« On sait tous qu’on est sur ces sujets (comme) l’intelligence artificielle, tout ce qui est numérique, sur de l’angoisse profonde. Je ne vous dis pas qu’elle est infondée (…). Mais, on a tous en tête « Big Brother » ou « Minority Report », et du coup on est plutôt, aujourd’hui, le pied sur le frein. Je pense que nous avons tort ». Devant la commission d’enquête du Sénat sur la souveraineté numérique, cet après-midi, le ministre de l’intérieur s’est livré à une revue de détails « des défis pour notre sécurité numérique ».
Se voulant « provocateur » selon son terme (disons plutôt honnête), Christophe Castaner reconnaît pourtant que sur le sujet du numérique, il est « plutôt d’ancien monde ».
Attentat de Lyon : « Avec l’intelligence artificielle, 15 minutes après, on aurait su où était allé l’auteur présumé »
Attentat de Lyon : « Avec l’intelligence artificielle, 15 minutes après, on aurait su où était allé l’auteur présumé »
Un aveu qui ne l’a pas empêché de lister les défis pour son ministère en la matière, au premier desquels, l’intelligence artificielle. Sur cette technologie en plein essor, Christophe Castaner a indiqué que « le ministère de l’intérieur ne pouvait pas passer à côté de ce sujet-là ». Beauvau s’est d’ailleurs doté d’un coordinateur ministériel « visant à promouvoir l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein du ministère ». À titre d’exemple, le ministre s’est référé à l’attentat de mai dernier à Lyon devant une boulangerie. « Nous avons retrouvé l’auteur par le biais de l’examen de la vidéoprotection (…) L’évènement s’est passé un vendredi à 16h30 et nous avons identifié l’auteur le dimanche en fin de soirée (…) Il a fallu ce temps pour qu’une trentaine d’enquêteurs regardent image par image l’ensemble du réseau (…) Avec l’intelligence artificielle, logiquement, 15 minutes après, on aurait su où était allé l’auteur présumé de cet attentat » a-t-il affirmé en référence à la reconnaissance faciale. Une technologie qui, selon lui « peut faire débat », « mais qui peut être nécessaire à une meilleure enquête et à la protection des Français ».
Sur ces nouveaux outils, le ministre a enjoint les sénateurs « à ne pas avoir de pudeurs de gazelles, ni de tabous », « qui nous empêchent d’aborder les sujets ». « Par contre, il faut des outils de contrôle, des outils de régulation pour en garantir le meilleur usage » a-t-il pris soin d’ajouter.
En ce qui concerne l’identité numérique, « nous ne sommes pas en avance » a reconnu Christophe Castaner. Raison pour laquelle, à l’image d’autres pays comme l’Estonie, le ministère de l’Intérieur souhaite proposer « un parcours d’identification numérique universel pour faciliter considérablement les démarches des citoyens et appuyer la future carte d’identité numérique ».
« Aucun système n’est infaillible »
La sécurité des donnés est également au cœur des préoccupations de l’exécutif. « Nous avons pris des protections maximales. Nous assurons la propre maîtrise de nos centres d’exploitation informatique. Nous nous sommes dotés d’un cloud souverain pour héberger nos propres données sensibles. Nous avons créé une direction du numérique unique au sein de notre ministère » a-t-il détaillé avant de rappeler néanmoins qu’« aucun système n’est infaillible ».
Plus globalement, Christophe Castaner a appelé à une meilleure « hygiène cyber » pour toutes les administrations publiques comme privées. En matière de lutte contre le terrorisme, les géants du numérique, les GAFAM, ont été jugés « coopératifs » par le ministre de l’Intérieur. « Mais il y a toute une série d’autres opérateurs qui le sont beaucoup moins » a-t-il observé ne souhaitant pas les citer.
Enfin, Christophe Castaner a rappelé le chiffre de 4 500 enquêteurs au sein du réseau Cybergend (gendarmerie) avec pour objectif 6 500 à la fin du quinquennat.
Mardi 3 septembre, la commission d’enquête du Sénat poursuivra ses auditions avec la ministre de la Justice, Nicole Belloubet à 9H30, suivie de Florence Parly la ministre des armées, à 11H.