Sans Philippot, le FN prêt à évoluer sur l’économie et l’UE
Après le départ de Florian Philippot, le plus farouche adversaire de l'Union européenne, le Front national se prépare à une...

Sans Philippot, le FN prêt à évoluer sur l’économie et l’UE

Après le départ de Florian Philippot, le plus farouche adversaire de l'Union européenne, le Front national se prépare à une...
Public Sénat

Par Guillaume DAUDIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Après le départ de Florian Philippot, le plus farouche adversaire de l'Union européenne, le Front national se prépare à une évolution de ligne politique et économique, assurant avoir "entendu le message des électeurs" à la présidentielle.

Le parti d'extrême droite, qui a fêté ses 45 ans jeudi, a déjà connu bien des inflexions idéologiques depuis sa création : pourfendeur de "l'État-Moloch" et soutien du très libéral président américain Ronald Reagan dans les années 1980, il devient davantage social et souverainiste au début des années 1990.

Avec l'ascension de Marine Le Pen dans les années 2000, la ligne "ni droite ni gauche" devient reine : toujours farouchement hostile à l'immigration, le FN fait de l'UE et de l'euro la source de nombre de maux. Cette ligne "sociale-souverainiste" promue par Marine Le Pen, est renforcée par Florian Philippot à son arrivée fin 2011.

À Toulouse, fin septembre, la patronne du parti semble prévenir les partisans d'une droitisation du FN, qu'elle sera inflexible: "Je ne sais pas s'il y a une aile gauche, une aile droite, il y a une ligne celle que je porte".

Pourtant, elle affirme aussi que le temps est désormais venu "d'entendre l'inquiétude des Français" sur les propositions du FN. Le très large échec au second tour de la présidentielle, le débat "raté" face à Emmanuel Macron et le départ de Florian Philippot ont laissé le champ libre aux partisans d'une droitisation du parti et d'un gommage des diatribes anti-UE et anti-euro.

Comment faire évoluer, sans se renier, un programme économique et européen singulier dans le paysage politique, mais dont LR fait un épouvantail pour les électeurs de droite, en le présentant comme une copie de celui de "l'extrême gauche" de Jean-Luc Mélenchon ?

Un des proches de Mme Le Pen "pense" que celle-ci est bien "prête à bouger" et le fera accepter à l'opinion précisément grâce à cet élément de langage : dire "clairement que le FN a compris le message de second tour de la présidentielle".

Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting, publié début septembre, 54% des Français se sentent "proches" du programme du FN sur l'"insécurité", 48% sur l'immigration, mais seulement 33% sur la "politique économique et sociale" et 27% sur "l'euro et l'Europe".

- La sortie de l'euro "enterrée" -

Pour faire avancer ce changement de ligne, plusieurs sources dans le parti comptent exploiter un questionnaire bientôt envoyé aux adhérents et qui leur demandera s'ils veulent "retrouver", dans cet ordre : la "souveraineté territoriale", "économique", "législative" et, à la fin d'un éventuel mandat présidentiel, la plus clivante, la "souveraineté monétaire (fin de la monnaie unique)".

La base FN devrait "avaliser" ainsi cet "enterrement de première classe" de la sortie de l'euro, estime un parlementaire FN. "Il faut garder l'euro, mais en faire une monnaie au service de l'économie", souhaite désormais un haut dirigeant.

Outre la monnaie et l'économie, c'est sur l'UE que pourrait évoluer celle qui assumait le surnom de "Miss Frexit".

Le même haut dirigeant a ainsi déjà vu un "très clair changement de cap" dans le discours de sa patronne, dimanche au Futuroscope, sur l'"Union des nations européennes" : "C'est très loin de ce qu'en disait Florian Philippot", estime cette source.

Signe des temps, c'est d'ailleurs Nicolas Bay, l'un des principaux partisans de cet ajustement, qui est désormais chargé des affaires européennes.

Le FN doit-il encore prôner la sortie de l'UE ? "Évidemment non ! Il faut réformer l'UE de l'intérieur", assume la source proche de Mme Le Pen.

"Nous sommes des Européens, il faut modifier les textes européens pour arriver à un fonctionnement plus démocratique, moins technocratique", plaide aussi le vice-président du parti, Louis Aliot.

Pour Florian Philippot, cet ajustement appartient déjà au passé : le "changement de ligne", la "régression terrible" dont il accuse le FN, ont eu lieu pendant la présidentielle.

Partager cet article

Dans la même thématique

Sans Philippot, le FN prêt à évoluer sur l’économie et l’UE
4min

Politique

Réforme des retraites : « La suspension est un leurre, elle sera retoquée en commision mixte paritaire », avertit Cécile Cukierman (PCF)

Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.

Le

Paris: Questions au gouvernement Assemblee nationale
4min

Politique

Budget : l’abandon du 49.3 va-t-il prendre les socialistes à leur propre piège ?

Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.

Le

Direct. Suivez la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu devant le Sénat
30min

Politique

Sébastien Lecornu accueilli froidement au Sénat : revivez les temps forts de la déclaration de politique générale

Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.

Le

Sans Philippot, le FN prêt à évoluer sur l’économie et l’UE
9min

Politique

Budget : « Incertain » en 2029, le passage à 3 % de déficit arrivera « au mieux en 2031 », alerte Pierre Moscovici

« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».

Le