Santé, retraites, dépendance : les temps forts du discours d’Emmanuel Macron

Santé, retraites, dépendance : les temps forts du discours d’Emmanuel Macron

À l’occasion du 42e congrès de la Mutualité Française à Montpellier, le chef de l’État a tracé les grandes lignes de sa politique sociale. Retrouvez l’essentiel de ses annonces et déclarations. Et jusqu’à 13h30, suivez les réactions en direct sur Public Sénat, à suivre ici.
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Pas de « tournant » social mais un accent mis sur « l’efficacité » des aides et la « responsabilité » des aidés, c’est ce qui ressort du discours d’Emmanuel Macron ce mercredi à Montpellier. Un discours qui intervient après la difusion d'une vidéo postée par l’Élysée, où le président de la République annonce la couleur, dans un langage parlé. Arrêter le « curatif » en matière de protection sociale, car malgré « le pognon de dingue mis dans les minima sociaux » « les gens qui naissent pauvres, restent pauvres. Les gens qui tombent pauvres, restent pauvres ». De quoi alimenter la polémique après des semaines de couacs au sein du gouvernement autour des aides sociales.

12 h 32 : Prestations sociales : « Sortir d’une logique de guichet pour une logique d’accompagnement »

Macron à la mutualité: « Il faut sortir d’une logique de guichet pour une logique d’accompagnement »
07:38

« Nous avons pensé qu’en donnant des prestations sociales, en ayant des gens qu’on appelait des bénéficiaires, on répondait à tout. Ce n’est pas vrai. D’abord parce que les plus fragiles d’entre eux, ce sont ceux qui ne vont pas chercher ces aides ». Comme Édouard Philippe l’avait expliqué  la semaine dernière, le Président compte investir « dans la personne et ne pas considérer que la seule réponse c’est l’argent de la collectivité », pour lutter contre l’exclusion. Il faut « en même temps » « accompagner et responsabiliser » a-t-il préconisé indiquant que l’accompagnement « ne pouvait pas être uniquement monétaire ». « Il nous faut sortir d’une logique de guichet pour une logique d’accompagnement » a-t-il conclu.

12 h 22 : une loi sur la dépendance présentée au « début de l’année 2019 »

Une loi sur la refonte des retraite présentée au « début de l’année 2019 » « Sur la retraite, la réponse c’est évidemment la refonte d’ensemble de notre système des retraites » déclare Macron. « Je veux que nous puissions maintenir notre système
02:19

« Sur la retraite, la réponse c’est évidemment la refonte d’ensemble de notre système des retraites » déclare Macron. « Je veux que nous puissions maintenir notre système de retraite par répartition et la solidarité entre générations ».

« C’est le solidarisme qui est au cœur de notre République » rappelle-t-il, avant d’aborder une de ses promesses de campagne : « Ce solidarisme va avec la fin d’une société de statuts et donc il va vers un système (…) qui permettra qu’un euro cotisé donne le même montant de droit. Que nous fassions progressivement converger l’ensemble des régimes existants ». « C’est la clef pour rétablir la justice du système dans la durée et de permettre la confiance » affirme-t-il.

Le Président annonce un calendrier : « Sur ce sujet, une loi sera présentée au début de l’année 2019 et sera votée dans le premier semestre de l’année 2019 ».

12H17 : Macron expose sa vision pour l’hôpital. « Nous devons mener une réorientation de l’organisation du dispositif de soins »

Macron expose sa vision pour l’hôpital : « Nous devons mener une réorientation de l’organisation du dispositif de soins »
02:34

Emmanuel Macron annonce qu’il s’exprimera à l’été sur l’organisation du système de soins en France, au terme des concertations menées sous l’égide de la ministre de la Santé.

« Nous devons mener une réorientation de l’organisation du dispositif de soins afin de traiter les pathologies très en amont, afin de repenser notre organisation collective », explique le président de la République. Emmanuel Macron veut notamment « passer d’une logique d’une cartographie trop rigide » à une logique de « demande », une « logique plus individualisée ».

Appelant les professionnels de la santé à s’organiser « en réseaux », et à « décloisonner médecine de ville et hôpital », il s’engage à ce que chaque Français ait accès à « cinq services au minimum » : le médecin traitant, la permanence et la continuité des soins, l’accès aux « soins non programmés », la « gradation des soins » et enfin, le dépistage et la vaccination.

12H14 : Emmanuel Macron présente « un panier 100 % santé » pour 2021

Mutualité: Emmanuel Macron présente « un panier 100% santé » pour 2021
01:50

« Pouvoir d’achat, prévention, meilleur service car meilleur organisation collective du soin » c’est le triptyque de la « grande transformation » que souhaite mettre en œuvre Emmanuel Macron en matière de santé. « Aux côtés de l’assurance maladie obligatoire, (…) les contrats complémentaires santé responsable qui assurent plus de 90 % des Français devront obligatoirement couvrir ce panier, sans engendrer d’augmentation spécifique du coût d’acquisition d’une complémentaire santé » a-t-il assuré, ajoutant que la réforme sera finalisée d’ici 2021.

