Des experts ont planché sur le maintien de l’ordre, au ministère de l’Intérieur toute la journée du lundi 17 juin. Ce séminaire s’est déroulé sur fond de polémique autour des « violences policières ». L’expression même faisant débat, car rejetée par Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur ou bien Brigitte Jullien, la cheffe de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), alors que des centaines de signalements ont été faits lors des manifestations des « gilets jaunes » et que des enquêtes judiciaires sont en cours.
« Mieux vaut tard que jamais » réagit Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, en parlant de l’organisation de ce séminaire. Le journaliste regrette sa composition « un petit peu décevante », « parce que pas assez large ». « Ce qui a explosé cette année en matière de gestion extrêmement brutale de l’ordre public en termes de manifestations, est connu depuis longtemps - au moins depuis 2016 - (…) et ce travail aurait pu être fait avant. Je le déplore beaucoup » ajoute-t-il.
De son côté Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police, souhaite que ce séminaire soit le début d’une réflexion qui doit englober « les policiers et les gendarmes » sur le terrain : « Si c’est l’ouverture de discussions à venir par le biais d’un grand séminaire, pourquoi pas. Moi, je m’en félicite. Cela fait six mois que je demande à ce qu’on adapte le maintien de l’ordre (…) Cela fait six mois que je demande à ce que des policiers qui ne sont pas des CRS et qui sont intervenus sur le théâtre des manifestations des « gilets jaunes », puissent avoir une formation initiale et continue sur le maintien de l’ordre. Mon organisation syndicale Alternative Police appartient à la CFDT, CFDT qui a fait une tribune ce week-end avec d’autres syndicats sur comment réinventer la police. Mais pour réinventer la police, il faut faire participer les acteurs de terrain que sont les policiers et les gendarmes. Puisque seul un vrai retour d’expérience de ce que l’on a vécu au quotidien permettra de ne pas se tromper dans les solutions qui vont être présentées par le politique dans quelques semaines ou quelques mois. »
Marion Guémas, responsable du programme police-justice de l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, estime également qu’un séminaire ne suffit pas : « J’espère que ce n’est que le début d’une concertation. Parce que quelques heures sur une journée avec des personnes sur lesquelles on peut s’interroger, cela paraît un peu court. Les résultats devraient être publiés d’après ce qu’a dit Christophe Castaner. Donc on espère que ce sera le cas. Mais je suis un peu sceptique sur ce qu’un séminaire d’une journée, vu l’ampleur du sujet, peut effectivement donner. »
Vous pouvez voir et revoir ce débat, en intégralité :
OVPL. Débat sur le séminaire "maintien de l'ordre" au ministère de l'Intérieur (en intégralité)