L’Eure, en Normandie, est un département très rural, avec des centaines de petits villages. La moitié des communes comptent moins de 500 habitants. Pour les candidats à l’élection sénatoriale du 27 septembre 2020, il s’agit donc de rencontrer un maximum de maires de ces petits bourgs.
Auprès des édiles, Hervé Maurey, l’un des trois sénateurs sortants fait principalement campagne sur son bilan. Il rappelle que les sites spécialisés le classent comme l’un des sénateurs les plus actifs de cette législature. Comme à chaque élection sénatoriale, la discussion avec les maires tourne essentiellement autour la défense de la ruralité.
Une « trahison » qui passe mal
Mais cette année, une autre question préoccupe les maires. Hervé Maurey doit régulièrement expliquer à ces élus des petites communes que sa colistière de 2014, la sénatrice LR Nicole Duranton a choisi de faire campagne avec Sébastien Lecornu. L’actuel ministre des Outre-mer est un des hommes forts du département de l’Eure.
Ce ticket commun entre élus LR et LREM fait grincer des dents Hervé Maurey. Le centriste explique : « Il était inenvisageable pour moi d’aller sur une liste En Marche car je ne suis pas membre de La République en Marche. J’appartiens à la majorité sénatoriale du président Larcher et il n’était pas question pour moi de trahir. On est dans un département où il y a beaucoup de retournements de veste. J’appelle cela 'l’association des girouettes de l’Eure’, on a beaucoup connu cela avec M. Le Maire, avec M. Lecornu. Maintenant avec d’autres candidats. Moi, je ne fais pas partie de cette amicale. Je reste donc sur ma ligne. »
Sollicités par Public Sénat, Sébastien Lecornu et Nicole Duranton n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
Une surprise venue de la gauche ?
Cette division des voix entre les deux listes peut-elle faire élire un candidat surprise, venu de la gauche ? Timour Veyri y croit dur comme fer. Cet élu municipal d’opposition à Évreux vient du Parti socialiste. Lui aussi, il enchaîne les rencontres avec les élus municipaux, conscient que les tensions à droite pourraient lui être favorables.
Mais l’Eure est un département traditionnellement acquis à la droite. En 2014, il avait manqué une quinzaine de voix au candidat socialiste pour l’emporter. Il reste encore 18 jours au candidat pour sillonner le département normand afin de rencontrer un maximum les maires des petites communes… et compenser son manque de notoriété auprès des grands électeurs.