La décision est présentée comme « inédite » par le maire Saint-Dié-des-Vosges, Bruno Toussaint. Depuis le 1er avril, La chasse est désormais interdite le dimanche après-midi dans deux massifs forestiers de la commune. Une mesure prise « d’un commun accord et en bonne intelligence », avec l’association de chasse communale. Les chasseurs, qui ne chassaient déjà plus le mercredi, ne le feront plus non plus le dimanche à partir de 13H00 dans deux massifs particulièrement fréquentés les week-ends. A noter que cette décision n’est pas liée à un accident de chasse dans cette région comme la précisé l’édile.
A deux jours de l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi écologiste visant à interdire de la chasse le dimanche, cette nouvelle relance le débat sur la généralisation d’un jour sans chasse au niveau national. En 2021, une mission du Sénat avait été mise en place après le succès d’une pétition déposée par le collectif « Un jour, un chasseur » sur la plateforme dédiée de la Haute assemblée. Ce collectif avait été créé après la mort d’un jeune homme dans le Lot, Morgane Keane tué par la balle d’un chasseur pendant qu’il coupait du bois dans son jardin. La demande principale du collectif était l’interdiction de la chasse les mercredis et dimanches.
Plusieurs candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot avaient par la suite pris position durant la campagne en faveur d’un jour sans chasse. Cette mesure a été écartée par la mission du Sénat et par le gouvernement lors de la présentation de son plan pour la sécurisation de la chasse en janvier dernier.
« Le bon sens partagé »
Le rapporteur de la mission sénatoriale, Patrick Chaize (LR) également auteur d’une proposition de loi qui devrait être examiné d’ici cet été, salue « le bon sens partagé » qui a amené à cette décision du maire de Saint-Dié-des-Vosges. « C’est la philosophie générale de notre rapport qui consiste à décider des jours sans chasse au cas par cas, commune par commune, département par département. Là où nous ne sommes pas d’accord, c’est de prendre cette décision de manière uniforme sur le territoire national. Si vous prenez un département très rural, ça n’a pas vraiment de sens d’interdire la chasse le dimanche après-midi puisque les promeneurs sont principalement des chasseurs », estime-t-il.
« Un patchwork de réglementations »
Daniel Salmon, sénateur écologiste, qui fut membre de la mission d’information accueille cette mesure locale « comme une bonne nouvelle ». « Il n’y en a pas beaucoup ces derniers temps ». « Dans cette commune, ils ont montré qu’on pouvait travailler en bonne intelligence. Il faut maintenant qu’on généralise les jours sans chasse afin de ne pas se retrouver avec un patchwork de réglementations et que ça devienne illisible. J’avais proposé, dans le cadre de la mission, la mise en place de quatre demi-journées sans chasse », rappelle-t-il. Pour autant, l’élu garde peu d’espoirs de voir la proposition de loi visant à interdire de la chasse le dimanche, de son collègue, le député EELV Charles Fournier, être adoptée à l’Assemblée, jeudi. Daniel Salmon indique que son groupe déposera des amendements en ce sens lors de l’examen du texte de Patrick Chaize.
« On essaye de trouver un terrain d’entente avec les chasseurs »
La proposition de loi sénatoriale sur laquelle se base le gouvernement pour décliner les mesures de son plan chasse doit être examinée avant l’été. Le sénateur LR sortait justement, ce mardi, d’une réunion avec les services de la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Bérangère Couillard, et la fédération nationale des chasseurs. « On essaye de trouver un terrain d’entente avec les chasseurs, mais ça coince pour l’instant », confie-t-il. Dans le viseur des chasseurs, les mesures qui visent à uniformiser les règles de sécurité.