12h05 : le reste à charge zéro, « une conquête sociale essentielle »

Macron : le reste à charge zéro, « une conquête sociale essentielle »
02:18

C’est l’une de ses promesses de campagne. Après accord dans les différents secteurs, Emmanuel Macron peut maintenant confirmer la mise en place du reste à charge zéro sur une partie des lunettes et prothèses dentaires et audio. « Nous devons intervenir plus tôt, plus vite, plus massivement. C’est la meilleure façon de lutter contre les inégalités et c’est ce que nous avons réussi avec le reste à charge de zéro ou le 100% santé » a-t-il lancé.

« C’est une conquête sociale essentielle » ajoute même Emmanuel Macron « et c’est un investissement que j’assume, que nous allons partager ensemble et qui va permettre de réduire ce reste à charge à zéro ».

Le chef de l’État souligne que le reste à charge pour les prothèses dentaires est « en moyenne de 43%, c'est-à-dire en moyenne 200 euros pour une couronne », de 22% sur l’optique, soit « 65 euros en moyenne pour la correction d’une myopie » et de 53% pour une audioprothèse, soit 1700 euros « pour être équipé ». En raison du coût que cela représente, « nombre de nos concitoyens doivent renoncer à se soigner ». « Ça veut dire la possibilité de sourire, de voir, d’entendre, de manger normalement parfois ». Il y voit aussi un moyen de mieux lutter contre l’illettrisme chez les jeunes ou d’empêcher de « tomber plus rapidement dans la grande dépendance ».

Emmanuel Macron entend aussi davantage « développer la prévention, avec des dépistages systématiques ».

« Le dépistage des troubles visuels et audio sera renforcé au plus jeune âge, avec trois nouvelles consultations du médecin traitant ou scolaire ». Et « pour diminuer le recours aux soins prothésistes dentaires, nous instaurons un examen pour les enfants de 3 ans et les jeunes de 24 ans ».

12H00 : « Nous avons créé un système qui s’est progressivement déshumanisé »

« Nous avons créé un système qui s’est progressivement déshumanisé », déclare Macron
04:15

Emmanuel Macron défend sa politique économique, et explique qu’elle n’empêche pas de répondre à la « problématique de l’exclusion et de la pauvreté ». « Le fait de mettre un plafond à la réussite n’a jamais réglé le problème de l’exclusion », déclare-t-il.

Selon lui, les moyens engagés dans la politique sociale n’ont pas permis de renverser la tendance. « Regardons la réalité face : nous avons dépensé de plus en plus sur ce sujet, et avons-nous réglé le problème ? Non », répond-il.

Décrivant le « visage de la pauvreté », le président égraine les chiffres : un enfant sur cinq, une famille monoparentale sur trois en situation de pauvreté. Il explique par exemple que 50 % des allocataires du RSA le sont toujours quatre ans après leur première demande. « Nous avons créé un système qui s’est progressivement déshumanisé. On a pensé que la réponse à l’exclusion et la pauvreté c’était de l’argent », insiste-t-il.

11H53 : le système de retraites « n’est plus adapté » à notre société

Le système de retraite « n’est plus adapté » à notre société
05:45

 

« Le deuxième défi qui est le nôtre, c’est celui de l’âge » continu Macron. « Nous vivons plus vieux, et en bonne santé »

« Le système de retraites peut-il être totalement inchangé ? » interroge-t-il avant de dresser un constat : « La défiance s’est installée ». « Il y a encore des vraies inégalités devant le grand âge, mais bien souvent elles ne vont pas avec les statuts et régimes de retraites (…). Ce système qui répondait aux défis d’une société d’après-guerre n’est plus adapté à une société qui vieillit ».

Le Président embraye sur le sujet de la dépendance : « Notre société ne veut plus voir la grande vulnérabilité mais aussi la place de la mort ». « Ne pas le voir, c’est ne pas nous traiter dignement nous-mêmes » déclare-t-il. Selon lui, cela amène à construire de la « souffrance sociale », « c’est un échec collectif » affirme-t-il. « Notre réponse n’est pas à la hauteur (...). Il nous faut penser une réorganisation collective ».

11 h 47 : Un système de santé qui soigne bien, est efficace mais « prévient mal »

Macron à la mutualité: Un système de santé qui soigne bien, est efficace mais « prévient mal »
06:01
 

Il y a « trois grands défis à regarder en face : la santé, l’âge et l’exclusion » ont cité le chef de l’État. Pour le premier, la santé, c’est à « un système en crise » que le chef de l’État souhaite s’attaquer. Car, selon lui, s’il « soigne bien, s’il est « efficace », « il prévient mal, beaucoup moins bien que les autres ». « Avoir un système qui prévient mieux, est tout à la fois préférable sur le plan de la santé collective et de l’efficacité de notre système » a-t-il assuré, tout en louant la politique du gouvernement en matière de tabac. Emmanuel Macron a aussi regretté un système de santé « avec trop d’actes inutiles ou de surmédicalisation que chez nos voisins européens ».

