Pendant que les manifestants se mobilisaient jeudi, les chefs de partis du socle commun se sont retrouvés, à Matignon, pour déjeuner. Autour du premier ministre Sébastien Lecornu, Gabriel Attal, secrétaire général de Renaissance, Edouard Philippe, président d’Horizons, le député Marc Fesneau pour le Modem – voir François Bayrou à la table aurait été pour le moins cocasse – Hervé Marseille, président de l’UDI, et un certain Bruno Retailleau, président des LR et ministre de l’Intérieur, qui a eu le temps de venir, alors que les forces de l’ordre étaient mobilisées face aux possibles débordements, qui sont restés au final à la marge.
Mais on n’en saura pas plus pour l’heure. « On essaie de se fixer une règle et de la tenir : ne pas sortir ce que l’on se dit à cinq… », glisse l’un des convives. L’enjeu est de taille pour le premier ministre, qui a rencontré les partis sur le budget, avec un objectif, trouver un accord de non-censure avec le PS, sésame pour adopter le projet de loi de finances… et ne pas sauter.
« Dans les deux cas, c’est le bordel ! »
Mais Sébastien Lecornu est-il face à une équation insoluble, comme l’était François Bayrou ? « Je ne vois pas trop la solution dans un avenir immédiat », confie un responsable du socle commun, pessimiste, selon qui « il y a deux solutions : soit il cherche le budget à tout prix, car la France a besoin d’un budget. Donc on fait des concessions terribles au PS qui vont annuler les efforts d’économies, si on cède. Et il y a beaucoup de gens, à Renaissance, qui sont plutôt sur cette ligne. Mais même en cas d’accord, qu’est-ce qui garantit que les 62 députés PS s’abstiennent bien ? » s’interroge notre source.
Le même poursuit son analyse : « Soit on résiste, on dit qu’il faut faire 38 milliards d’euros d’économies, qu’il faut demander des efforts aux Français, auquel cas, le premier ministre tombe. Dans les deux cas, c’est le bordel ! Et tout ça nous conduit direct à la dissolution », prédit ce responsable de la majorité. Difficile encore de lire l’avenir, même si l’hypothèse d’une censure votée rapidement n’est pas impossible, si Matignon ne fait pas de sérieux pas vers le PS.