Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.
Sénatoriales 2023 à Paris : Rachida Dati candidate sur la liste LR, Pierre Charon prépare « une surprise »…
Par François Vignal
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Cela s’appelle pousser la liste. Rachida Dati, leader de l’opposition municipale à Anne Hidalgo, à Paris, est candidate aux élections sénatoriales du 24 septembre prochain. L’ancienne ministre de la Justice n’a pas décidé de laisser tomber la mairie du VIIe arrondissement, puisqu’elle ne figure qu’à l’avant dernière place de la liste LR conduite par la sénatrice sortante Catherine Dumas. La treizième place qu’elle occupe n’est évidemment pas éligible. D’autant que la capitale compte 12 sièges et la tête de liste LR mise sur l’élection de « trois sénateurs, peut-être quatre. Mon objectif est d’en faire quatre. Et franchement, c’est possible », croit Catherine Dumas.
« Le symbole est évident avec la présence de Rachida Dati. C’est notre présidente de groupe au Conseil de Paris et elle s’est beaucoup investie. Elle voulait être absolument sur cette liste. Et Jean-Pierre Lecoq, maire du VIe, occupe la dernière place. Tous les deux, c’est symboliquement très fort. Ça montre notre unité, que tout le groupe est avec la liste », souligne Catherine Dumas.
« Se mettre en ordre de marche pour conquérir Paris »
Comme l’avait officialisé la commission nationale d’investiture LR avant la pause estivale, la seconde place est occupée par le maire du XVIe arrondissement de Paris, l’avocat Francis Szpiner, qui avait soutenu le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, pour la présidence des LR. Marie-Claire Carrère-Gée, conseillère de Paris du XIVe et ancienne secrétaire générale adjointe de l’Elysée sous Jacques Chirac, occupe la troisième place, Jean-Baptiste Olivier, conseiller de Paris du XIIIe, la quatrième position. De quoi couvrir les arrondissements « de la reconquête parisienne ». Car avec cette liste composée aussi de candidats « d’horizons différents », marqués par le « rajeunissement », vante la tête de liste, l’idée est de « préparer l’avenir et la reconquête de Paris. C’est faire le job aux sénatoriales 2023 et, en 2026, la reconquête de Paris avec Rachida Dati », lance Catherine Dumas.
Si l’élection sénatoriale est éloignée du grand public, avec son scrutin indirect et la particularité du mode d’élection parisien par les conseillers de Paris, la droite veut en faire la première brique pour la suite. « Le nombre de sénateurs que je ferai est très important pour donner une impulsion, ce sera une force politique pour se mettre en ordre de marche pour conquérir Paris », soutient la sénatrice LR sortante, qui espère décrocher un sénateur de plus. « Il y a un siège qui peut se balader. En raison du mode de scrutin à la plus forte moyenne, le dernier siège sera distribué entre l’une des deux plus grandes listes, ma liste et celle d’Anne Hidalgo (la liste PS-EELV-PCF menée par Rémi Féraud, ndlr) », calcule Catherine Dumas.
Une droite à nouveau divisée
Mais ce plan n’est pas sans accroc. Car comme de coutume, ou presque, dans la capitale, la droite part divisée. La liste officielle de Catherine Dumas fait face à celle de Pierre Charon. Lui aussi sénateur LR sortant, il n’a pourtant pas reçu l’investiture de son parti, qu’il demandait. S’il n’est plus conseiller de Paris – ce que rappelle à chaque fois Catherine Dumas – il a annoncé en juillet dernier le lancement de sa liste dissidente. Et assure pouvoir faire son siège. Ce proche de Nicolas Sarkozy peut compter sur des soutiens chez les LR. Il pourrait lorgner aussi du côté de la majorité présidentielle, pour trouver le nombre de voix nécessaires. Comme un macroniste le confiait à publicsenat.fr dès le 20 juin dernier, « il est plutôt bien vu du côté du Château (l’Elysée, ndlr) et du président de la République lui-même, avec qui il a de bonnes relations ». Il arrive même à Pierre Charon de faire partie des visiteurs du soir d’Emmanuel Macron…
Renaissance a pourtant son candidat, avec le sénateur sortant Julien Bargeton. Mais la majorité présidentielle n’a que 11 conseillers de Paris (6 du groupe Les indépendants et progressistes et 5 du groupe Modem), quand il en faut 13 pour assurer un siège de sénateur. Sur le papier, ce n’est pas suffisant. De quoi peut-être échafauder quelques scénarios.
