Direct. Suivez la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu devant le Sénat
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Sébastien Lecornu aux sénateurs : « Pas de deal avec le PS à l’heure qu’il est »

Echaudés par l’attitude de l’exécutif, les présidents des groupes du socle commun du Sénat ont été reçus ce lundi par le premier ministre, qui s’était concentré sur les députés jusqu’ici. S’il devrait aller défendre en personne sa position sur la taxe Zucman à l’Assemblée, Sébastien Lecornu n’a pas encore trouvé d’accord avec le PS sur ce point. Il « négocie au jour le jour »…
François Vignal

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Cela s’appelle traiter les sénateurs. Sébastien Lecornu, n’avait pas trouvé jusqu’ici le temps de rencontrer les sénateurs de (l’ex ?) socle commun. C’est chose faite. Il a reçu ce lundi après-midi les présidents des groupes LR (Mathieu Darnaud), Union centriste (Hervé Marseille), RDPI (François Patriat) et Les Indépendants (Claude Malhuret, membre d’Horizons), Mathieu Darnaud bénéficiant d’un traitement de faveur.

Le sénateur de l’Ardèche a en effet eu droit à un tête à tête avant la réunion commune. L’occasion pour le président du groupe LR de relayer le mécontentement de ses troupes et de rappeler les positions de son groupe : opposition à la suspension de la réforme des retraites, refus de hausses d’impôts, de nouvelles taxes et demande d’économies importantes, à l’exception des collectivités, où l’effort doit être ramené autour de 2 milliards d’euros, plutôt que 5 milliards.

Des sénateurs « irrités de l’absence de son et d’image ces quinze derniers jours »

Les sénateurs de droite et du centre étaient ces derniers temps quelque peu irrités par la tournure des événements sur le budget 2026 : le premier ministre, Sébastien Lecornu, n’avait reçu que les députés. Et la recherche d’accord se fait avec le PS. Deux bonnes raisons pour énerver les membres de la majorité sénatoriale LR-UC. Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’était déjà fait entendre en conférence des présidents sur le manque de lisibilité du calendrier. Il a ensuite clairement tapé du poing sur la table le week-end dernier, en menaçant de revenir, lors de l’arrivée du budget de la Sécu au Sénat, sur la suspension de la réforme des retraites, accordée aux socialistes. « Les sénateurs sont énervés, c’est clair, du moins irrités de l’absence de son et d’image ces quinze derniers jours », confirme l’entourage d’un des sénateurs.

S’il n’a pas cherché à « passer la pommade » aux sénateurs, l’intérêt principal de la réunion est bien de les avoir reçus. Car rien de fondamentalement nouveau n’en sort, selon les participants contactés par publicsenat.fr. Ce qui peut être justement source… d’irritation. « Ils sont traités car ils sont reçus. Mais ils n’ont rien de nouveau que ce qui est déjà public. Or ces réunions-là sont faites pour tester des idées », regrette-t-on dans l’entourage d’un des présidents de groupe. Lors de la longue phase de consultations, après sa première nomination, les parlementaires reçus avaient déjà eu cette douloureuse impression d’un Lecornu qui reste dans le contrôle, ne dévoilant pas son jeu, y compris à ses alliés. « Il oublie qu’il aura besoin du Sénat », fait remarquer un conseiller.

« J’avance au jour le jour, je négocie au jour le jour »

Alors que l’exécutif évolue dans un certain brouillard à l’Assemblée – « j’avance au jour le jour, je négocie au jour le jour », a dit Sébastien Lecornu, selon un participant – le premier ministre a assuré qu’il entendait travailler « en cohérence et en transparence avec le Sénat », rapporte un convive. La réunion a notamment été l’occasion de parler « méthode de travail ». Les présidents de groupes du socle commun du Sénat ont demandé en cœur des réunions plus régulières avec le premier ministre, comme cela s’est fait auparavant, et des réunions rassemblant députés et sénateurs, soit les présidents de groupes des deux chambres. S’il les a « entendus », on ne sait pas s’il le mettra en pratique. Mais face à une « Assemblée compliqué », le premier ministre sait qu’il y aura « un peu plus de raison au Sénat », souligne un président de groupe.

Une Assemblée qui aura au menu, cette semaine, la fameuse Taxe Zucman sur les ultras riches, que défend le PS. Voyant son rejet arriver, les socialistes ont déposé un amendement de repli, une forme de taxe Zucman allégée, rapportant entre 5 et 7 milliards d’euros, contre 15 milliards dans sa version initiale.

Mais sur ce point crucial pour le numéro 1 du PS, Olivier Faure, qui menace à nouveau de censure, socialistes et gouvernement ne sont pas alignés. « Sébastien Lecornu a dit qu’« il n’y a pas de deal avec le PS à l’heure qu’il est » », rapportent plusieurs participants de la réunion. S’il « en discute avec eux tous les jours », l’accord n’est pas là. D’autant que si le locataire de Matignon ne ferme pas la porte à une taxation sur les plus riches, il se montre toujours « ferme sur le patrimoine professionnel. S’il y a une taxe Zucman, ce doit être sans toucher au patrimoine professionnel », selon l’un des participants. Or dans le plan B proposé par le PS, le patrimoine professionnel est toujours taxé… Sur ce sujet sensible, qui devrait arriver en débats d’ici la fin de la semaine, Sébastien Lecornu compte venir en personne défendre sa position dans l’hémicycle.

Sur les retraites, « vous avez toute liberté »

Revenant sur la suspension de la réforme des retraites, « le premier ministre a expliqué pourquoi il l’a fait. Il y avait une ouverture dessus qui était possible », explique un sénateur. Un Sébastien Lecornu qui n’a pas cherché à dissuader la majorité sénatoriale de s’opposer à la suspension de la réforme des retraites, ce qui pourrait mettre de l’huile sur le feu. « En substance, il a dit faites ce que vous voulez, je comprends parfaitement, vous avez toute liberté », selon un participant. Autrement dit, c’est le jeu parlementaire et démocratique classique. Aux sénateurs de prendre leur responsabilité. Malgré les désaccords à venir entre sénateurs et députés, « il espère une commission mixte paritaire positive », selon un président de groupe de la Haute assemblée, ce qui est loin d’être acquis.

Devant les représentants des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu est enfin revenu sur le nouvel acte de décentralisation qu’il souhaite impulser, répétant la nécessité de ne pas multiplier les interlocuteurs, avec le rôle clef du préfet. Il s’est engagé à revoir les sénateurs pour parler spécifiquement du sujet décentralisation. Aux yeux des sénateurs, c’est un minimum.

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