Santé : Fillon allège l’ordonnance

Santé : Fillon allège l’ordonnance

François Fillon a présenté la version corrigée de son projet santé. Il ne fait plus de différences entre affections de longue durée et petits soins. Mais il développe une vision de la santé où public et privé sont imbriqués.
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Un peu de miel pour faire passer la pilule. Avant le Penelopegate, le projet santé de François Fillon concentrait les critiques. Dès la primaire, Alain Juppé l’avait attaqué sur ses propositions. Le grand oral des candidats à la présidentielle devant la Mutualité française, ce mardi, a été l’occasion pour François Fillon de présenter la version 2 de son projet santé. Une évolution déjà amorcée fin 2016. En janvier, l’équipe du candidat chargée du sujet a reçu ensuite au QG de campagne près d’une centaine de représentants du monde de la santé pour préparer cette nouvelle mouture.

François Fillon confirme ne plus faire la différence entre affections graves et de longue durée, prise en charge par la Sécu, et « petits soins » confiés aux mutuelles. C’est cette proposition qui lui avait valu les accusations de privatisation de la Sécurité sociale, à laquelle les Français sont toujours attachés selon un sondage pour la Mutualité française. Exit donc le « paniers » de soins. « Pas question de toucher à l’assurance maladie et encore mois de la privatiser, ni de baisser son taux d’intervention » a martelé François Fillon ce matin (voir la vidéo).

« Aboutir à un reste à charge de zéro » sur les lunettes ou « le plus proche possible de zéro » ?

Comme publicsenat.fr l’a révélé dès hier soir, en publiant les grandes lignes du projet revue et corrigé, François Fillon regarde maintenant de près la vision des Français. Il propose de rembourser 100% des lunettes pour les enfants et vise ensuite, pour l’ensemble des Français, « un reste à charge le plus proche possible de zéro » avec un nouveau partenariat entre assurance maladie et complémentaires. Une version qui diffère de celle que le candidat donne dans un entretien au Parisien ce matin. François Fillon y affirme que « l’objectif est d'aboutir à un reste à charge zéro » et non de tendre vers zéro…

Des mesures qui arrivent clairement en réaction à la proposition d’Emmanuel Macron, qui vise un remboursement des lunettes à 100% d’ici 2022. « Parfois on dit que vous n’avez pas de programme mais on peut le recopier » a ironisé quelques minutes plus tôt, le candidat d’« En marche ! », à la même place (voir notre article).

« Comment justifier ce refus de poser la question de l’articulation des rôles entre Sécurité sociale et organismes complémentaires ? »

Pour favoriser les échanges entre public et privé, François Fillon veut créer une agence de régulation et de contrôle. L’idée est d’arriver à un « accord sur le partage des remboursements entre assurance maladie, qui doit rester le pilier de notre système de santé, et les complémentaires ».

Si François Fillon n’entend pas privatiser l’Assurance maladie proprement dit, il défend toujours une vision où le privé, via les complémentaires, trouve toute sa place dans le système de santé, en échangeant et en collaborant avec la Sécu. Public et privé sont imbriqués. « Comment justifier ce refus de poser la question de l’articulation des rôles entre Sécurité sociale et organismes complémentaires ? C’est bien un sujet central » pour François Fillon.

Suppressions de postes à l’hôpital « principalement sur les fonctions administratives »

François Fillon insiste aussi maintenant davantage sur la prévention. « Mieux soigner, ça veut dire mieux prévenir ». Il propose la « prise en charge d’un consultation de prévention par l’assurance maladie pour tous les Français ».

L’hôpital ne coupera pas à la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires que promet le candidat. Mais il ne touchera pas au personnel soignant. La réduction se fera « principalement sur les fonctions administratives ». Pour permettre ces suppressions de postes, « il faudra augmenter le temps de travail » avec « un passage aux 39 heures négociées avec des avantages en matière d’organisation du travail et des perspectives salariales ».

20 milliards d’euro d’économies sur 5 ans

François Fillon veut « sortir de l’hospitalo-centrisme, tout en modernisant l’hôpital public, dans le choix de l’autonomie », tout en « donnant toute leur place » aux cliniques privées.

Le candidat de la droite et du centre veut aussi « mieux gérer » les dépenses de santé en réalisant 20 milliards d’économies sur 5 ans, sans trop donner de détails. « Evidemment ça demande des efforts. Mais ce sont des efforts qui permettront de mieux rembourser » et de retrouver l’équilibre de la Sécu.

Pénibilité prise en compte par l’espérance de vie ?

François Fillon a enfin évoqué la prise en compte de la pénibilité. Il veut supprimer le compte créé par la loi travail. Mais il évoque « une piste » : prendre en compte l’espérance de vie selon les catégories socioprofessionnelles. « Si on arrivait à moduler la durée du travail en fonction de ce critère,  qui mériterait d’être affiné », ce serait une manière de prendre en compte la pénibilité.

Un ouvrier pourrait ainsi avoir une carrière plus courte. Et le candidat de souligner que la durée de vie est la plus longue pour les enseignants et… les curés.

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