11H45 : « La solution n’est pas de dépenser toujours plus d’argent »

Politique sociale : « La solution n’est pas toujours de dépenser toujours plus d’argent », déclare Macron
03:43
La question des moyens est vite mise sur la table par le président de la République. Le système social français a besoin d’une « refondation radicale » et d’une « révolution profonde » pour « rendre les droits effectifs », insiste le président de la République. Appelant à ne céder ni au « cynisme », « ni à l’hypocrisie », Emmanuel Macron précise que cette voie ne se règle pas simplement par des promesses budgétaires ». Et d'expliquer :

« La solution n’est pas de dépenser toujours plus d’argent, ou de considérer qu’il y aurait d’un côté ceux qui croient dans la transformation sociale et qui aligneraient les lignes de crédit et ceux qui n’y croient pas et qui seraient forcément pour en réduire les dépenses. »

Sa stratégie repose sur trois axes : la « prévention », « qui attaque les inégalités avant qu’il ne soit trop tard », l’universalité, « qui donne les mêmes droits à chacun de manière transparente », et la dignité. Sur ce point, Emmanuel Macron cite en particulier le travail « comme clé de l’émancipation ».

11h40 « Vous me sifflerez à la fin si vous le souhaitez, mais laissez-moi terminer »

 
Macron devant la Mutualité : « Vous me sifflerez à la fin si vous le souhaitez, mais laissez moi terminer »
02:19

Certains imaginaient qu’Emmanuel Macron allait envoyer des signaux à sa gauche, lors de son discours. « C’est le malentendu que je voudrais lever », a tenu à expliquer le chef de l’État. « J’entendais des commentateurs dire "il va aller devant les mutuelles et faire un grand tournant social". Mais je n’ai pas le sentiment que lorsqu’on redresse l’économie, (…) on soit contre le modèle social. (…) C’est produire pour pouvoir redistribuer » a défendu le Président. Autrement dit, sa politique économique suffit à lutter contre les inégalités, alors que « depuis des décennies on se contente des droits formels ».

« S’attaquer aux inégalités, c’est s’attaquer à leur racine, c’est bousculer une société devenue une société de statut, c’est reconnaître que tous ces défis ne sont pas simplement monétaires… » ajoute-t-il, avant de s’interrompre face à une réaction dans la salle : « Mais vous me sifflerez à la fin si vous le souhaitez, mais laissez-moi terminer ». Il continue : « C’est savoir réinventer notre État providence. Celui si n’offre trop souvent que le dernier filet de protection indispensable, et que nous maintiendrons, mais il ne garantit pas suffisamment les conditions d’une vie digne ».

11H35 : « Droits réels » contre « droits promis », Emmanuel Macron veut mettre un terme au « malentendu »

Mutualité: « Droits réels » contre « droits promis », Emmanuel Macron veut mettre un terme au « malentendu »
03:02
 

« Tous les jours l’effectivité de ces droits est remise en cause » « Tous les jours, nombre de nos concitoyens découvrent que l’universalité (des droits) est mitée d’exceptions de disparités, d’impasses, des situations où les droits promis ne sont pas des droits réels » a constaté, le chef de l’État, en préambule de son discours. Des droits qui n’existent que « sur le papier » et non dans « les faits » « à l’école, dans le monde du travail, dans le monde de la santé » a-t-il déploré, évoquant « l’indignation française contemporaine » et ce malgré une « part toujours plus grande de notre richesse nationale à la protection sociale ». « C’est ce malentendu que j’aimerais ce matin lever avec vous » a-t-il expliqué.

11H23 : Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française

Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française « La volonté de votre gouvernement de diminuer les restes à charge sur les prestations aussi importantes que l’optique, les soins dentaires, et les prothèses auditives, ne pouvaient que retenir
02:58
 

« La volonté de votre gouvernement de diminuer les restes à charge sur les prestations aussi importantes que l’optique, les soins dentaires, et les prothèses auditives, ne pouvaient que retenir notre attention » déclare-t-il. « Une étude réalisée pour le Congrès, montre que cette réforme est attendue par 95 % des personnes interrogées » informe Thierry Beaudet, avant de s'adresser à Emmanuel Macron: « Vous comprendrez Monsieur le Président qu’il nous tarde de connaître les arbitrages rendus, ces arbitrages conditionnent les bénéfices réels pour les Français, l’économie générale des filières de soin concernés et aussi les cotisations des mutualistes ».

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