Les longues semaines de négociation du Ségur de la Santé ont finalement pris fin. Ce lundi, des accords entre le gouvernement et trois syndicats majoritaires ont été signés à Matignon. La CFDT, FO et l’Unsa Santé ont accepté de parapher le texte prévoyant une revalorisation du salaire des personnels hospitaliers et des Ehpad. Dans les faits, les personnels paramédicaux et non médicaux ont obtenu une enveloppe de 7,5 milliards d’euros, entraînant une augmentation du salaire de 183 euros net mensuels. Dans une interview accordée ce dimanche à la presse quotidienne régionale, le ministre de la Santé, Olivier Véran a également indiqué la création de 15 000 postes. Les médecins hospitaliers, quant à eux, devraient bénéficier d’une enveloppe de 450 millions d’euros, permettant d’augmenter l’indemnité de « service public exclusif » versée aux praticiens s’engageant à ne travailler que dans les établissements publics. Cette indemnité passerait ainsi de 490 euros bruts par mois pour un temps plein à 1010 euros. Enfin, les internes et étudiants en médecine se sont vus accorder un budget de 124 millions d’euros, destiné à revaloriser les indemnités versées aux jeunes praticiens.
« Les mesures prises par le gouvernement ne sont pas à la hauteur de ce qu’attendait le personnel de santé »
Pour autant, les syndicats dans leur ensemble ne sont pas entièrement satisfaits de l’accord. Pour certains, la revalorisation de 183 euros serait insuffisante, compte tenu de la réclamation initiale des syndicats, dont le montant était porté à 300 euros mensuels. Autre point de crispation : l’intégration du secteur privé dans ce plan, alors que certains syndicats estiment que seul l’hôpital public devrait bénéficier du soutien budgétaire de l’Etat. Plus largement, les médecins et personnels hospitalier pointent du doigt un Ségur uniquement axé sur la revalorisation salariale, alors qu’il aurait fallu, selon eux, une réforme en profondeur du système hospitalier français. « Les mesures prises par le gouvernement ne sont pas à la hauteur de ce qu’attendait le personnel de santé », réagit la sénatrice communiste Laurence Cohen. « Le gouvernement ne fait pas du secteur de la santé une priorité. Il y a effectivement une somme mobilisée plus importante que ce que laissaient penser les premières annonces, mais lorsqu’on la met en perspective avec ce qui a été débloqué pour les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile (respectivement 15 et 8 milliards), cela me paraît insuffisant. »
« Globalement, on peut malgré tout se dire qu’une grande marche a été franchie », tempère Véronique Guillotin, médecin et sénatrice de Meurthe-et-Moselle. « C’est à saluer mais c’est aussi simplement une normalité qui se rétablit. On était tellement en retard sur le niveau des rémunérations, sur le statut des internes… il reste maintenant à se pencher sur les conditions de travail et la formation, qui sont deux sujets essentiels pour les années à venir. » Car pour beaucoup de membres du corps médical, le Ségur de la Santé n’a pas fait le tour des sujets sensibles, et un certain nombre de dossiers restent à aborder. « L’accord sur les rémunérations est un accord significatif, avec un effort réel », commente le sénateur et médecin Bernard Jomier. « Mais le Ségur de la Santé n’était pas seulement celui de la rémunération. On attend de voir ce qui va se passer sur la gouvernance, sur le parcours de soins, sur les missions et les organisations des hôpitaux. Il reste beaucoup de sujets à aborder et j’attends personnellement la suite du Ségur de la Santé. »
Jean Castex pointe du doigt « un effort historique »
« Il y a un effort indéniable sur la revalorisation, mais cela ne satisfait pas l’intégralité des personnels, puisque les jeunes médecins semblent assez mécontents », soutient Catherine Deroche, sénatrice LR de Maine-et-Loire. Il était nécessaire, tant dans le public que dans le privé, de revaloriser les salaires si nous souhaitions que ces métiers gagnent en attractivité. Toutefois, il faut porter un regard attentif aux revendications des internes et des jeunes médecins, qui sont la pierre angulaire de notre système de santé. »
Le gouvernement, pour sa part, s’est félicité des avancées obtenues grâce à la signature de ces accords. Dans une prise de parole qui a suivi les signatures, le premier ministre, Jean Castex a salué un « effort historique » qui se voulait « une reconnaissance considérable à l’égard de celles et ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre cette épidémie. » « Cet accord, majoritaire, je le précise nous rappelle que dans une démocratie nous avons toutes et tous à gagner au dialogue social » a poursuivi le premier ministre avant de conclure : « L’objectif recherché est que ces accords nous permettent de mieux travailler, non seulement dans les hôpitaux mais dans les territoires de santé en travaillant mieux en complémentarité public/ privé. » Une prise de parole symbolique, veille du 14 juillet où un hommage sera rendu aux personnels soignants, pour saluer leur mobilisation sans précédent au cours de la période de pandémie.
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