La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Sécheresse : les annonces de Didier Guillaume
Par Romain Demarquay
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Alors que la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg est attendue ce mardi à l’Assemblée nationale où elle prendra la parole, suscitant un appel aux boycotts de plusieurs députés de droite, la vague de sécheresse qui touche l’hexagone et dont l’intensité inquiète les exploitants agricoles a poussé le ministre de l’agriculture Didier Guillaume à annoncer lundi plusieurs mesures visant à limiter les pertes des agriculteurs. Les aides financières de la PAC (Politique agricole commune) dont 50% sont versées en octobre passeront à 70¨% et le ministre s’est engagé à ce qu’elles soient versées dés le 16 du mois, soit une avance d’un milliard d’euros. Cette mesure vise, entre autres, à enrayer la pénurie de foin pour ceux dont les réserves d’automne auraient déjà été entamées. Didier Guillaume a également activé la clause de force majeure qui dépend de l’union européenne et qui doit favoriser la jachère pour les éleveurs afin qu’ils puissent nourrir leurs bêtes. Didier Guillaume mise aussi sur la solidarité au sein des départements en identifiant les ressources de foins et de pailles excédentaires afin qu’elles soient redistribuées selon les besoins de chacun. Par ailleurs, outre la mise en place du dispositif de calamité agricole qui permet aux agriculteurs d’être dédommagés et l’autorisation de construction de retenues d’eau collectives encadrées par les préfets, le ministre s’est engagé à lancer une grande concertation avec le ministère de l’économie et des finances, les exploitants agricoles et les assureurs pour la création d’une assurance permettant aux agriculteurs d’être couverts s’ils venaient à perdre leurs récoltes.
« Le ministre est à l’écoute »
Nadia Sollogoub, sénatrice centriste de la Nièvre et membre de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable apprécie la réactivité du ministre « C’est très bien d’avoir un ministre réactif, il est à l’écoute » même si elle reste sceptique sur le financement de l’avance d’un milliard d’euros promis par Didier Guillaume. Pour la sénatrice de la Nièvre, il faut faire de cette question une urgence d’Etat : « Je ne sais pas si on se rend compte de l’urgence de la situation quand on vit dans les villes. » Elle constate également que malgré les prévisions, « on est toujours talonné par la météo », un appel à une réflexion qui aurait dû s’effectuer en amont ? Enfin, Nadia Sollogoub pointe la spécialisation des exploitations au détriment de la polyculture-élevage qui permettait aux exploitants de bénéficier de ressources différenciées permettant de répondre à leurs besoins. Désormais « On voit passer des camions de foins (dont le prix augmente durant cette période) ou des véhicules qui transportent des fientes d’animaux pour fournir de l’engrais alors que la polyculture-élevage permettait d’avoir ses ressources à proximité ». La faute à Bruxelles qui n’attribue ses aides qu’à des spécialisations spécifiques. Qui plus est, la sénatrice s’interroge sur les modalités de l’assurance voulue par Didier Guillaume qui a lancé une concertation à ce sujet « Certains aspects d’une exploitation ne sont pas remboursables. Par exemple, la vigne l’est mais pas l’herbe qui n’est pas considérée comme une récolte. Comment va faire un agriculteur qui ne peut plus nourrir ses bêtes ? ». Sur la création de retenues d’eau communes, Nadia Sollogoub appelle à s’inspirer de nos partenaires européens comme l’Espagne dont les réserves stockées représentent 21% contre 2,7% seulement en France.
Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique rattaché au Rassemblement Démocratique et Social Européen et vice-Président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable plaide pour sa part pour un changement en profondeur du système agricole : « Au-delà des mesures d’urgence qui sont globalement bienvenues, la question est de savoir si on se dirige également vers des changements de pratiques et d’assurances. Il faut repenser le système agricole qui n’est plus viable, aller vers des productions moins consommatrices d’eau. » Concernant les mesures de retenues communes d’eau, le sénateur de Loire Atlantique souligne que la véritable question est le partage de cette ressource : « Si c’est uniquement pour l’agriculture, d’autres secteurs en pâtiront ». Ronan Dantec encourage Didier Guillaume à « mettre les acteurs autours de la table et à ce qu’ils prennent leurs responsabilités ». Le sénateur s’interroge : « Le monde agricole est-il prêt à bouger ? ». Il va bien falloir, le changement climatique ne fait que s’accélérer….