Roselyne Bachelot : « La convergence des médias est inéluctable et porteuse de promesses »
« A l’ère de la convergence des médias, il serait quand même contreproductif d’entraver à l’excès les stratégies plurimédias des acteurs. C’est sans doute le sens de l’histoire », a estimé devant le Sénat la ministre de la Culture, selon qui « l’extension des règles anti concentration au numérique est un objectif à atteindre ».
Par Public Sénat
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Après pas moins de 46 auditions, la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias touche bientôt à sa fin. Les sénateurs ont auditionné ce mercredi la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.
« La réflexion doit porter aussi sur la concentration verticale »
La ministre, qui a suivi les auditions, constate que « pour certains, la concentration est un problème, pour d’autres, c’est une solution ». Alors que le projet de fusion TF1/M6 fait débat, Roselyne Bachelot a exprimé quelques « convictions ». « La convergence des médias est inéluctable et porteuse de promesses pour le dynamisme économique du secteur. Les règles qui encadrent la concentration plurimédias doivent tenir compte de cette réalité incontournable », estime la ministre de la Culture (voir la vidéo).
Pour la ministre, « la réflexion doit porter aussi sur la concentration verticale ». Interrogée par le rapporteur David Assouline sur les « acteurs qui possède les tuyaux, c’est-à-dire les fournisseurs d’accès, que ce soit SFR, Altice, Free ou Bouygues », et en même temps des médias, la ministre de la Culture reconnaît que « ça comporte une part de danger en soi ». Doit-on faire rentrer dans la sphère de la régulation les tuyaux ? », demande le socialiste. « Oui, bien sûr », soutient la ministre.
« Il est clair que (les règles) ne sont pas adaptées aux réalités actuelles »
Alors que la loi sur les médias date de 1986, pour Roselyne Bachelot, « il est clair que (les règles) ne sont pas adaptées aux réalités actuelles ». Pour la ministre, « l’enjeu est moins d’assouplir ou de durcir la réglementation, que la modernisation pour adapter la loi aux règles actuelles des usages et des marchés ». Elle fait de « l’extension des règles anti concentration au numérique un objectif qu’il nous faut atteindre ».
La règle du « deux sur trois », qui empêche un groupe d’être présent à la fois dans la télévision, la radio et la presse quotidienne, « mérite d’être repensée », et « parfois durcie sur certaines règles », selon la ministre, « car au niveau national, elle n’est que très peu contraignante ».
Roselyne Bachelot estime néanmoins qu’« à l’ère de la convergence des médias, il serait quand même contreproductif d’entraver à l’excès les stratégies plurimédias des acteurs. C’est sans doute le sens de l’histoire, c’est indispensable à leur dynamisme ». Regardez :
Concernant la refonte des aides à la presse, la ministre estime que « l’impératif du pluralisme justifie qu’on accorde une attention particulière aux médias qui ne dépendent d’aucune autre activité économique. Cela pourrait prendre la forme d’une bonification ou d’un couloir réservé au sein de certaines aides directes. C’est une réflexion que je suis prête à engager », affirme Roselyne Bachelot, qui évoque aussi « les dispositifs fiscaux ».
Pour les chaînes infos, « on pourrait imaginer des règles qui permettraient de limiter le pourcentage de débats par rapport à l’information »
Alors que des SDJ (sociétés de journalistes) demandent la création d’un « statut juridique des rédactions », souligne le président de la commission d’enquête, le centriste Laurent Lafon, la ministre de la Culture y voit, elle, « plus de difficultés que d’avantages ». Pour Roselyne Bachelot, il existe parfois « une confusion » entre « pluralisme de l’information » et « indépendance des médias ». « Il est essentiel de garder à l’esprit que ces notions sont distinctes, même si elles entretiennent des liens », dit-elle, avant d’ajouter :
La concentration peut être une menace pour le pluralisme, mais sa défense ne se limite pas à l’encadrement de la concentration.
Quant aux chaînes d’infos, et les questions qui tournent autour de CNews, dont certains estiment qu’elle est devenue une chaîne d’opinion, ce qui ne respecte plus son autorisation d’émettre qui en fait une chaîne d’information, la ministre rappelle qu’« il n’y a pas de télévision d’opinion. Le régulateur ne l’accepte pas ». A l’avenir, « on pourrait imaginer des règles qui permettraient de limiter le pourcentage de débats par rapport à de l’information sèche apportée par des journalistes ».
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