Sargasses: en Guadeloupe, Philippe met l’accent sur la lutte internationale
La lutte à long terme contre les sargasses passera par la coopération internationale, plutôt que par une succession de plans nationaux, a...
Par Jérémy MAROT
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La lutte à long terme contre les sargasses passera par la coopération internationale, plutôt que par une succession de plans nationaux, a insisté samedi Edouard Philippe, qui a constaté lors de sa visite en Guadeloupe les dégâts causés par ces algues brunes proliférant partout dans les Caraïbes.
Il n'était donc pas question à ce stade pour le Premier ministre de débloquer une nouvelle enveloppe d'aide pour les Antilles, durement frappées depuis 2011 par les échouements massifs de ces algues à l'origine d'émanations toxiques et nauséabondes.
Alors qu'une première conférence internationale sur les sargasses se tenait cette semaine à Pointe-à-Pitre, M. Philippe a plutôt insisté en clôture sur "la nécessité de répondre à ce fléau par une coopération multilatérale". En ce sens, une déclaration commune a été adoptée samedi par des délégations nationales de la zone et des organisations régionales, entérinant la création d'un programme caribéen de lutte soutenu notamment par des fonds européens.
"Les solutions doivent être mondiales", a encore plaidé le Premier ministre en clôture d'une conférence qui a notamment récompensé une douzaine de projets internationaux destinés à améliorer la connaissance des causes, pour l'heure assez mystérieuses, et la valorisation de ces algues.
Si M. Philippe a préféré mettre l'accent sur les réponses de long terme, il a constaté l'urgence de certaines situations, en visitant le restaurant "Chez Coco", niché au bout d'un lagon et actuellement fermé après avoir essuyé de multiples sinistres.
Montrant d'impressionnantes photos d'invasions de sargasses, son propriétaire, Romeo Rambinaising, a plaidé pour que "le gouvernement poursuive les investissements, que les pertes des entreprises soient prises en compte, qu'on trouve un vrai système pour gérer les échouages". Avec l'aide de l'Etat, son restaurant doit se réimplanter un peu plus au sud, à Port-Louis.
Depuis 2011, le phénomène s'est en tout cas intensifié. Les échouements réguliers bloquent parfois les ports, et dégagent en séchant de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniac qui peuvent provoquer maux de tête et vomissements.
Au cours d'une année 2018 dévastatrice sur ce point tant pour les riverains que les touristes, le gouvernement français a annoncé mi-2018 un plan de 10 millions d'euros sur deux ans, abondé pour moitié par l'Etat, et pour l'autre moitié par l'Union européenne et les collectivités. En permettant notamment aux communes de s'équiper en machines, l'ambition est de contenir à 48 heures le délai de collecte de ces algues après leur arrivée sur le littoral, car passé cette échéance, les rejets toxiques débutent.
- Solidarité nationale -
Le port du Gosier, en Guadeloupe, envahi par les Sargasses en avril 2018
AFP/Archives
Un an et demi après le lancement de ce plan, M. Philippe a promis que "l'accompagnement" de l'Etat allait "se poursuivre dans la durée", tout en suscitant le doute sur une éventuelle reconduction de l'enveloppe à son échéance. Une demande effectuée notamment par le président de région Guadeloupe Ary Chalus: "il est clair que nous n'allons pas nous arrêter ici, sinon c'est la mort de l'économie en Guadeloupe, en Martinique et des autres", a-t-il commenté samedi.
"Quand l’échouage des sargasses atteindra des intensités exceptionnelles, vous pourrez compter sur la solidarité nationale car je sais que le budget des communes peut être tendu", a déclaré M. Philippe.
Mais "la bonne façon de régler le sujet, ce n'est pas de multiplier les plans années après années", a-t-il encore dit samedi, appelant "collectivités et parlementaires" à "concevoir des modes de financement spécialement dédiés à la lutte contre les sargasses".
Emboîtant le pas en Outre-mer à Emmanuel Macron, qui a passé sa semaine dans l'océan Indien entre Mayotte et La Réunion, M. Philippe profitera aussi de son passage en Guadeloupe pour visiter dimanche le chantier du futur centre hospitalier universitaire (CHU) à Pointe-à-Pitre, dont l'inauguration est prévue en 2023.
L'actuel CHU, durement touché par un incendie fin 2017 mais également en proie à des difficultés structurelles de gestion, financement et approvisionnement, sort pour sa part d'un mouvement de grève de deux mois et demi.
D'autres sujets pourraient s'inviter dans le séjour lors d'échanges avec élus et populations, comme celui, brûlant, du chlordécone, un insecticide dangereux utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles. Alors que la responsabilité de l'Etat semble bel et bien engagée dans ce dossier, une commission d'enquête parlementaire, qui a auditionné quatre ministres la semaine passée, doit rendre son rapport avant le 4 décembre.
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