillers. Un autre admettait cependant que cet homme au copieux carnet d'adresses, parlant aussi bien français, arabe que wolof, "fournit de précieux conseils au gouvernement français sur le Sénégal, le Gabon, et le Congo-Brazzaville".

Autant de notations qui tracent de cet avocat inscrit au barreau de Paris depuis 1993, après des années d'enseignement du droit en Afrique, l'image d'un intermédiaire indispensable et embarrassant.

"M. Bourgi connaît bien l'Afrique et ses dirigeants. A ce titre, il est utile dans la compréhension que nous avons de ce continent", expliquait en 2009 Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée. Mais "cela ne fait de lui ni notre agent, ni notre porte-parole".

Il a fréquenté assidûment l'Elysée de M. Sarkozy, venant le voir le soir en garant sa Maserati sur les graviers de l'Elysée, sans passer par la cellule Afrique, dont certains membres l'avaient surnommé le "gangster".

C'était le temps où M. Bourgi, hâbleur, voire vantard, était sorti de la coulisse en commentant l'éviction en mars 2008 de Jean-Marie Bockel du ministère de la Coopération sur demande, selon lui, du chef de l'Etat gabonais Omar Bongo.

Dans l'affaire Fillon et le volet des costumes Arnys, il dit se tenir à disposition des enquêteurs. "Mais pourquoi voulez-vous que j'ai peur? J'agis en mon nom propre", disait en 2011 celui qui tient de Foccart qu'un "vrai secret ne s'échange qu'à deux. Jamais à trois". Jeudi, selon Le Parisien, un dégât des eaux a endommagé des ordinateurs et téléphones de son cabinet.

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