Ehpad, hôpitaux, retraites, pensions alimentaires... Le gouvernement a égrené ces derniers mois des promesses qui pèseront sur le budget de la...
Par Gabriel BOUROVITCH
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Ehpad, hôpitaux, retraites, pensions alimentaires... Le gouvernement a égrené ces derniers mois des promesses qui pèseront sur le budget de la Sécu pour 2020, sans préciser pour l'instant comment il entend réduire un déficit qui s'est creusé cette année.
La liste des annonces gouvernementales s'est encore allongée mercredi: la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a assuré que le prochain budget de la Sécurité sociale inclurait "de l'argent pour les Ehpad", où "ce qui manque aujourd'hui, c'est du personnel".
Des moyens supplémentaires qui viendront "en anticipation de la loi sur le grand âge et l'autonomie" prévue pour la fin de l'année, comme l'avait indiqué le Premier ministre en juin.
Edouard Philippe avait en effet évoqué "une première étape", avec "des investissements dans les Ehpad" et "des mesures favorisant le maintien à domicile" des personnes âgées.
Sur ce second volet, Mme Buzyn avait déjà promis de "créer un congé de proche aidant indemnisé", y compris dans des situations de handicap ou de maladie.
Le budget de la Sécu pour 2020 instaurera aussi un nouveau mécanisme de recouvrement des pensions alimentaires, qui pourront être "automatiquement prélevées" par les caisses d'allocations familiales (Caf) "dès juin 2020", selon l'engagement de M. Philippe.
Le budget de la Sécurité sociale pour 2020 inclura "de l'argent pour les Ehpad", a indiqué mercredi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn
AFP/Archives
Par ailleurs, une enveloppe financière est prévue pour les services de protection maternelle et infantile (PMI), d'après le secrétaire d'Etat à la Protection de l'enfance, Adrien Taquet.
D'autres rallonges sont attendues à l'hôpital, avec une nouvelle hausse des crédits pour améliorer la qualité des soins et une "refonte" du financement de la psychiatrie, planifiée par Mme Buzyn "jusqu'en 2022".
Pour parachever cette accumulation, Emmanuel Macron a lui-même annoncé en avril de nouveaux gestes en faveur des retraités: l'an prochain, les pensions "de moins de 2.000 euros" seront à nouveau revalorisées au niveau de l'inflation et le minimum garanti pour une carrière complète sera fixé à 1.000 euros par mois.
- "Retour à l'équilibre" -
Une prodigalité dont l'exécutif a jusqu'à présent omis de détailler la facture. Rien que pour les deux mesures avancées par le chef de l'Etat, "le coût total est estimé à 1,5 milliard d'euros et détériorera d'autant le solde de la Sécurité sociale", a mis en garde la Commission des comptes au début de l'été.
De quoi compliquer l'équation budgétaire pour un gouvernement échaudé: il y a moins d'un an, il tablait sur un historique retour à l'équilibre en 2019, avant que sa prévision ne se fracasse sur la réalité du ralentissement économique.
Evolution du solde global (Régime général + Fonds de solidarité vieillesse) de la Sécurité sociale de 2012 à 2019
AFP/Archives
Au lieu d'un léger excédent, la Sécu devrait enregistrer cette année un déficit d'au moins 1,7 milliard d'euros, contre 1,2 milliard en 2018.
L'addition pourrait même se corser jusqu'à 4,4 milliards, si l'Etat ne compense pas les coûteuses concessions aux "gilets jaunes" (CSG réduite pour certains retraités, exonération des heures supplémentaires).
Pour redresser la barre, le budget 2020 définira une nouvelle "trajectoire de retour à l'équilibre", reposant sur "des mesures d'économies pas trop drastiques", expliquait en juin la directrice de la Sécurité sociale, Mathilde Lignot-Leloup.
Dans la foulée, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, affirmait que "l'objectif reste inchangé" pour la Sécu, à savoir "l'équilibre des comptes d'ici 2022".
Mais depuis, il n'a dévoilé qu'une seule piste d'économies: un coup de rabot de 400 millions d'euros sur une niche sociale, la déduction forfaitaire spécifique, qui réduit les cotisations patronales dans certains secteurs comme le BTP, l'aviation ou les médias.
Même en ajoutant le déremboursement partiel de l'homéopathie, qui passera de 30% à 15% au 1er janvier, et les hausses programmées des prix du tabac en avril et en novembre, l'exécutif sera encore loin du compte.
Et la taxe sur les boissons "premix" envisagées par certains députés de la majorité, si elle voit le jour, ne suffira sans doute pas à sortir du rouge.
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.
Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…
Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.
Si une semaine après le renversement du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron est sur le point de nommer un nouveau Premier ministre, la situation politique française inquiète particulièrement les eurodéputés à Bruxelles que certains comparent à celle en Allemagne.
Le
Le direct
Comment prévenir la récidive des violences sexuelles ?
Comment prévenir la récidive des violences sexuelles ?