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Stephane Lemouton/SIPA

Sarkozy condamné : Hervé Marseille a « beaucoup de peine », le communiste Ian Brossat pointe des « faits particulièrement graves »

Au Sénat, le président du groupe centriste, Hervé Marseille, « n’arrive pas à comprendre le sens » de la décision du tribunal. « Il y a dans ce jugement une valeur d’exemplarité », note pour sa part le macroniste François Patriat. A gauche, le communiste Ian Brossat raille la campagne des LR sur « la France des honnêtes gens ».
François Vignal

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C’est une décision qui fera date. Le tribunal de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à 5 ans de prison ferme, dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, le jugeant coupable d’association de malfaiteurs et 100.000 euros d’amende. La peine est assortie d’un mandat de dépôt à effet différé, avec exécution provisoire. Il ira donc en prison, malgré son appel. L’ancien chef de l’Etat saura le 13 octobre prochain la date de son incarcération.

C’est en personne qu’il a réagi, à la sortie de la salle d’audience, dénonçant une décision « d’une gravité extrême pour l’état de droit », une « injustice insupportable ». « S’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison, mais la tête haute. Je suis innocent », a-t-il lancé à la presse.

« Une amicale pensée pour Nicolas Sarkozy »

Au Sénat, quelques réactions, dont celle notable d’Hervé Marseille. Le président du groupe Union centriste et président de l’UDI connaît l’ancien Président. Il est sénateur des Hauts-de-Seine, terre d’élection de l’ancien patron de la droite.

« J’ai une amicale pensée pour Nicolas Sarkozy avec lequel j’ai travaillé dans les Hauts-de-Seine et qui depuis son plus jeune âge est totalement engagé au service de la ville, à Neuilly, au service du département, puis au service de l’Etat, dont il a été le chef. J’avoue que j’ai beaucoup de peine pour lui », réagit auprès de publicsenat.fr Hervé Marseille.

« Je ne comprends pas bien le sens de cette décision. Je suis un républicain, je respecte la justice. Je prends acte de la décision. Mais je ne comprends pas bien, car le tribunal relaxe Nicolas Sarkozy des accusations de corruption, de financement illégal, mais le condamne lourdement pour association de malfaiteurs », ajoute le président du groupe centriste, « je n’arrive pas à comprendre le sens ».

« Le genre de décision qui par nature a des conséquences politiques »

Se disant comme « beaucoup de Français », il s’étonne que « d’un côté il soit blanchi des accusations de corruption et financement illégal du parti, ce qu’on appelle l’affaire libyenne, lancée à partir d’un faux, car le tribunal reconnaît que le document initial qui mettait en cause Nicolas Sarkozy est un faux. Et de l’autre côté, on le condamne, avec la lourdeur de cette décision », insiste Hervé Marseille.

Pour le président de l’UDI, « ça a forcément des conséquences démocratiques, dans un sens ou dans un autre. C’est le genre de décision qui par nature, a des conséquences politiques. Qu’un ancien Président soit condamné à une peine de cette nature n’est pas sans conséquence. Ce n’est pas rien ».

« Il y a quand même de l’étonnement et une interrogation sur l’exécution provisoire » note l’entourage de Mathieu Darnaud

Du côté du groupe LR du Sénat, si Mathieu Darnaud, son président, ne réagit pas aux décisions de justice, son entourage fait savoir qu’« il apporte évidemment son soutien à l’homme, c’est extrêmement difficile, comme épreuve ».

Sur le fond, « il y a quand même de l’étonnement et une interrogation sur l’exécution provisoire, sur la dureté de cette exécution qui implique de la prison, et non pas un bracelet électronique, pour quelqu’un dont on sait qu’il ne va pas se sauver », note l’entourage de Mathieu Darnaud (lire notre article pour plus de réactions chez les sénateurs LR).

« J’entends les commentaires de certains, mais il ne faut pas oublier que si le PNF a été créé, c’est à la demande des politiques »

« Il est certain qu’il y a dans ce jugement une valeur d’exemplarité », réagit pour sa part François Patriat, président du groupe RDPI (Renaissance) du Sénat, qui note que « personne ne s’est ému quand Jérôme Cahuzac a été condamné, car il était ministre du Budget ».

« J’entends les commentaires de certains politiques, mais il ne faut pas oublier que si le PNF a été créé, c’est à la demande des politiques. Les lois ont été votées par les députés et les sénateurs. Ça surprend un peu, ils ont voté ces lois », ajoute le sénateur de la Côte-d’Or, qui remarque qu’« à partir du moment où ses deux collaborateurs, Brice Hortefeux et Claude Guéant, sont condamnés, il ne pouvait pas y échapper. C’est effectivement qu’il y a association de malfaiteurs ».

« Une classe sociale qui se considère au-dessus des lois »

A gauche, c’est évidemment un tout autre son de cloche. Le sénateur communiste Ian Brossat souligne d’abord qu’« il a été reconnu coupable de fait particulièrement graves, association de malfaiteurs. C’est donc logique que la peine s’applique, sauf à considérer qu’il doit exister une justice à deux vitesses, pour les puissants d’une part, pour les faibles d’autre part », réagit le sénateur PCF de Paris. « C’est sans doute ce qui est paradoxal dans les réactions à droite. On ne peut pas regretter tous les matins que la justice soit trop laxiste et l’accuser d’être trop sévère, quand on en est soi-même l’objet », ajoute-t-il.

Le communiste note aussi que « les mêmes à droite, qui se présentent en garants des institutions et du respect de la République, jettent les magistrats sous le bus, dès lors qu’ils prennent des décisions qui ne vont pas dans leur sens. La justice est une institution qui doit être respectée ».

« Sa condamnation et les réactions qu’elle suscite disent beaucoup d’une classe sociale qui se considère au-dessus des lois et à ce titre, pense que tout lui est permis », ajoute encore Ian Brossat.

Pour la droite, « faire campagne sur la France des honnêtes gens et se retrouver avec un ancien Président condamné et une candidate à la mairie de Paris qui doit passer en correctionnel bientôt, ça interroge, ça fait bizarre », pointe le sénateur PCF, qui « n’accuse Bruno Retailleau de rien, mais c’est lui qui a décidé de lancer une campagne d’adhésion sur ce thème des honnêtes gens. Ça contraste dans le décor… »

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