Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy (LREM), a vanté mardi "le travail considérable" accompli en un an par les députés, "si souvent mis en cause", lors d'un discours de fin de session peu avant l'examen de la révision constitutionnelle.
"Ce bilan, je le fais d’abord et avant tout pour mettre en valeur le travail des députés, si souvent mis en cause, que ce soit par la résurgence d’un vieil antiparlementarisme ou par des classements aussi réducteurs que simplistes", a lancé le titulaire du "perchoir" devant un hémicycle qu'avaient quitté la gauche et une partie de la droite.
"Rappelez-vous, il y a quelques mois, le procès en amateurisme contre les nouveaux députés. Ne nous y trompons pas, ce procès était le procès du renouvellement", a aussi estimé M. de Rugy (LREM), debout, en présence de plusieurs membres du gouvernement, à commencer par Édouard Philippe.
Aux différents groupes politiques, dont certains comme les Insoumis sont en conflit ouvert avec lui, M. de Rugy a assuré que "quelles que soient (les) différences d’approche, (il) les respecte toutes".
"En une année, nous avons siégé pendant plus de 1.329 heures en séance (...) 92 textes ont été examinés, dont 67 projets et 25 propositions de loi", a-t-il souligné. "Plus de 19.000 amendements ont été discutés dans l’hémicycle, dont plus de 2.800 adoptés", parmi lesquels plus d’un amendement sur six "provenait d’un groupe d’opposition".
"Les députés travaillent dans l’hémicycle mais ce n’est qu’une petite partie de leur activité", a-t-il ajouté, sous des applaudissements.
Et "nous avons touché les limites de nos modes de fonctionnement. Ni l’inflation législative ni celle des amendements ne font de bonnes lois", a-t-il poursuivi, listant, sous l’œil d’Édouard Philippe, ses desiderata pour la révision constitutionnelle afin de "rendre le Parlement plus fort en le rénovant".
"Merci à l'ensemble des députés" et "aux députés de la majorité qui enrichissent l'action du gouvernement", a ensuite salué le Premier ministre. Des députés "obéissants", a lancé un élu dans la partie droite de l'hémicycle.
Par ce discours de fin de session ordinaire, le président de l'Assemblée, applaudi debout à la fin par la majorité, a renoué avec une pratique ayant existé sous d'anciennes législatures, de 1959 à 1981, puis reprise par Philippe Séguin en 1993. Il n'y avait pas eu de tel discours depuis 2003.
M. de Rugy a d'ailleurs cité Philippe Séguin, mais aussi Georges Clemenceau, selon qui "pour faire vivre une démocratie , il faut (...) demander au gouvernement de rendre compte de ses actes".
Selon le chef de file des députés communistes André Chassaigne, François de Rugy "a sans doute besoin de s'expliquer, se justifier" sur "l'entreprise de démolition de l'Assemblée nationale en différents domaines" en cours. Une "campagne de mi-mandat", a glissé le député PCF Sébastien Jumel, également en conférence de presse en amont.