Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.
Rédaction Public Sénat

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De quoi parle-t-on quand on parle de santé mentale ? Pour répondre aux situations de mal être encore convient-il de savoir de quoi on parle, et bien souvent, la définition de la santé mentale reste floue pour le grand public. Pour Angèle Malâtre-Lansac la diversité des pathologies psychiatriques explique cette méconnaissance : « Vous avez des dépressions, des troubles anxieux, la schizophrénie, les tocs, les troubles du comportement alimentaire. C’est vraiment très hétérogène avec des maladies qui sont plus légères et ponctuelles, et d’autres qui vont être vraiment chroniques et s’installer tout au long de la vie avec des effets très sévères. »

Si le phénomène existe depuis plusieurs décennies, selon la sénatrice Céline Brulin « depuis le milieu des années 2010, il s’accentue terriblement notamment parmi la jeunesse », avant de préciser que « le covid a eu un effet catalyseur ».

A qui la faute ?

« Il y a incontestablement le rôle des réseaux sociaux qui n’ont de social que le nom puisqu’ils contribuent à un isolement de plus en plus important », observe la sénatrice, impactant à plus forte raison les nouvelles générations adeptes des écrans. De son côté, Angèle Malâtre-Lansac rappelle qu’un « doublement des troubles anxieux et dépressifs chez les 18-24 ans » a été constaté ces dernières années.

Concernant les moyens, Céline Brulin, rapporteuse d’un texte sur la santé mentale au Sénat, alerte sur la situation : « On manque terriblement de soignants et notamment de psychiatres […]. Ce qu’on propose dans le rapport c’est qu’il y ait autour des soignants de premières lignes, des équipes pluridisciplinaires qui les aident à détecter ce genre de maladies. » Dans ce dispositif qu’elle appelle de ses vœux, les médecins généralistes pourraient jouer un rôle de détection d’alerte et d’orientation.

La nécessité absolue d’un accompagnement

Chaque étape de la prise en charge est essentielle, et notamment le suivi individuel des patients. « On ne peut effectivement pas renvoyer quelqu’un avec ses médicaments chez lui en lui disant débrouille toi », c’est pourquoi « la notion d’accompagnement est très importante », insiste la sénatrice de Seine-Maritime.

La « pair-aidance », dispositif méconnu qui s’appuie sur d’anciens malades pour accompagner et conseiller les nouveaux patients, pourrait se révéler comme une solution selon Agnès Malâtre-Lansac. « Utiliser son savoir expérientiel, c’est très fort, parce qu’à la fois, ça va aider les autres car on est plus à l’aise avec quelqu’un qui a vécu la même chose, et puis aussi ça va transformer les pratiques, ce sont des nouveaux métiers. Dans un service, le médecin, l’infirmière, la psychologue, vont pouvoir discuter avec quelqu’un qui a vécu ça, et ça change tout en termes de pratique de soin. Il faut vraiment essayer de démultiplier ça » conclue-t-elle.

Pour aller plus loin sur le sujet, le site de Fil Santé jeunes.

L’émission est à retrouver en intégralité ici.

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