Politique
Sénat : Guillaume Gontard reste président du groupe écologiste
Le groupe écologiste – solidarité et territoires a maintenu à sa tête le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard.
Le
Par Public Sénat
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Après les sifflets des jeunes agriculteurs contre Emmanuel Macron, Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, met les pieds dans le plat. « On savait très bien depuis quelques jours que Christiane Lambert, enfin la FNSEA, avait acheté 250 sifflets et avait dit aux jeunes, il va falloir secouer un peu le Président » affirme sur Public Sénat le responsable agricole. « Je sais que c’était coordonné » soutient Bernard Lannes. « Au salon, on sait très bien, il faut montrer qu’un certain syndicalisme veut faire entendre sa voix », ajoute le syndicaliste. Mais pour lui, « c’est le vieux système qui secoue le Président, tout en cogérant derrière… »
Laurent Pinatel, le porte-parole de la Confédération paysanne, s'est dit « un peu surpris » par les sifflets de la matinée, adressés par les Jeunes Agriculteurs au chef de l'État :
« Ce matin j’étais avec Bernard [Lannes] et Christiane [Lambert] au petit-déjeuner avec Emmanuel Macron, avec Jérémy Decerle, le président des Jeunes Agriculteurs, qui a plutôt eu des propos consensuels par rapport au chef de l’État. Et puis après on sort dans les allées et on se met à siffler. Il faut avoir le courage de ses idées. Sur la forme, c’est quand même surprenant. »
Sur le fond des problèmes, Laurent Pinatel a déclaré qu'il fallait qu' « Emmanuel macron passe des discours aux actes ».
« Le Salon de l’Agriculture, c’est toujours un moment où les élus politiques vont au contact des agriculteurs, il n’y a pas de filtre, c’est en direct », a rappelé la président du principal syndicat agricole, la FNSEA. « J’espère qu’il y a eu explication franche entre eux. »
« Les Jeunes agriculteurs lui ont rappelé, déjà à l’Élysée, et ce matin » que la transformation de l’agriculture « ne peut pas se faire sans un climat de confiance et sans aussi des conditions économiques meilleures, notamment en termes de revenus », a déclaré Christiane Lambert sur Public Sénat.
Selon elle, il y a plusieurs « inquiétudes « par rapport à la PAC, des retards de versement suppressions de certaines mesures, aux difficultés des zones défavorisées ».
Copieusement chahuté et sifflé par des jeunes agriculteurs lors de sa visite au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron est retourné voir ceux qui lui ont réservé cet accueil. Le Président a tenu un langage direct, « les yeux dans les yeux »…
Interpellé sur le glyphosate, que la France interdira « au plus tard dans trois ans », Emmanuel Macron a expliqué que sur « le glyphosate, il n’y a aucun rapport qui dit que c’est innocent. Certains disent que c’est très dangereux, d’autres disent que c’est moyennement dangereux. Moi, j’aurai à répondre de ce que je fais, demain et après-demain. Dans le passé, on a dit que l’amiante n’était pas dangereux. Et les dirigeants, qui ont laissé passer, ils ont eu à répondre » s’énerve le chef de l’Etat.
En face, le jeune agriculteur ne veut pas se laisser faire :
« Ça va. Nous, on est calme. Vous vous calmez s’il vous plaît là ! C’est quoi ces manières ? Merci pour les leçons ! »
Emmanuel Macron, surpris par la réponse : « Attendez, vous m’avez sifflé dans le dos depuis tout à l’heure ! ». L’échange continue plusieurs minutes. Et s’apaise. A la fin, les deux jeunes agriculteurs, s’ils ne sont peut-être pas convaincus, apprécient : « Merci de vous être arrêté. Je compte sur vous, hein ! »
Frédéric Arnoult, président Jeunes agriculteurs Île-de-France Ouest, revient sur les sifflets qui ont retenti à l'arrivée d'Emmanuel Macron près des stands de la fillière viande. « C’est possible qu’il y ait plusieurs points du salon où ça siffle », prévient-il. « C’est impossible de l’interpeller, on aurait aimé avoir des réponses à nos questions. »
Pour ce responsable des JA, Emmanuel Macron est « un Président qui ne connaît pas le monde agricole ». « La filière céréalière est mise totalement de côté », dans les annonces gouvermentales, selon lui.
