Sécurité sociale : le Sénat débute ses travaux sur un budget 2021 chamboulé par la crise sanitaire
La commission des Affaires sociales auditionne ce 7 octobre le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021. Les équilibres financiers du texte ont été bouleversés par la pandémie de Covid-19 et le Ségur de la Santé.

Sécurité sociale : le Sénat débute ses travaux sur un budget 2021 chamboulé par la crise sanitaire

La commission des Affaires sociales auditionne ce 7 octobre le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021. Les équilibres financiers du texte ont été bouleversés par la pandémie de Covid-19 et le Ségur de la Santé.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 ne ressemblera à aucun autre. En présentant fin septembre  les grandes lignes de ce texte annuel à la base des politiques de santé, le gouvernement en était conscient. Il s’agit de « l’un des exercices les plus singuliers depuis la création du PLFSS en 1996 », expliquait-il. Les travaux parlementaires débutent officiellement ce 7 octobre, jour de l'adoption du texte en Conseil des ministres, avec l’audition d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, et d’Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics, devant les deux chambres du Parlement. La nouvelle commission des Affaires sociales du Sénat, présidée par la sénatrice LR Catherine Deroche, va les entendre à 18h30.

Sans tenir compte des crédits liés à la crise de la Covid-19, l’objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) progressera de 6 % en 2021, soit 12,5 milliards de dépenses d’assurance maladie supplémentaires. En 2020, l’Ondam devrait augmenter de 7,6 %, sous l’effet des réponses à la crise sanitaire et d’une partie des engagements du Ségur de la Santé conclu cet été. Durant les années 2010, l’Ondam progressait chaque année à un niveau légèrement supérieur à 2%.

Ce PLFSS traduit les engagements du gouvernement pris dans le cadre du Ségur de la Santé, réuni pour répondre au malaise des personnels soignants. Il prévoit notamment 8,8 milliards d’euros de revalorisation salariale pour les personnels hospitaliers et les Ehpad sur la période 2020-2023. L’augmentation mensuelle de 90 euros par mois en septembre sera suivie d’une nouvelle revalorisation de 93 euros en mars 2021.

Plongeon du déficit du régime général en 2020

Aux mesures d’urgence liées à la crise, s’ajoutent des pertes importantes de recettes, notamment la chute de rentrée des cotisations sociales pendant le confinement. Alors qu’il se rapprochait de l’équilibre en 2018 et en 2019 (déficit à 1,9 milliard d’euros), le solde de la Sécurité sociale s’est brutalement dégradé en 2020. Le déficit du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse est attendu à 44,4 milliards cette année. Le redressement de la trajectoire des comptes sociaux sera long. En 2021, le déficit devrait se stabiliser entre 25 et 30 milliards, et ne devrait pas repasser sous la barre des 20 milliards les trois années suivantes.

Lors de l’examen du dernier texte social cet été (projet de loi relatif à la dette sociale et à l’autonomie), le Sénat à majorité de droite et du centre avait notamment insisté sur la nécessité de rendre le système de protection sociale français soutenable pour les générations futures, en plein débat sur l’amortissement de la dette sociale. Le Sénat avait notamment plaidé pour l’instauration d’une règle d’or, hors période de crise majeure (relire notre article).

La Cour des comptes appelle à agir pour sauvegarder la Sécurité sociale dans la durée

Ce 7 octobre, c’est la Cour des comptes qui a tiré la sonnette d’alarme sur la trajectoire budgétaire dans son rapport annuel, s’inquiétant de la pérennité de la Sécu. Pour rétablir l’équilibre financier, les magistrats recommandent notamment d’approfondir la réforme des groupements hospitaliers de territoire ou encore de simplifier le système de financement des hôpitaux, un aspect qui sera d’ailleurs abordé par le présent PLFSS. Plaidant pour une amélioration de « l’efficience de notre système de santé », les Sages de la rue Cambon poussent pour une meilleure régulation des prescriptions de dispositifs médicaux. Ils résument ainsi l’enjeu : il faut agir sur les « ressorts structurels de la dépense d’assurance maladie sans pour autant réduire la qualité de prise en charge des patients ».

Ils appellent également à « mieux cibler certaines dépenses de solidarité ». Selon eux, les minima de pensions indispensables aux petites retraites gagneraient à être « harmonisés » et « simplifiés ». Ils notent aussi que la branche famille de la Sécu a échoué à atteindre les objectifs de création de places dans les crèches, « malgré l’augmentation des financements », et à réduire les inégalités territoriales.

Avant la loi sur le grand âge et l’autonomie, ce PLFSS 2021 matérialisera aussi la mise en place de la cinquième branche de la Sécurité sociale, actée cet été par le Parlement. La politique de l’autonomie disposera de recettes qui lui sont propres.

Partager cet article

Dans la même thématique

Sécurité sociale : le Sénat débute ses travaux sur un budget 2021 chamboulé par la crise sanitaire
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Sécurité sociale : le Sénat débute ses travaux sur un budget 2021 chamboulé par la crise sanitaire
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le