Le groupe écologiste sort conforté des élections sénatoriales de ce dimanche. Avec l’entrée de cinq nouveaux sénateurs Europe Ecologie Les Verts (EELV), il fait partie de ceux qui progressent le plus. Après une disparition entre 2017 et 2020, en l’absence des dix élus nécessaires à la constitution d’un groupe politique, les écologistes étaient revenus en force au Sénat en septembre 2020 sous l’effet des élections municipales où le parti avait réussi à conserver ou conquérir une vingtaine de mairies de grandes villes.
Carton plein à Paris
« Notre progression montre que le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires a su s’installer et trouver sa place depuis trois ans. Et le fait que ça se passe au Sénat montre l’implantation de l’écologie dans les territoires », se réjouit Guillaume Gontard, réélu dimanche et président du groupe. Il sait d’ores et déjà qu’il va pouvoir compter sur l’arrivée de deux sénatrices et un sénateur élus à Paris : Antoinette Guhl, élue à la mairie du 20e arrondissement et vice-présidente de la Métropole du Grand Paris, Yannick Jadot, député européen et ancien candidat à la présidentielle ainsi qu’Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris.
Tous les trois figuraient sur la liste d’union entre le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF) et EELV dans la capitale. « Faire trois sièges à Paris, c’est historique », souligne Thomas Dossus, sénateur EELV du Rhône. Malgré la perte d’un siège à deux voix près dans les Hauts-de-Seine et à cinq voix dans le Nord sur fond multiplication des candidatures, dans le groupe, la conclusion de listes communes avec les autres formations de gauche présentes au Sénat est saluée. « L’accord a permis de faire élire plus de sénateurs que s’il n’y avait pas eu d’accord », appuie Mélanie Vogel, sénatrice des Français établis hors de France. Parmi les douze sénateurs de sa circonscription, une deuxième écologiste a été élue hier soir. Mathilde Ollivier devient ainsi la plus jeune parlementaire de la chambre haute.
« Le fait qu’on soit deux, c’est le reflet de notre ancrage auprès des Français de l’étranger. Nous avions fait de bons résultats aux élections consulaires, j’espère que nous ferons encore mieux en 2026 », espère Mélanie Vogel. Avec Ghislaine Senée, élue dans les Yvelines, « un département pas simple pour la gauche » dixit Thomas Dossus, EELV envoie quatre élues au Sénat. Il devrait donc y avoir a minima sept sénatrices au sein des écologistes. « On féminise et on rajeunit le groupe ! Nous étions malheureusement très loin de la parité, mais là, on s’en approche », se satisfait Mélanie Vogel. Il faudra maintenant attendre la composition définitive du groupe.
Tentative d’élargissement du groupe
Comme les autres organisations politiques, les Verts tentent de ramener des élus divers gauche et régionalistes dans leur giron. Guillaume Gontard confirme que des discussions sont en cours avec Akli Mellouli, élu sénateur du Val-de-Marne dans une circonscription où il a pu bénéficier de certaines voix écologistes, le sénateur sortant Daniel Breuiller ne se représentant pas.
D’après les informations de publicsenat.fr, des discussions sont également en cours avec Robert Xowie, élu sénateur en Nouvelle-Calédonie. L’indépendantiste s’était d’ailleurs imposé contre la secrétaire d’Etat loyaliste Sonia Backès. L’élu calédonien est aussi très courtisé par d’autres groupes. Mais, les écologistes ont déjà sur leurs bancs le nationaliste corse, Paul-Toussaint Parigi. EELV a toujours défendu les régionalismes au sens large. Enfin, Grégory Blanc, ancien PS, élu sénateur dans le Maine-et-Loire pourrait également rejoindre les écologistes.
Bataille pour la présidence
Du nombre de sénateurs du groupe écologiste dépendra son poids au Palais du Luxembourg et ainsi la répartition des postes au bureau du Sénat. S’ils arrivaient à dépasser les 17 sièges du groupe communiste, ils pourraient prétendre à un poste de vice-président pour lequel Mélanie Vogel pourrait être intéressée, souffle un sénateur du groupe. La sénatrice des Français de l’étranger ne briguera pas, en tout cas, la présidence des écologistes. « Ce n’est pas compatible avec mes responsabilités puisque je suis aussi présidente du parti vert européen », explique-t-elle.
De son côté, Guillaume Gontard confirme être toujours intéressé pour poursuivre à ce poste. Lui qui n’est pas encarté chez EELV reste prudent : « On décidera de cela collectivement, mais avant la phase du bilan de notre action me paraît indispensable ». Néanmoins, le sénateur de l’Isère « plaide toujours pour un temps long. Trois ans c’est court, on en a encore besoin de travailler et affirmer nos propositions ». L’autre prétendant au poste de président est Thomas Dossus. Le sénateur du Rhône préfère insister sur l’entente au sein du groupe plutôt que sur ses différences avec Guillaume Gontard : « Je suis issu de la vague verte de 2020, lui d’un territoire rural. Mais ce ne sera pas l’un contre l’autre. On discutera ensemble de l’incarnation à donner au groupe ».
En attendant la première réunion de travail des écologistes prévue mardi 26 septembre, une sénatrice du groupe s’étonne : « Moi je trouverais absolument naturel qu’on poursuive avec Guillaume Gontard. J’ai été un peu étonnée que la question soit posée. Il a fait du bon boulot, il a été un très bon président, après un début où le groupe avait été divisé. Et un président de groupe, c’est au moins 6 ans ».
(Avec François Vignal)