Schiappa affirme « le soutien du gouvernement vis-à-vis d’Ophélie Meunier qui est menacée »

Schiappa affirme « le soutien du gouvernement vis-à-vis d’Ophélie Meunier qui est menacée »

Réagissant à la mise sous protection policière de la journaliste Ophélie Meunier et d’un juriste menacés après la diffusion d’un reportage sur l’islamisme à Roubaix, les sénatrices Nathalie Goulet (UC) et Jacqueline Eustache-Brinio (LR) ont reproché au gouvernement, mercredi lors des questions au gouvernement, de ne pas aller assez loin dans la lutte contre la radicalisation.
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Les menaces reçues par la présentatrice Ophélie Meunier et un jeune Roubaisien, après la diffusion d’un documentaire sur l’islamisme, inquiètent les sénateurs. Mercredi, à l’occasion de la traditionnelle séance des questions au gouvernement, plusieurs élus, issus des rangs de la droite et du centre, ont interpellé le gouvernement, exigeant des comptes sur la politique menée en matière de lutte contre le terrorisme et la radicalisation islamiste. Première à prendre la parole, la sénatrice centriste Nathalie Goulet : « La diffusion d’un documentaire sur les dérives de l’islam radical à Roubaix a déchaîné la haine et les menaces contre la journaliste Ophélie Meunier, désormais sous protection policière », rappelle l’élue de l’Orne, qui rapproche cette situation de celle vécue par des membres de Charlie Hebdo, désormais sous protection policière permanente.

Le documentaire « Face au danger de l’islam radical, les réponses de l’Etat » a été diffusé le 23 janvier dans le magazine « Zone interdite » sur M6. L’un de ses intervenants, le juriste Amine Elbahi, originaire de Roubaix, a également été placé sous protection policière pour avoir reçu des menaces. Une information révélée vendredi 28 janvier par Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6, lors de son audition au Sénat par la commission d’enquête sur la concentration des médias.

« Que comptez-vous faire, enfin, pour que la peur change de camp ? », s’est agacée la sénatrice Nathalie Goulet face à Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.

37 attentats terroristes déjoués depuis début 2017

Dans sa réponse, cette responsable gouvernementale a d’abord tenu à rappeler la mobilisation de l’exécutif « pour que les journalistes puissent être libres ». « Je veux redire le soutien du gouvernement vis-à-vis de Madame Ophélie Meunier qui est menacée », a-t-elle déclaré. Elle a ensuite défendu l’action du gouvernement au cours du quinquennat - avalanches de chiffres à l’appui -, faisant plus particulièrement valoir les effets de la loi du 24 août 2021 pour confronter les principes de la République. « Nous avons renforcé les moyens pour lutter contre les terrorismes, les services ont permis de déjouer 37 attentats terroristes depuis début 2017, nous avons doublé le budget de la DGSI, ouvert près de 2000 emplois supplémentaires sur ces sujets-là, expulsé près de 700 étrangers radicalisés inscrits au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, ndlr) », a énuméré la ministre.

« Nous avons nommé plus de 24 000 opérations de contrôle sur des établissements soupçonnés de radicalisation. Dans chaque département se tiennent des cellules locales de lutte contre l’islamisme et la radicalisation, qui permettent de mener ces actions », ajoute encore Marlène Schiappa.

Réponse cinglante de la sénatrice Goulet : « Je ne trouve pas que votre bilan est aussi positif. Vous traitez les faits, pas les causes ! » Elle pointe notamment la question des financements, via des subventions publiques et européennes qui profiteraient, selon elles, à certaines organisations. Elle évoque ainsi la polémique autour de la campagne de promotion du hijab lancé cet automne par le Conseil de l’Europe, puis précipitamment retirée des réseaux à la demande de la France. « Il y a des démarches à faire au niveau européen, et je compte sur la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour mettre un terme à ces dérives », pointe Nathalie Goulet, qui réclame également l’interdiction des Frères musulmans, une organisation islamique, très active au Moyen Orient et au Maghreb.

« Faut-il se taire sur certains sujets pour vivre tranquille ? »

Quelques minutes plus tard, c’est la sénatrice LR du Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, qui lance une seconde salve. « En France, 35 personnes seraient sous protection pour des propos jugés, par certains, hostiles à l’Islam », rapporte l’élue. « Faut-il se taire sur certains sujets pour vivre tranquille ? » À nouveau, Marlène Schiappa a tenu à faire valoir « les outils plus utiles, plus pratiques, plus concrets », portés par la loi de 2021.

Inversement, Jacqueline Eustache-Brinio reproche à l’exécutif de ne pas être allé assez loin, en dépit des recommandations portées par la droite. « Le Sénat a voulu vous tendre la main plusieurs fois, par des amendements que certains d’entre vous ont qualifiés hypocritement d’amendements textiles : l’interdiction de signes ostentatoires lors des sorties scolaires et des compétitions sportives, l’interdiction du burkini », rappelle-t-elle. « Vous avez toujours refusé, en préférant subir les pressions de minorités agitées, par peur de les combattre, par lâcheté et par des accommodements que j’apparente à du clientélisme. »

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