Sans ferveur, le Sénat adopte la proposition de loi justice de proximité
Le Sénat a adopté ce jeudi une proposition de loi qui vise à lutter contre les incivilités du quotidien en créant des nouvelles alternatives aux poursuites et facilitant la mise en œuvre du travail d’intérêt général. Ce texte « assez technique » n’est toutefois « pas révolutionnaire » pour les sénateurs.

Sans ferveur, le Sénat adopte la proposition de loi justice de proximité

Le Sénat a adopté ce jeudi une proposition de loi qui vise à lutter contre les incivilités du quotidien en créant des nouvelles alternatives aux poursuites et facilitant la mise en œuvre du travail d’intérêt général. Ce texte « assez technique » n’est toutefois « pas révolutionnaire » pour les sénateurs.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

3 min

Publié le

« Cette proposition de loi apparaît assez technique et de portée limitée », commentait déjà la sénatrice LR, Agnès Canayer, lors de son examen en commission des Lois. Ce jeudi, le Sénat a néanmoins adopté un texte qui représente à leurs yeux des avancées dans la lutte contre les incivilités du quotidien.

En effet, la proposition de loi portée par des députés de la majorité présidentielle comporte essentiellement des ajustements pour offrir de nouvelles alternatives aux poursuites pénales mineures qui « empoisonnent la vie de nos concitoyens », pour Vanina Paoli-Gagin, sénatrice rattachée au groupe Les Indépendants. Il s’agit donc de renforcer les dispositifs déjà existants comme les travaux d’intérêt général (TIG) et les travaux non rémunérés (TNR) qui font partie des mesures pouvant être décidées dans le cadre d’une composition pénale.

En 2020, près de 38 000 TIG ont été exécutés et 90 000 peines d’emprisonnement de moins de six mois ont été prononcées, alors même que le taux de récidive en sortant de prison est de 59 %. Cette proposition de loi va donc permettre de simplifier cette peine alternative en autorisant les employeurs de l’économie sociale et solidaire à proposer des TIG ou encore en déjudiciarisant leur application.

Le texte prévoit en effet le transfert au directeur du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) la compétence de déterminer les modalités d’exécution de l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général (TIG) que détient actuellement le juge de l’application des peines (JAP). La proposition prévoit par ailleurs une contribution dite citoyenne à une association agréée d’aide aux victimes. Cette contribution financière plafonnée à 3 000 euros, qui n’est pas une amende pénale, doit apporter une sanction adaptée aux incivilités commises.

« Les mesures envisagées par le texte ne suffiront pas à concrétiser la promesse d’une justice de proximité »

« Vous proposez de perfectionner la panoplie des alternatives aux poursuites, c’est bien sûr de bon augure », a salué le sénateur UC, Philippe Bonnecarrère face au garde des Sceaux. Le ton se fait plus critique chez le sénateur, LR, Jean-Baptiste Blanc, qui pointe les limites de chacun des articles en s’interrogeant sur ce retour à la proximité « dès lors que les juridictions locales sortent de plusieurs années au rouleau compresseur de suppression de juridictions et de fusions court-termistes ».

« Les mesures envisagées par le texte ne suffiront pas à concrétiser la promesse d’une justice de proximité », estime pour sa part la sénatrice communiste, Cécile Cukierman. Pour le sénateur socialiste, Hussein Bourgi, la proposition de loi des députés de la majorité Dimitri Houbron et Olivier Becht « n’est pas révolutionnaire ». Le sénateur a déposé plusieurs amendements pour la création de stage de sensibilisation à la haine en ligne ou à la préservation de l’environnement qui ont été rejetés.

En face, le garde des Sceaux a défendu le texte des députés de la majorité tout en appuyant sur l’augmentation du budget de la justice en hausse de 8 % pour l’année 2021.

 

Dans la même thématique

Sans ferveur, le Sénat adopte la proposition de loi justice de proximité
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Sans ferveur, le Sénat adopte la proposition de loi justice de proximité
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le

SIPA_01204192_000001
6min

Politique

Olivier Faure à la tête du PS : « Ce que va montrer le congrès de Nancy, c’est la faiblesse du parti »

Après sa réélection de justesse à la tête du PS, le plus dur commence pour Olivier Faure. Le premier secrétaire va avoir la lourde tâche d’unir un parti divisé, de conserver ses principaux bastions socialistes aux prochaines municipales ou encore de fixer une stratégie pour une candidature crédible à la prochaine présidentielle. Analyse du politiste Pierre-Nicolas Baudot et de l’historien, Alain Bergougnioux.

Le