« On est au milieu du gué, il faut aller vers le zéro accident. »
« Des progrès immenses ont été obtenus par une mobilisation de tous les acteurs : les fédérations, les associations spécialisées et les chasseurs », souligne le président de l’Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier (ANCGG). L’Office français de la biodiversité observe depuis le début du siècle, une baisse des accidents mortels de près de 70 %. « Des progrès immenses qui se poursuivent d’année en année », rappelle Gérard Bedarida, président de l’ANCGG. « Il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. » Le président de l’ANCGG évoque également l’accidentologie comme une piste de travail pour diminuer le risque. « Les auto-accidents, les erreurs de manipulation des armes, le non-respect des règles de sécurité et les tirs sans identification », représentent les principales raisons des accidents de la chasse au grand gibier. « Il faut poursuivre la formation des chasseurs et notamment travailler sur la décision de tir, cultiver l’esprit de sang-froid des chasseurs. Il faut concilier une forme d’efficacité du tir et cette prise de décision calme, ça va ensemble, on améliore l’efficacité en améliorant les conditions de tir », explique Gérard Bedarida.
Présente dans 85 départements en France, l’Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier (ANCGG) relaie sur le terrain plusieurs actions et programmes visant à renforcer « la sécurité, une meilleure connaissance de la faune sauvage et une plus grande protection des milieux sauvages. » Présidée depuis 2013 par Gérard Bedarida, l’ANCGG est « une association pionnière » en matière de sécurité : limitation à trois coups des armes automatiques, interdiction du tir à la chevrotine (munition composée de grenaille de plomb) et la mise en place de la règle des 30 degrés, une règle de sécurité obligeant les chasseurs à ouvrir le feu dans un angle réduit, « on a été les premiers à populariser cette règle qui sera ensuite reprise par l’Office national de la chasse et de la faune sauve (ONCFS). »
Pour Gérard Bedarida, la diminution des accidents de chasse depuis vingt ans n’est pas liée au renforcement du cadre légal, « la contrainte réglementaire n’est pas très efficace. Elle est compliquée à concevoir, il y a beaucoup de détails et de nombreuses situations qui ne sont pas prises en compte. Elle est surtout très difficile à vérifier dans la réalité. » Les progrès réalisés sont selon le président de l’ANCGG, à mettre au crédit des chasseurs, qui seraient devenus davantage responsables au fil des années. « Les chasseurs sont très stressés à l’idée de créer un accident, cette responsabilisation juridique a été très positive. On a martelé aux organisateurs de chasse de souscrire à une assurance spécifique. » En France Lors d’un contrôle par les forces de l’ordre, les chasseurs doivent présenter en plus d’un permis de chasser valide, une attestation d’assurance valable.
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Le président de l’association rejette toute idée d’un renforcement du cadre légal actuel : visite médicale avant l’obtention du permis de chasse ou une gradation de l’utilisation des armes à feu. « Il ne faut pas en mettre en place trop de réglementations, on préfère la formation », prévient-il.
Schémas départementaux hétérogènes de gestion cynégétique
Patrick Chaize, rapporteur (LR) de la mission de contrôle, se fait l’avocat d’une harmonisation des schémas départementaux de gestion cynégétique, des schémas « hétérogènes » qui renforcent des pratiques locales. « On n’aurait pas intérêt à harmoniser les pratiques en un tronc commun ? », demande le sénateur. Chaque département établit un schéma local. La rédaction du texte est de la responsabilité de la Fédération Départementale des chasseurs en concertation avec les autres usagers de la nature du territoire.
Sur ce point, toutes les fédérations départementales de la chasse présentes autour de la table ronde ce mardi 8 mars au Sénat s’opposent à une harmonisation des pratiques et des règles notamment à une généralisation du tir à 30 degrés sur l’ensemble du territoire national. « La chasse doit s’adapter à ses territoires et aux départements », prévient le président de la fédération départementale des chasseurs de Haute-Savoie, André Mugnier. « Il y a déjà des règles dans les schémas départementaux de gestion cynégétique, je pense que si on identifie bien le gibier avant le tir et on effectue un tir fichant, déjà en appliquant ces deux règles fondamentales, les accidents diminueraient », souligne la présidente de la fédération de l’Isère, Danielle Chenavier. Le constat est le même pour les Hautes-Pyrénées, Jean-Marc Delcasso président de la fédération locale précise que la règle de tir à 30 degrés préconisée par l’ANCGG « est peut-être applicable en plaine mais pas en Haute Montagne. Il faut adapter la réglementation à son territoire. »
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Pour les présidents départementaux, la sécurité demeure une priorité des fédérations de chasseurs. « Il ne faut pas nier le caractère accidentogène de cette pratique », souligne le président de la fédération du Loiret, Alain Machenin. « Il faut qu’on affiche notre pratique, notamment en renforçant le panneautage. » La loi chasse du 24 juillet 2019, oblige les chasseurs à mettre en place de panneaux temporaires sur les chemins et les routes à la circulation publique ainsi qu’aux sentiers de randonnées balisés pendant la battue. Dans l’Isère, la fédération départementale des chasseurs a mis en place une application accessible sur téléphone informant les autres usagers de la nature des battues en temps réel, l’application affiche les zones sur une carte topographique. « Une politique de sécurisation d’une quelconque activité passe toujours par une intervention auprès de l’utilisateur qui menace autrui et ensuite on intervient auprès d’autrui pour qu’’il puisse comprendre les codes », souligne Patrice Sibut directeur de la fédération de l’Isère.