« Sur tous les différents accords commerciaux internationaux, on sent bien que ce n’est pas simplement des contrôles à l’entrée de l’Europe qu’il nous faut, ce sont des droits de douane. »
Il pouvait s’y attendre. Emmanuel Macron est copieusement sifflé. Des jeunes agriculteurs ont brandi des t-shirts « attention paysans en colère » lors du passage du président de la République au Salon de l’agriculture. Des partisans du chef de l’Etat, visiblement venus sur place pour accompagner sa visite, tente de couvrir les sifflets par des applaudissements. Mais les sifllets reprennent de plus belle… Emmanuel Macron, filmé en permanence, garde son calme, force son sourire et continue de serrer les mains, comme si de rien n’était.
Autre dossier sensible pour le président de la République : les attaques de loups. « Vous nous avez promis zéro prédation », rappelle un éleveur, peu convaincu par les engagements présidentiels contenus dans le plan loup. « On déplace pas le loup comme cela, Monsieur le président, vous le savez bien ! »
Les éleveurs et les élus locaux ont demandé à être reçu par le président de la République. Le rendez-vous est confirmé, mais Emmanuel Macron précise que « ce n’est pas un rendez-vous avec le président de la République qui réglera votre problème », mais la « déclinaison sur le territoire » des mesures, en lien avec les préfets.
Passage obligé. Emmanuel Macron, entouré du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, et du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, fait une photo avec Haute, la vache Aubrac égérie du Salon de l'agriculture.
Arrivé dans le Hall numéro 1, Emmanuel Macron a échangé durant quelques minutes avec des éleveurs, habillés dans des costumes de vaches. Les agriculteurs ont fait part au chef de l'État de leurs vives inquiétudes sur le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays d'Amérique du Sud du Mercosur, notamment sur les différences de normes. « On peut contrôler chez nous quand ça arrive. Il n’y aura pas d’ouverture sans cela », a assuré Emmanuel Macron.
Il a également été question du projet de loi Alimentation. « La distribution se moque de nous », ont relayé les éleveurs.
Emmanuel Macron est arrivé avant l'ouverture au public pour inaugurer son premier salon de l'Agriculture en tant que président de la République. Il a débuté sa visite par une rencontre à huis-clos avec les principaux acteurs institutionnels de l'agriculture française. Il déambulera ensuite toute la journée dans les stands, à la rencontre des exposants.
Pour cette réunion en forme de petit-déjeuner, proposée par l'Elysée, les dirigeants des cinq syndicats représentatifs du secteur sont présents (FNSEA, Jeunes agriculteurs, Confédération paysanne, Coordination rurale, Modef), ainsi que ceux de la Mutualité sociale agricole (MSA, la sécurité sociale du monde agricole), de l'organisme de recherche INRA, de Coop de France et d'autres organismes institutionnels du secteur.
L’occasion pour Emmanuel Macron de « faire un point assez large sur les professions, qu’on puisse parler aussi des sujets de financement, des sujets de modèle social, sur lequel il y a beaucoup d’attentes, qu’on puisse évoquer la recherche. Et qu’on puisse évoquer le sujet Etat-région » a expliqué le chef de l’Etat en s’installant à la table (voir la vidéo).
« Il faut préparer les prochaines échéances et le schéma de la PAC à venir » a ajouté Emmanuel Macron. « Il y a un avenir certain, un avenir à inventer ensemble. Il y a des décisions qui sont parfois difficiles à prendre dans certains secteurs. Je sais qu’il y en a qui doutent. Mais je sais aussi que l’agriculture française est aussi une terre de conquête ».
L'intégrale du mercredi 27 septembre