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Sénatoriales à Paris : EELV écarte Alice Coffin, qui dénonce « une absence de démocratie » et une décision « immonde »

La militante féministe et antiraciste dénonce les conditions du vote consultatif des militants, qu’elle juge « manifestement bidon ». Les instances nationales d’EELV ont préféré retenir pour les sénatoriales à Paris Antoinette Guhl, Yannick Jadot et Anne Souyris. Un vote interne doit encore valider la liste.
François Vignal

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Elle n’a pas obtenu gain de cause. Alice Coffin, qui espérait être retenue sur la liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pour les sénatoriales à Paris, ne le sera pas. Les instances nationales du parti ont réservé les trois premières places de la liste à Antoinette Guhl, suivi de l’ancien candidat à la présidentielle d’EELV, Yannick Jadot et de Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris en charge de la santé publique. Seules les deux premières places sont théoriquement éligibles pour les écologistes.

Ce n’est pas encore officiel. Mais pour la capitale, c’est le seul scénario qui a été arrêté et proposé hier par le conseil fédéral du parti, comme l’a révélé ce matin Politico, ce que confirme à publicsenat.fr un dirigeant d’EELV. La liste est maintenant soumise au vote des conseillers fédéraux jusqu’à samedi minuit.

Arrivée seconde d’un vote consultatif, elle revendiquait la première place

Alice Coffin était arrivée seconde (du collège femme), lors d’un vote consultatif des militants parisiens, à seulement 8 voix près d’Antoinette Guhl, candidate soutenue par la direction, tout comme Yannick Jadot. Anne Souyris était arrivée troisième.

La militante féministe a rapidement contesté la bonne tenue des opérations de vote, notamment « une énorme panne informatique, avec des gens qui ne pouvaient pas voter », avait-elle dénoncé sur publicsenat.fr. Dans ces conditions, elle revendiquait une place éligible, en l’occurrence la première, réservée à une femme. Malgré un recours, déposé auprès du parti, les instances nationales n’ont pas voulu faire de place à celle qui n’a par ailleurs pas sa carte à EELV. Ses critiques faites ouvertement n’auraient pas arrangé les choses. « Les propos qu’elle a tenus publiquement mettant en cause la procédure de vote consultatif n’ont pas été jugés constructifs par les militants », glisse un responsable d’EELV.

La secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, est revenue sur cette décision dans un entretien à La Nouvelle République. « Je peux comprendre qu’elle soit déçue de ne pas avoir été désignée, mais la démocratie interne prévaut. Elle dépend du vote des militants, qui ne l’a pas placée en première position, puis de la commission permanente électorale qui s’attache respecter différents critères, avec peu de places éligibles. Cette commission a fait son travail, avec des gens de sensibilités différentes, qui ont donné leur avis », affirme la numéro 1 du parti.

« Les partis jouent un rôle massif de verrou »

Alice Coffin a en réalité déjà annoncé, il y a trois jours, dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, qu’elle n’était pas retenue sur la liste. Dénonçant une « absence de démocratie », elle le ne mâche pas ses mots. Elle en profite pour expliquer « comment les partis jouent un rôle massif de verrou, dans la société. […] Il se rejoue dans les partis politiques les mécanismes de domination, de violence, destinés à éliminer certaines personnes, les mêmes en fait que l’extrême droite brutalise et veut faire disparaître, et c’est bien ça qui est problématique », soutient Alice Coffin.

« On est sous le choc face à la façon dont ces choses-là se décident, dans un mélange d’absence de transparence, de stratégie hégémonique et de petits arrangements. On va de sidération en sidération, avec des fous rires parfois, tellement c’est assez immonde en fait », lance même cette proche de Sandrine Rousseau, qui répète que « ce scrutin a connu de grave dysfonctionnent ». Or ces « dysfonctionnements sont dissimulés, ils sont tus », selon Alice Coffin. Et d’en conclure :

 Ce vote consultatif était manifestement bidon. 

Alice Coffin

« Qu’est-ce que ce délire ? »

Si elle assure qu’il n’y a « rien de perso » contre lui, elle regrette la logique d’investir Yannick Jadot et pointe au passage « l’idée, qui est d’envoyer ce candidat perdant aux présidentielles, pour mieux préparer les municipales en 2026. Cela m’a été expliqué comme tel par des responsables du parti. Mais qu’est-ce que ce délire ? » Sûrement de la politique, dans ce qu’elle a de plus classique et déjà vu dans d’autres formations.

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