Aujourd’hui, dix-sept « ex » profitent des avantages accordés aux anciens Premiers ministres pour un coût annuel de 4,4 millions d’euros. Parmi les anciens locataires de Matignon les plus dépensiers figure Dominique de Villepin, qui a dépensé pas moins de 191 252 euros en frais de personnel et 6 287 euros en frais automobiles en 2023. La même année, les dépenses liées aux anciens chefs du gouvernement ont augmenté de 11 %.
Alors que les consultations se poursuivent à Matignon, il s’agit de l’une des premières mesures de Sébastien Lecornu depuis sa nomination. Ce lundi, toujours sur X, il a de nouveau justifié la mesure, estimant qu’il « n’est pas concevable que (les anciens Premiers ministres) puissent bénéficier d’avantages à vie en raison d’un statut temporaire. ».
Des privilèges déjà encadrés
Dans les faits, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une « instruction » à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019. Celui-ci prévoyait déjà un encadrement. Sur demande, un ancien Premier ministre peut disposer d’un véhicule de fonction et d’un chauffeur « à vie », pris en charge par l’État. A la fin de leur mandat, les « ex » conservent leur indemnité pour une durée de trois mois. Un agent de secrétariat est également mis à disposition pendant une décennie, jusqu’à 67 ans au plus tard. Coût estimé : 1,58 million d’euros en 2024, auxquels s’ajoutent environ 2,8 millions d’euros annuels pour la protection policière, « sans limitation de durée », selon un rapport parlementaire de 2019. Des sommes modestes au regard des dizaines de milliards recherchés pour redresser les finances publiques, mais jugées fortes symboliquement par Matignon.
Ce qui va changer
Sébastien Lecornu a dit sur X que « tous les (…) moyens mis à disposition des anciens premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée ». Cette annonce s’inscrit dans la continuité des travaux lancés par François Bayrou, qui avait confié cet été à l’ex-député René Dosière une mission de recensement des « avantages indus ». Elle vise à clore le débat sur les privilèges des anciens responsables politiques, alors que ceux des ex-présidents de la République ont déjà été revus.
Dans le détail, à partir de janvier 2026, les ex-locataires de Matignon ne pourront donc plus revendiquer indéfiniment de chauffeur, de voiture ou de secrétariat particulier financés par l’État. Quant à la protection policière, elle ne sera plus automatique ni permanente : elle sera désormais accordée pour une durée limitée, reconductible uniquement si la menace le justifie. Matignon précise qu’une instruction sera transmise à la Direction générale de la police nationale afin de définir un nouveau cadre encadrant la protection policière des anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur.