FRA – PARIS – ASSEMBLEE – DISCOURS POLITIQUE GENERALE GOUVERNEMENT
Marine Le Pen dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. SIPA.

Sébastien Lecornu Premier ministre : « Il n’est pas dit que le RN attende le vote du budget pour le censurer »

Différents représentants du RN, dont Marine Le Pen et Jordan Bardella, ont fustigé vendredi soir la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, signe selon eux que l’exécutif ne compte pas infléchir sa ligne politique. Appelant à un retour aux urnes pour démêler la crise politique, le RN pourrait censurer le nouveau chef de gouvernement dès que ses orientations budgétaires seront connues.
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Quelques minutes après la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre, ce mardi 9 septembre, le Rassemblement national a multiplié les mises en garde. « Le Président tire la dernière cartouche du macronisme, bunkérisé avec son petit carré de fidèles. Après les inéluctables futures élections législatives, le Premier ministre s’appellera Jordan Bardella », a réagi Marine Le Pen, chef de file des députés RN, sur le réseau social X.

Ce vendredi soir, les principaux responsables du parti à la flamme ont exprimé leur scepticisme face à l’arrivée à Matignon du ministre des Armées, dont le nom avait déjà circulé à plusieurs reprises lors des précédents remaniements. Issu des rangs LR mais fidèle d’Emmanuel Macron depuis 2017, Sébastien Lecornu devient le cinquième Premier ministre à investir Matignon en trois ans seulement. « Nous portons un a priori très défavorable sur son arrivée, car il est un pur produit du macronisme, et incapable de rompre avec lui », a commenté le député RN Sébastien Chenu au micro de franceinfo.

« La devise d’Emmanuel Macron : on ne change pas une équipe qui perd », a raillé sur X Jordan Bardella, le président du RN. « Nos principes ne varient pas et l’intérêt des Français demeure notre unique boussole. Ce n’est pas une question de personne ni de casting, mais de politique menée : nous jugerons – sans illusion – le nouveau Premier ministre sur pièces, à ses actes, à ses orientations pour donner un budget à la France, et ce à l’aune de nos lignes rouges », avertit l’eurodéputé.

Le « recroquevillement de la macronie »

« On nous dit que Sébastien Lecornu est compétent. Je dirais que depuis 2017, dans les différents ministères qu’il a occupés, il n’a pas spécialement brillé pour ses compétences mais plutôt par son silence », tacle auprès de Public Sénat Joshua Hochart, l’un des trois sénateurs RN que compte le Palais du Luxembourg. « Le seul point positif, c’est qu’il serait l’un des moins sectaires, mais on nous disait déjà la même chose de François Bayrou, et on a vu ce que ça a donné », relève son collègue Christopher Szczurek.

Cet élu du Pas-de-Calais condamne « la démarche jusqu’au-boutiste » d’Emmanuel Macron et le « recroquevillement de la macronie ». À ses yeux, la nomination d’un Premier ministre Renaissance laisse entendre qu’il n’y aura pas de changement de ligne politique, malgré la censure des deux derniers chefs de gouvernement. « Plutôt que de proposer une grande réforme des institutions pour répondre à la situation, ils vont essayer de temporiser jusqu’en 2027 en faisant encore passer deux budgets », analyse Christopher Szczurek. « Sébastien Lecornu ne pourra pas résister pendant les 18 mois qui restent », prédit quant à lui Aymeric Durox, le sénateur RN de Seine-et-Marne.

Le RN continue d’appeler à un retour aux urnes, via une dissolution ou une présidentielle anticipée, estimant qu’il n’y a pas d’autre moyen de sortir de l’immobilisme politique issu de la tripartition de l’Assemblée nationale. « Nous n’avons pas censuré Bayrou au moment du vote du budget, parce qu’il n’y avait pas de dissolution possible à l’époque. Aujourd’hui, c’est différent », sourit Joshua Hochart.

« Le budget sera un premier écueil »

Pour l’heure, le parti s’en tient encore à sa ligne : pas de censure a priori. Marine Le Pen et Jordan Bardella attendront de connaître les orientations politiques du nouveau Premier ministre avant de trancher. Dans son communiqué, l’Elysée indique qu’Emmanuel Macron a chargé Sébastien Lecornu de « consulter » les partis en vue de « bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois ».

« Nous verrons s’il est en mesure de tendre la main », glisse Joshua Hochart. « Si Monsieur Lecornu ne rompt pas avec le macronisme, il subira les mêmes conséquences que ses prédécesseurs », avertit Aymeric Durox pour qui « le budget sera un premier écueil ». Mais son collègue le sénateur Szczurek ne se projette pas aussi loin : « Le fait qu’il puisse s’engager à reprendre certaines de nos orientations sera déterminant. Autrement, il n’est même pas dit que nous attendions le vote du budget pour le censurer… »

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Gerard Larcher concertation E. Macron
3min

Politique

Budget : à la recherche d’un compromis, Emmanuel Macron reçoit Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet

A une semaine de la réunion de la commission mixte paritaire sur le budget, Emmanuel Macron a reçu jeudi les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, en présence de Sébastien Lecornu. Le sort du projet de loi de finances repose en partie sur les chances de voir les députés et sénateurs trouver un compromis, sous peine de retravailler sur le budget en début d’année 2026.

Le