Sarkozy, un boulimique de la politique aux prises avec la justice
Après avoir vu son rêve de reconquête de l'Elysée s'envoler, Nicolas Sarkozy, 62 ans, boulimique de la politique doté d'une énergie peu commune,...

Sarkozy, un boulimique de la politique aux prises avec la justice

Après avoir vu son rêve de reconquête de l'Elysée s'envoler, Nicolas Sarkozy, 62 ans, boulimique de la politique doté d'une énergie peu commune,...
Public Sénat

Par Nadège PULJAK

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Après avoir vu son rêve de reconquête de l'Elysée s'envoler, Nicolas Sarkozy, 62 ans, boulimique de la politique doté d'une énergie peu commune, voit son horizon judiciaire s'obscurcir à nouveau avec son renvoi en procès dans l'affaire Bygmalion.

Les revers s'accumulent pour l'ancien président. Même s'il a décidé de faire appel de son renvoi et qu'un procès ne signifie évidemment pas condamnation, l'heure de la retraite semble avoir définitivement sonné pour celui qui n'a cessé d'être sous les feux de la rampe ces trois dernières décennies.

Pour l'heure, M. Sarkozy, profitant des vacances scolaires, est parti se reposer à l'étranger, avec sa femme et leur fille. Il y a quelques jours, Carla Bruni-Sarkozy, ex-mannequin aujourd'hui chanteuse, a posté sur son compte Instagram une photo du couple, lui en peignoir blanc, elle l'enlaçant. Comme preuve d'un retour à la normalité d'une vie qui fut tout sauf normale.

L'ex-"omniprésident", ainsi baptisé pour sa propension à démultiplier ses interventions dans tous les domaines quand il était à l'Elysée, n'a que 28 ans lorsqu'il réussit, en 1983, à s'emparer de la mairie de Neuilly-sur-Seine, à la barbe de Charles Pasqua, pourtant politicien aguerri.

Doté d'un enthousiasme communicatif, d'une fougue verbale (à la syntaxe parfois approximative), liés à une gestuelle saccadée, M. Sarkozy a eu, tout au long de sa carrière politique (maire, député, ministre, président de parti, chef de l’État), le don de se faire autant aimer par les uns que détester par les autres. Pas de juste milieu pour ce combattant, toujours prêt à en découdre.

Une seule fois, au cours de sa longue carrière, après sa cinglante déconvenue aux européennes de 1999, il a songé à quitter la politique pour redevenir avocat.

A part cette unique fois, le virus de la politique ne l'a jamais quitté. Deux ans après sa défaite à la présidentielle, il était redevenu fin 2014 simple chef de parti (l'UMP rebaptisée par lui Les Républicains), sortant d'une semi-retraite qui ne l'avait jamais coupé du monde médiatico-politique. Objectif: la reconquête de l’Élysée, via la primaire de la droite.

- "lien particulier avec les Français" -

Nicolas Sarkozy sur le plateau du Grand Journal de Canal + à Paris le 3 mai 2012
Nicolas Sarkozy sur le plateau du Grand Journal de Canal + à Paris le 3 mai 2012
AFP/Archives

En 2013, il avait pu mesurer combien sa cote était restée forte auprès des militants de son parti: un "sarkothon" organisé par l'UMP avait permis d'engranger 11 millions d'euros, compensant l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel.

"Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe", affirmait alors cet homme petit et râblé, châtain aux yeux bleus qui prend soin de sa ligne, "addict" - le mot est de lui - au vélo et au jogging.

Se présentant lors de la primaire comme "le candidat du peuple de France" opposé aux élites et leur "pensée unique", M. Sarkozy se posait en champion d'une "alternance forte", face à la supposée "alternance molle" de ses rivaux.

L'ex-"petit Français au sang mêlé", comme s'il s'était défini en 2007, tablait sur "une rupture franche entre droite et gauche", affirmant que la France avait "besoin d'autorité et de fermeté" après les attentats de 2015-2016 et leurs "238 morts".

Il s'était fait pourtant éliminer dès le premier tour, rejeté notamment par des Français de droite qui ne croyaient plus en lui.

Dans un discours sobre, rappelant le ton de celui qu'il avait prononcé au soir de sa défaite en 2012, Nicolas Sarkozy avait appelé à voter François Fillon, optant pour son ancien Premier ministre plutôt que pour le maire de Bordeaux, Alain Juppé.

L'inimitié entre les deux hommes est pourtant notoire mais M. Fillon est celui dont les idées sont "les plus proches des miennes", avait-il expliqué. Depuis que celui-ci est dans la tourmente des emplois présumés fictifs de son épouse, l'ex-président a pris soin de se tenir à l'écart de la polémique et de ne souffler mot. Du moins publiquement.

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