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Salut nazi ou geste maladroit ? « Elon Musk a des accointances avec les codes du fascisme »

Le milliardaire américain, Elon Musk a presque éclipsé la cérémonie d’investiture à la Maison Blanche de Donald Trump, en effectuant par deux fois, lors du meeting du nouveau président, ce qui pourrait s’apparenter être un salut nazi. L’intéressé a démenti sur son réseau social X. Au regard de ses prises de position récentes, il semble difficile d’écarter cette signification.
Simon Barbarit

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Un geste inconcevable. En plein discours sur la scène de Capital One Arena, où les partisans de Donald Trump s’étaient rassemblés quelques heures après son investiture, Elon Musk a effectué ce qui s’apparente à un salut nazi. Le nouveau ministre de l’Efficacité gouvernementale remerciait la foule d’avoir permis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, lorsqu’il frappa sa poitrine avec la main droite puis tendit le bras, la paume ouverte. Le geste effectué à deux reprises a provoqué le débat sur les réseaux. Certains ont défendu le milliardaire évoquant « un geste maladroit » « d’un homme autiste », d’autres y ont vu un geste symbolisant « mon cœur est avec vous ».

Quelques heures après la polémique, l’homme le plus riche du monde a finalement balayé les accusations sur son réseau social X. « Franchement, ils ont besoin de meilleurs coups tordus. L’attaque du type, tout le monde est Hitler, est tellement usée », a-t-il évacué.

Interrogé sur ce geste depuis le forum de Davos, le chancelier Allemand Olaf Scholz, a répondu à ce geste du patron de X. « Nous avons la liberté d’expression en Europe et en Allemagne, chacun peut dire ce qu’il veut, même s’il est milliardaire, et ce que nous n’acceptons pas, c’est le soutien à des positions d’extrême droite ».

« Il y a chez lui une dimension sacrificielle au service d’une vision »

Au regard de ces récentes prises de position et de la clarté du geste effectué, l’hypothèse d’un salut nazi semble plus que jamais tenir la corde. Le patron de Space X a multiplié, ces dernières semaines, les déclarations de soutien à des formations européennes d’extrême droite, comme le parti néonazi allemand, AFD, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, ou encore le parti anti-immigration britannique Reforme UK. « On peut difficilement interpréter autrement ce geste que comme un salut nazi », considère Irénée Régnauld, consultant et chercheur associé au laboratoire Costech de l’université de technologie de Compiègne et co-auteur de « Une histoire de la conquête spatiale, des fusées nazies aux astrocapitalistes de New Space », (ed. la Fabrique 2024). Irénée Régnauld note tout d’abord que « Le basculement pro MAGA (Make America Great Again) d’Elon Musk « n’est pas surprenant au regard de ses pratiques managériales autoritaires et antisyndicales ». De là en faire un partisan du régime nazi ? « Je ne sais pas ce qu’Elon Musk a dans la tête, toutefois, tout au long de son parcours, on relève des accointances avec les codes du fascisme. En 2020, par exemple, il avait justifié le coup d’Etat en Bolivie contre le président Evo Morales Ayma au nom de l’approvisionnement en lithium. Il y a également chez lui une dimension sacrificielle au service d’une vision, la conquête de Mars. A l’inverse de la culture Nasa qui est, elle, basée sur la sécurité des équipages. N’oublions pas non plus que les figures pionnières, de la conquête spatiale sont, malgré une réécriture historique, incontestablement nazies ».

Au premier desquels, Wernher von Braun qui développa les missiles balistiques V2 dans le camp de concentration de Dora avant d’émigrer aux Etats-Unis où il prendra en charge, au sein de la Nasa, la conception de la fusée Saturn V essentielle dans la réussite des missions lunaires.

« Il y a cette idée de surhomme dans sa vision de l’humanité »

Olivier Lascar, journaliste scientifique, auteur de « Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science (Ed. Alisio Sciences 2022) rappelle que le patron de Tesla et PDG de SpaceX « est l’incarnation d’une idéologie inégalitaire ». « Installer l’humanité sur Mars, équiper les hommes et les femmes de puces cérébrales, ces projets transhumanistes, si l’on met de côté leur faisabilité technique, ne concerneront qu’une petite partie de la population. Ceux qui pourront se l’offrir. Il y a cette idée de surhomme dans sa vision de l’humanité, selon laquelle une partie de la société qui se considère comme supérieure, doit être libérée d’un système d’organisation social qui bride son émancipation ».

Mais la promesse du nouveau ministre de l’Efficacité gouvernementale de réaliser 2 000 milliards d’économies ne se fera pas sans conflits d’intérêts. L’année dernière, le New York Times avait calculé qu’au cours de la décennie écoulée, les entreprises d’Elon Musk avaient signé pour 16 milliards de dollars de contrats avec 17 agences fédérales différentes.

 

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