Alors que Brigitte Bourguignon a annoncé ce matin avoir lancé deux enquêtes sur le fonctionnement des Ehpad du groupe Orpea et que les dirigeants du groupe sont convoqués ce mardi matin par la ministre chargée de l’Autonomie, Damien Abad (LR) estime que « ces enquêtes internes sont nécessaires. » S’il condamne fermement les faits mis en lumière par l’enquête de Victor Castanet et son livre Les Fossoyeurs [Fayard] parce qu’on « ne peut pas faire du fric sur la dignité des personnes âgées », le député de l’Ain ne veut pas « jeter le pilori sur Orpea. » D’après lui, se focaliser sur ce groupe serait contreproductif, dans la mesure où « la situation n’est pas beaucoup plus reluisante » dans certains Ehpads d’autres groupes privés ou même publics. « Là aussi il manque des moyens humains et personnels, là aussi il y a de la souffrance au travail » ajoute Damien Abad.
« Il faut tout revoir de la cave au grenier »
Le député de l’Ain et ancien président du département dresse un constat difficile de la situation actuelle dans la gestion des Ehpad et une situation critique révélée par la crise sanitaire : « Les départements n’ont plus les moyens de faire cela. Je n’oublie pas non plus la 1ère vague et les réanimations fermées pour certains résidents. Les Ehpad ne sont ni une prison, ni un mouroir. Il faut tout revoir, de la médicalisation, à l’Ehpad hors-les-murs en passant par les services d’aide à domicile. » Le Ségur de la santé, trop « hospitalo-centré », n’aurait pas suffi à redresser la barre pour le médico-social et Damien Abad fait ainsi du grand âge et de la dépendance « l’une des grandes réformes du prochain quinquennat » si sa candidate, Valérie Pécresse est élue.
D’après lui, cette réforme doit se mener dans les fameux « 100 premiers jours » : « C’est une réforme de long cours qui prendra 5 ans, il faut tout revoir de la cave au grenier. Il y a une question d’organisation et de répartition des compétences entre l’Etat et les départements. » En ce qui concerne plus précisément le système de gestion actuel des Ehpad, le député de l’Ain rappelle la proposition de Valérie Pécresse de mettre en place « un meilleur contrôle de ces gestionnaires privés » en mettant en place des « indicateurs de performance » et en faisant fermer les établissements qui ne respecteraient pas un certain nombre d’indicateurs minimaux. La nationalisation serait trop coûteuse pour le président du groupe LR à l’Assemblée nationale – 15 milliards d’euros. « Je préfère qu’ils soient investis dans la réforme de la dépendance et du grand âge » conclut Damien Abad.