« Ce décret sera pris, je l'ai d'ailleurs déjà mis en rédaction », a affirmé sur RTL, Ségolène Royal, ce vendredi.
Dès hier, Ségolène Royal avait mis en garde les administrateurs d’EDF qui « seraient tentés de remettre en cause leur décision du précédent conseil d’administration pour ajouter de nouvelles conditions ». La ministre de l’Ecologie souhaitait une décision favorable à la fermeture le la plus ancienne centrale nucléaire française.
Un vote au conseil d’administration est un préalable à la signature du décret de fin de mise en service. Le 24 janvier dernier, le groupe avait déjà donné son accord au montant de l’ indemnisation d’environ 500 millions d’euros consécutive à la fin de Fessenheim. Jeudi, à l'issue du conseil d'administration d'EDF, une demande d'abrogation d'exploiter la centrale est bien transmise à l'Etat. Mais il a obtenu que cette demande ne soit faite que dans les six mois précédant la mise en service de l'EPR de Flamanville, prévue au plus tôt à l'horizon 2019. Ségolène Royal assure, ce matin, que le gouvernement n'a pas à attendre qu'EDF lui transmette une demande d'abrogation d'exploiter la doyenne des centrales françaises pour prendre un tel décret. (voir la vidéo d'RTL)
Fessenheim: une centrale en sursi
Sujet vidéo de Sandra Cerqueira
Devant le siège du groupe, avenue de Wagram jeudi, plusieurs centaines de salariés étaient réunis à l’appel de l’intersyndical, CGT, CFDT, FO, CFE-CGC pour faire pression sur la décision du conseil d’administration. Car pour les manifestants, la fermeture de la doyenne des centrales, est une décision politique prise au détriment de l’intérêt économique. « C’est quand même une centrale nucléaire qui a été validée comme étant sûre par l’Autorité de Sureté de Nucléaire (…) donc il n’y a aucune raison technique de fermer Fessenheim aujourd’hui (…) La seule raison est une raison politique aberrante puisqu’elle repose sur un accord socialiste-Europe Ecologie les Verts qui date de 2012 » s’agace Thierry Raymond animateur du collectif nucléaire pour la Fédération mines-énergie CGT.
Plus de 2000 emplois directs et indirects sont concernés par la fermeture de Fessenheim. La promesse de reconversion dans le démantèlement de la structure ne convainc pas les premiers concernés. « On sait que mécaniquement, c’est diviser par trois ou par quatre le nombre d’emplois (…) et en plus c’est un changement de métier profond. Donc, c’est très compliqué en termes de reconversion pour les salariés » explique Laurent Heredia animateur de la branche Industries Électriques et Gazières (IEG) de la CGT.
Afin de tenir les engagements de la loi sur la transition énergétique qui plafonne les capacités de production nucléaire à leur niveau actuel (63,2 gigawatts), la fin de mise en service des deux réacteurs de Fessenheim doit coïncider avec l'entrée en service de l'EPR de Flamanville prévue dans deux ans.