Pierre Charon annonce une liste « sans aucun élu »
« Il n’a pas de voix », répète de son côté Catherine Dumas, qui pointe une vaine opération. Sera-t-il alors bien candidat jusqu’au bout ? « Vous rigolez j’espère », lance Pierre Charon, imitant presque Jacques Chirac, qu’Arlette Chabot interrogeait en 1995 sur sa candidature à la présidentielle. A moins de quatre semaines du scrutin, Pierre Charon est bien décidé. Il n’a pas changé d’avis et prépare même… « une liste antisystème ». Comprendre, sans politique, à part lui. « Il n’y aura aucun élu sur ma liste. C’est la seule liste en France où il n’y en aura aucun. Ce seront des membres de la société civile, aucun membre de parti, des antiquaires, des dentistes, des jeunes parents. Et la seconde de liste sera une surprise, toujours non élue et très médiatique », lâche le sénateur sortant, sans en dire plus pour l’heure.
Une liste sans élu, faute de pouvoir en avoir ? L’intéressé assure que non, qu’il dispose toujours d’appuis dans la capitale. Il donne rendez-vous le « 24 septembre, pour le résultat », et ne cache pas sa détermination, nourrie par sa non-investiture, qui reste difficile à digérer :
Il note au passage que Rachida Dati « n’est pas sur la photo » rassemblant les candidats de la liste officielle.
« Pierre Bournazel est un ami de longue date »
Ira-t-il chercher des voix macronistes ? « Ce n’est pas mon objectif », assure le fidèle sarkozyste, « moi je suis LR. Pour l’instant, mon socle se trouve au sein du groupe Changer Paris. Mais si des gens se sentent orphelins dans les partis de la majorité présidentielle, dès lors que je n’ai pas l’investiture, ils sont les bienvenus ». Pierre-Yves Bournazel, responsable des élections d’Horizons, parti d’Edouard Philippe, et dont le nom était évoqué un temps pour l’investiture macroniste, connaît bien le sénateur sortant. « Pierre Bournazel est un ami de longue date », glisse Pierre Charon. Il a été en 2011 son directeur de campagne et son colistier. Lors des municipales 2014, Pierre Charon est le seul parlementaire à le soutenir pour la mairie de Paris face à NKM. Forcément, ça crée des liens.
En cherchant à rassembler plus large, Pierre Charon, qui peut compter aussi sur le soutien de Nicolas Sarkozy, présente au final sa liste non pas comme dissidente, « mais comme une liste complémentaire », notamment en vue des municipales 2026 pour Rachida Dati, qui devra aussi aller chercher les électeurs macronistes pour espérer l’emporter.
Agnès Evren peut espérer faire son siège
Agnès Evren fera peut-être moins de calculs. L’eurodéputée LR mènera aussi sa propre liste dissidente. Celle qu’on attendait dans un premier temps sur la liste officielle s’est vue évincée. Elle a néanmoins présenté une liste de grands électeurs – ce qui n’est pas le cas de Pierre Charon. Avec 16 grands électeurs qui la suivent, Agnès Evren peut faire son siège sur le papier. Quant à Céline Boulay-Espéronnier, sénatrice sortante élue en 2017 derrière Philippe Dominati, elle nous annonçait en juillet dernier vouloir aussi se lancer. Il faudra voir si elle ira au bout. Les candidats peuvent déposer officiellement leurs listes à partir du lundi 4 septembre et jusqu’au vendredi 8 septembre, 18 heures. Catherine Dumas compte déposer la sienne dès « lundi ».
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